samedi 2 octobre 2010

Mike Brant m'a tuer

 (ou presque)
Désolé pour l’orthographe


1973, année du bon goût

  
J’avais dix-sept ans et j’arborais une coupe de cheveux qui aurait pu me faire embaucher comme roadie chez Magma.   

Alors que j’avais un look à coucher avec la petite sœur de Janis Joplin, je n’avais rien trouvé de mieux que de sortir  avec une fille qui faisait partie d’une bande de minets qui écoutaient du Claude François vissés dans leurs futals à poutre apparente surmontés de leurs pulls trop courts reproduisant le motif en losange de l’huile Lesieur.

Mes copains ne comprenaient pas pourquoi un gars aussi cool que moi, en jean's troués et veste des surplus de l’armée sortait avec ce genre de fille. Ils ne connaissaient pas mes vraies motivations : Marie-Thérèse avait de beaux yeux verts et une vraiment grosse paire de seins.

A cette époque, il y avait déjà la pilule et pas encore le SIDA ; ça aurait dû être la fête du sexe. Eh bien non, les filles n’étaient pas plus faciles qu’en 1940 et elles avaient des mères qui veillaient sur leur virginité. Et celle de Marie-Thé  était du genre Pitbull. Ma copine, j’avais un mal d’enfer à la voir et c’était la plupart du temps dans des lieux publics, au milieu des copains et toujours l’après-midi.

Un jour pourtant, elle m’annonça que nous allions enfin pouvoir passer une soirée ensemble. En effet, elle avait pu avoir une permission exceptionnelle pour assister à un concert de Mike Brant qui devait avoir lieu prochainement au Parc des Expositions.


Horreur !  Qu’allaient penser de moi les copains ? Qu’allait dire de moi mon amie Josette qui m’avait fait découvrir Jethro Tull et les premiers albums de Pink Floyd ? Tant pis, une soirée en amoureux, ça n’a pas de prix !

J’avais rendez-vous à l’entrée du Parc Expo car il n’était pas question de me pointer chez Cerbère avec ma dégaine de hippie au rabais. De toute façon, Marie-Thérèse avait prévu de faire une bouffe avec ses copines et de me rejoindre ensuite au concert.

Une fois arrivé sur place, je décidai d’aller attendre à l’intérieur, histoire de ne pas trop cailler dehors. Ma copine n’arrivait pas … le concert commença et je vis avec horreur Mike Brant, le vrai, se mettre à chanter ses roucoulantes propres à faire exploser les ovaires de n’importe quelle midinette. Le gars était plutôt beau mec et semblait assez sympa mais il représentait tout ce que j’abhorrais en musique. C’était pire que d’écouter de l’accordéon musette, pire que Georges Jouvin et sa trompette d’or !

Marie-Thérèse n’arrivant toujours pas, je quittai la salle au bout d’une heure, la soirée se terminant par un  bal populaire. Too much pour moi !

Alors que j’allais enfourcher mon solex pour regagner mes pénates, je tombai sur Marie-Thé et sa bande qui arrivaient de leur bouffe qui avait tourné en eau de boudin. Des gars étaient venus avec des bouteilles et les filles étaient bourrées. Marie, qui n’avait pas l’habitude de l’alcool, me regardait de cet œil vitreux que je revis bien des années plus tard sur la face de l’expressif inspecteur Derrick.

Le concert, c’était cramé, le bal, il aurait fallu que les filles tiennent debout. Il ne nous restait plus qu’à finir la soirée dans les bagnoles des copains qui avaient véhiculé la viande saoule.

C’est ainsi que je me suis retrouvé à l’arrière d’une 4 L avec ma petite amie. Comme à l’avant, sa copine Anita se faisait  tripoter sévère par son amoureux, je ne trouvai rien de mieux à faire que de m’attaquer au Playtex de Marie, découvrant ainsi le fait que métallurgie et sous-vêtements avaient des choses en commun.

Je sentais bien que ma copine n’était pas dans son assiette, ne serait-ce qu’au niveau de l’haleine. J’avais l’impression de rouler des pelles à une vésicule biliaire.

Arriva ce qui devait arriver, la pauvre ouvrit précipitamment la portière de la voiture et vomit ses tripes sur le sol du parking. Galoches et tripotages étaient finis, il fallait ramener la malade à la maison. Le copain d’Anita s’essuya les mains sur son pattes d'eph et prit le volant. Je regardai la voiture s’éloigner, juché sur mon solex. J’avais l’air d’un con.

J’avais puisé dans mon maigre argent de poche pour assister à un tour de chant d’un artiste que je détestais presque autant que Sheila et Ringo et j’avais continué cette soirée de merde en tripotant une fille raide pétée. La classe !

 Laisse les gondoles à Veniiise !

Pas question de raconter cette aventure de nase aux copains. J’avais trop la honte !

Marie-Thérèse eut le bon goût de me larguer quelques semaines plus tard. Elle s’était aperçue avant moi que je lui allais aussi bien qu’une paire de pompes à une sirène.

Deux ans plus tard, Mike Brant, tomba du sixième étage d’un immeuble parisien. Je jure que je n’y étais pour rien.


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