vendredi 16 juillet 2021

GR 34 2021 : Etapes 13 à 16


Etape 13 : 24 juin Yffiniac - Plérin (19,6 km - 331 m D+)

 
Un peu de repos... l'étape ne doit faire que seize petits kilomètres et un minimum de dénivelé. Nous sommes au fond de la baie et c'est tout plat. Il s'agit surtout de franchir le Gouët, c'est à dire de contourner St Brieuc par l'intérieur de la baie sans jamais entrer en ville. Plutôt sympa la balade et il fait beau ! 

Photo Josette


Juste avant le Gouët, nous visitons le Petit Monaco, un ensemble de cabanes datant pour certaines de la période du Front Populaire et construites un peu anarchiquement le long de la côte. Cette petite cité en bois (parfois sur pilotis ou constituée d'anciens wagons) a failli disparaître dans les années 2000 mais les autorités locales ont souhaité depuis leur accorder un statut juridique pour préserver le cachet populaire du quartier, ces petits cabanons ne coûtant que de 2500 à 8000 €, tarifs qui n'ont rien à voir avec ce qui se pratique ailleurs sur la côte. Nous restons dans l'ambiance en pénétrant dans le port du Légué où nous nous attablons à la terrasse d'un bar en compagnie d'ouvriers du chantier de réparation navale. L'ambiance n'est plus très touristique mais très sympa. Nous admirons au passage une immense mur couvert par les graffeurs locaux :

Photo Josette

Ne reste plus que la remontée du Gouët et nous arrivons bientôt à Plérin dans le quartier St Laurent mais avant, nous pique-niquons au soleil sur des rochers au bord de l'immense baie.


 L'hôtel est situé à côté des commerces, d'une laverie et d'un bar ; le quartier St Laurent est balnéaire et calme, il fait beau. Nous sirotons des bières pendant que le linge se fait. A l'heure dite, nous allons à notre rendez-vous avec le patron de l'hôtel-bar-tabac. Comme c'est son jour de congé, il vient de St Brieuc pour nous ouvrir. L'établissement semble avoir un petit côté vintage qui n'est pas pour nous déplaire...

Photo Josette

Ah oui, c'est bien imité ! On se croirait dans un roman de Simenon des années 50. Le type mal rasé sans masque ni aucune mesure covid nous fait monter un escalier qui n'a vu ni balai ni cire depuis des années. Il nous file une clé et se barre fissa. Nous entrons dans la chambre et nous sommes aussitôt assaillis par une forte odeur de cigarette, le ménage est plus que symbolique et les recoins sont recouverts d'une épaisse poussière grasse. Les toilettes sont sur le palier et , faute d'exploser, je suis contraint d'uriner dans les chiottes les plus crades que j'ai pu fréquenter depuis des décennies avec une mention spéciale pour le balai hygiénique (le mot n'est vraiment pas adapté) recouvert d'une substance collante grise et verdâtre, substance de type blob que l'on s'attend à voir s'animer pour se jeter sur le pauvre touriste afin de le phagocyter. Pendant ce temps, mon épouse se perd dans le couloir et rentre dans la chambre d'un clodo vachement bien imité qui est certainement là pour compléter le tableau. Ça y est, j'ai compris, on est sur le plateau du tournage de "Maigret et l'hôtel borgne" avec Bruno Cremer. Euh, ben non, Bruno Cremer il est mort. Et c'est nous qui le serons bientôt si on n'escampe pas de là. Google m'indique un Ibis à trois kilomètres à l'intérieur des terres, trois bornes que nous faisons en à peine une demi-heure malgré les sacs à dos... Carrément un Ibis Style avec des chambres qui coûtent le prix d'un rein et qui ont une vue imprenable sur les pompes à essence du Leclerc voisin. Pas grave, ils ont de la bière et de la bouffe à base de surgelé.

Etape 14 : 25 juin Plérin - St Quaix Portrieux (23,5 km - 672 m D+)

Y r'pleut ! Nous n'avons pas le choix, nous zappons la Pointe du Roselier pour rejoindre directement la plage des Rosaires. Le contraire nous eût porté l'étape à plus de 30 km, ce n'eût pas été raisonnable d'autant que le sentier en direction de Binic n'est pas des plus plats. Sous une pluie fine constante, nous attaquons la première partie du trajet bien pentue et rendue glissante par cette météo décidément bretonne. Nous croisons à plusieurs reprises les différentes classes d'une école qui a eu la bonne idée de faire sa sortie nature ce jour, ce qui me fait remémorer quelques voyages scolaires bien arrosés. 


 Nous cheminons quelques temps avec un randonneur, un ancien comme nous. Il discute un bon moment avec Josette qui lui fait un cours complet sur la tenue de bâton en marche nordique. A un arrêt, il est rejoint par son épouse et nous laissons le couple pour bientôt rejoindre Binic.


Le terrain est encore bien costaud et nous devons parfois descendre avec la prudence d'une hyène gravide. Une fois sur le port, nous avisons une crêperie dans laquelle nous nous restaurons à l'abri, bonne idée car la pluie se met à prendre des airs tropicaux. Une heure après, les précipitations redevenant modérées, nous prenons la direction de St Quaix.


 Nous marchons dans une zone que je connais bien car j'y ai couru trois fois le trail Glazig en février. Qui a couru le Glazig et a survécu ne craint point la pluie et la boue. Cela dit, ils ont de satanées côtes dans le bled ! 


 Arrivés à St Quaix, nous trouvons une chambre d'hôtes non loin de l'île de la Comtesse, la propriétaire nous propose d'utiliser le spa mais nous déclinons l'offre ayant suffisamment vu d'eau pour la journée. Faisant exception à la règle de la bière, nous finissons la journée en consommant des tapas au Mojito puis au Ti Punch. Autant dire que la nuit fut calme.
 

Etape 15 : 26 juin St Quaix Portrieux - Plouha (21,9 km - 886 m D+)

Temps calme et légèrement humide en quittant St Quaix, c'est presque l'idéal pour des Lutins de la forêt d'Ecouves. Tant mieux car on va grimper sur les plus hautes falaises de Bretagne à Plouha (104 m). Grimper une centaine de mètres, ce n'est pas un problème mais grimper puis descendre puis grimper puis descendre et ainsi de suite... 


Après un café pris à Port Goret, le ton est donné. Ce ne sera pas l'étape la plus facile... En tout quatre bonnes heures de marche pour dépasser la pointe de Plouha, les falaises se font de plus en plus escarpées.

Une fois de plus la météo gribouille ne rend pas justice à la magnificence du paysage. Dans cette zone, nous rencontrons pas mal de monde, le terrain n'étant pas trop compliqué jusqu'à Gwin Zegal où les bateaux sont amarrés à des pieux, en fait des troncs d'arbres qu'il faut changer régulièrement. 

Ici, nous pique-niquons rapidement car la bruine se fait pluie... La remontée de la falaise est vraiment trop dure, nous profitons de la marée basse pour passer par l’estran jusqu'à Port Moguer et sa digue en granite rose, là la pente est plus douce.
 


Jusqu'à la plage Bonaparte, les choses restent simples mais quand nous dépassons ce haut lieu de la Résistance, le GR redevient sauvage, escarpé, encombré. La fin du parcours est très physique, surtout quand il faut quitter le GR pour rejoindre notre camping à partir de la pointe de la Tour. C'est plus de la chute à travers la végétation humide plutôt que de la descente.


Enfin, nous arrivons au camping pour intégrer un mobile-home pourvu de chauffage utile au séchage des affaires. Repas le soir à l'anse de Bréhec située à un kilomètre : fish and chips avec mojito puis bière bretonne, il fallait bien ça pour récupérer de cette étape humide et physique.
 
Etape 16 :  27 juin Plouha - Paimpol (18,5 km - 560 m D+)


Le beau temps revient pour cette dernière étape, l'Anse de Bréhec prend un air plus aimable quand nous la quittons. Le chemin sera court mais quand même assez physique comme qui dirait...

Photo Josette

Malheureusement, certaines falaises étant trop dangereuses, le GR nous fait passer plusieurs fois par la route. Une fois sur les hauteurs, nous pouvons entr'apercevoir la fin de notre périple au-delà de la pointe de Plouézec : l'anse de Paimpol et ses îles et plus au loin l'île de Bréhat si prisée des touristes.


Pique-nique avant d'aborder des parties plus plates de l'anse de Beauport dont nous visitons brièvement l'abbaye. Cette fin d’étape ressemble un peu à notre départ deux semaines plus tôt, nous retrouvons de grandes étendues marécageuses comme dans la baie du Mt St Michel. 


L'ambiance est plutôt calme. Nous sommes cependant hélés par une jeune fille accompagnée de son papa. Elle porte un maillot jaune et tient un vélo à la main, ils veulent que je les prenne en photo, ce que je fais aussitôt. Nous continuons en passant par une zone de loisirs avec piscine d'eau de mer et sable mais curieusement il n'y a personne, pourtant on est dimanche...


Nous arrivons au port de Paimpol en suivant la côte. Précédemment, nous ne voyions pas un chat mais maintenant, c'est la foule. Tout le quartier du port est blindé mais il y a assez de bars pour que nous trouvions une place à une terrasse. Nous optons pour caïpirinha et calmars grillés, faut pas faiblir. Je demande à la plantureuse serveuse pourquoi la ville est aussi animée ce dimanche. "Ben, ils attendent le Tour de France." Ah oui, je savais bien que le Tour passait en Bretagne mais j'ignorais qu'il passait par Paimpol. Sur ce, on entend du barouf et nous voyons un long serpent multicolore se dérouler à une centaine de mètres de nous. En deux minutes c'est plié, la foule se disperse pour se jeter sur les dernières places en terrasse. Nous faisons une balade sur les quais et fixons par un cliché un point définitif sur notre aventure bretonne de 2021 :


L'appartement loué pour la nuit est plus que confortable, il ferait un bon point de départ pour une session 2022... Le retour en train du lendemain se fait tranquillement avec un gros arrêt à Guingamp. En fait quand je dis tranquillement, je manie la litote car en fin de parcours, notre rame mettra 2h35 pour effectuer les 50 derniers kilomètres entre Le Mans et Alençon c'est à dire à peine 20 km/h de moyenne. J'ai failli descendre pousser...

 


 

 

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