samedi 30 juin 2012

Trail des Intrépides 2012

 Ecouves vue du Mont des Avaloirs (Wikipedia)

Le Pays de Pail est, en quelque sorte, le concurrent direct du Pays d'Ecouves. En effet, les deux points culminants de ces régions distantes d'une vingtaine de kilomètres (Mont des Avaloirs et Signal d'Ecouves) ont été longtemps à égalité sur le podium des plus hauts sommets du Grand Ouest (417m).

Mais, voilà t'y pas qu'un géomètre, certainement mayennais, a chafouinement effectué une nouvelle mesure minorant les Avaloirs à 416m mais surtout rejetant Ecouves à l'infâme altitude de 413m. Les Lutins de la forêt de Pail en firent tout un foin !

Il n'en fallait pas plus pour que les tribus locales s'étripassent avec ardeur et application. Durant des années, nous croisâmes plus le fer que les verres malgré la médiation des tribus de Multonne qui, quoique mayennaises, comportaient de nombreux métis issus de mariages mixtes avec des Ornais.

Autre époque, autre génération, les choses finirent par se tasser et ce dimanche, je fus envoyé par le Mustang, (pro)éminent membre de mon club (A3Alençon) en ambassade au trail organisé par l'Intrépide de Pré en Pail.


Cinquante-cinq personnes sur la ligne de départ, boudiou, on n'est pas nombreux mais nom de d'là, y'a qu'des solides à v'nir courir à c't'heure !

Bon, j'arrête de parler local, mais tout d'même, les Mayennais, c'est pas des mous quand ils démarrent. Hé les gars, y'a 24 bornes à tirer !
 
Photo organisation

Pris dans le flux et dominé par mon instinct de Lutin prédateur, je démarre à une allure pas raisonnable...


Si, si, vous avez bien compté, je suis dixième (et à 13 km/h), mais nous sommes dans le premier kilomètre et malgré mes 56 énormes berges, je ne me reconnais plus dès que je flaire le goût du sang. Le problème, c'est qu'il s'agit du mien...

Bon, après une pointe à plus de 14 à l'heure, je me stabilise et j'engage la discussion avec un type fort sympa habillé en blanc qui chemine ardemment devant moi depuis un moment. J'en viens à parler de mes projets de la saison prochaine en évoquant le marathon des Ecluses.

"Super souvenir pour moi, qu'il me dit, c'est là où j'ai fait mon meilleur temps, 2h51min !
- Ah ouais quand même, que je lui réponds, bon, ben je vais te laisser un peu ; je ne suis pas trop fort en montée... on se revoit plus tard !"

Et là, je sors les aéro-freins pour souffler un peu. Manquerait plus que j'explose à nouveau sur un trail d'une vingtaine de bornes comme à Ménil Hubert !


Cela dit, je ne chôme pas et chemine bon train dans une nature légèrement humide mais nonobstant fort avenante.

Le parcours du 24 km a la forme d'un spermatozoïde et débute par un flagelle comportant une double côte. Si le dénivelé positif est modeste (500m) et les pentes modérées, le fait que l'on puisse les monter en courant tire un peu sur le bestiau car elles sont longues à défaut d'être brutales, les côtelettes mayennaises !


Nonobstant la vitesse moyenne un peu trop élevée pour un vieillard cacochyme tel que moi, on se croirait presque en promenade tellement la nature est avenante et l'ambiance bucolique ; cependant, dans bucolique, il y a colique et à ce niveau, j'ai déjà douloureusement donné donc je me concentre derechef sur mon rythme et mes appuis comme au début de l'épreuve pour éviter toute dispersion psychologique ou gastro-entérologique, d'autant plus que j'aperçois dans la nature qui m'environne des signes qui ne trompent pas :


Peu après, j'aperçois JMF, trailer mais aussi journaliste, qui me prend en photo en me disant que je suis 6 ou 7ème de la course. Sur le coup, je pense que le gars a trop sniffé l'encre de son journal et je me mets à grimper tranquillement la longue déclivité qui constitue la première partie de ce qui constitue la tête du spermatozoïde.

Photo JMF

A un moment, je me fais doubler par deux gars d'Champfrémont que je connais bien pour les avoir vu évoluer en cross. Sur le coup, j'ai bien envie de les suivre mais je sais que ces gars sont des solides et que j'ai peu de chances de leur coller au caleçon...


Grand bien m'en fasse, la grimpette dans la forêt est plutôt cossue et j'ai bien du mal à ne pas marcher.


Malgré une descente aussi rapide que lutinesque, je perds quelques places en abordant le retour sur la queue du gamète.

Vertudieu ! Coup sur coup, je me fais décoiffer par des bolides qui volent dans les côtes. Je n'y comprends goutte ! Je pensais que mon rythme restait convenable quoique moins mordant. A ce stade, les types derrière moi devraient être plus ramollis de la patte et s'abstenir de me passer comme si j'étais un gastéropode à l'agonie !  Décédé-je sans m'en apercevoir ?

L'explication m'en est rapidement donnée par un des excités de la foulée : la tête de course a, dès le début, lors d'un tortillon du flagelle spermatique, perdu son chemin et effectué trois ou quatre kilomètres supplémentaires. Voilà pourquoi ils me doublent maintenant à cette allure de bisons furax et voilà pourquoi JMF m'avait, à sa grande surprise, vu dans le top 10 de l'épreuve.


Lors d'un court passage sur route, je me fais rattraper par le Titi61, un Kikou local qui me semble bien avoir sérieusement affiné sa silhouette comme si on lui avait ôté un os ou deux. Malgré ses encouragements, je ne le suis pas, un peu poutré que je suis et n'ayant pas la fibre killeuse en ce beau matin gris et paisible. Titi, j't'aurai plus tard !


Retour dans la queue du spermato pour la fin du trail. Belle grimpette et descente vers l'étang où se situe l'arrivée. Michel, coutumier des podiums et dernier du groupe des égarés me dépose à trois cents mètres de l'arrivée. J'aurai au moins eu le privilège de finir une course juste derrière lui.


Pris dans l'ambiance sympathique et détendue de ce trail dont les bénévoles sont les jeunes du club assistés de leurs familles, je termine tranquillement l'épreuve en pensant déjà au repas dominical et à ma réhydratation future à base de jus de raisin fermenté.

Photo organisation

2h07 pour 24 bons kilomètres et me voilà à la 19ème place sur 55. Rien de bien glorieux mais le sentiment de ne pas avoir perdu ma matinée et d'avoir accompli mon ambassade. Les tribus mayennaises sont, comme je le pressentais, fort civiles et accueillantes ; leurs guerriers sont de remarquables coureurs qui en ont à remontrer aux nôtres. Pour peu qu'ils acceptent que l'on remonte le Signal d'Ecouves de trois mètres, je serais d'avis que, l'année prochaine, nous fussions plus nombreux parmi les Alençonnais et Ecouviens à venir courir et boire la bière de la Paix à ce beau Trail des Intrépides.







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