jeudi 9 juin 2016

L'Esprit français 19

Jean-Philippe Rameau
1683-1764

Rameau à la fin de sa vie par Greuze


Dernier grand représentant de la période baroque française (il en fut d'autres bien délicieux mais moins prestigieux), Jean-Philippe Rameau, né à Dijon, est d'abord un produit de la vie musicale provinciale. Élève médiocre, il se fait évacuer du Collège de Jésuites  pour cause de manque de travail : "Il se distinguait par une vivacité peu commune, mais pendant les classes il chantait ou écrivait de la musique. Il ne passa pas la quatrième" témoigne un de ses condisciples. Exit les études de Droit envisagées, tant mieux pour la culture...

Ce n'est qu'en 1722 qu'il s'installe définitivement à Paris et ce n'est qu'à l'âge de 50 ans qu'il se met à composer des opéras dont les fameuses "Indes Galantes" (1735). L'air le plus célèbre de cette fantaisie lyrique (très fantaisiste, elle se passe d'abord en Turquie puis au Pérou, en Perse et enfin dans une forêt d'Amérique du Nord) s'intitule "Les Sauvages", le terme, non péjoratif, désignant des gens vivant près de la nature.

Cet air a pour origine une pièce de clavecin composée par Rameau à la suite d'un spectacle de danse d'Indiens de Louisiane auquel l'auteur avait assisté en 1725 au Théâtre des Italiens. 




Le rythme enjoué de la pièce ne pouvant que prêter à l'allégresse et à la danse, Rameau intègrera cet air au rajout qu'il fera en 1736 aux Indes Galantes. Le texte intitulé "Forêts paisibles" célèbre la bonne vie simple et la paix prodiguée par le contact avec notre Mère Nature (en opposition avec, bien sûr, le marigot Versaillais peuplé de crocodiles assoiffés d'honneurs.)

 (extrait)
Dans nos retraites,
Grandeur, ne viens jamais
Offrir tes faux attraits!
Ciel, tu les as faites
Pour l'innocence et pour la paix.
Jouissons dans nos asiles,
Jouissons des biens tranquilles!
Ah! peut-on être heureux,
Quand on forme d'autres vœux ? 

Bien que cette série soit dédiée à la musique instrumentale, je ne puis résister à vous livrer cet extrait des Indes Galantes dirigé par William Christie à la tête des Arts Florissants avec Patricia Petibon et Nicolas Rivenq au chant, chorégraphie bien dans la lignée de cet Esprit français pétri d'intelligence et de gravité mais aussi parfois de fantaisie et de gaîté.



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 Références : Les cahiers du CERHIC, jp.rameau.free.fr, Musicologie.org


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