samedi 15 novembre 2025

12 heures de Royan

Le Retour du Hamster


C'est bien beau d'aller jusqu'au bout de soi avant d'exploser lors d'un marathon ou de communier avec la nature et ses intestins en courant un trail mais ça faisait longtemps que je n'avais pas fait un truc vraiment givré dans le genre hamster maboul. J'ai bien (re)fait les 6h de Ste Suzanne cette année mais c'était en pleine nature, c'était beau et le circuit faisait 4 km. Non, il fallait que je fasse un machin brindezingue assez fada pour qu'on se tape la tempe avec l'index quand on parle de moi. 

C'est Patinette qui a eu l'idée de participer aux 12h de Royan... Patinette est M2, chausse du 34 et s'habille dans du 12 ans. C'est une coureuse improbable. Je veux dire par là qu'elle n'était pas faite a priori pour enfiler les marathons et se manger des trails autour de 60 bornes avant de se bouffer les 100 km de Millau l'année dernière. Et pourtant, à force de travail et de pugnacité, elle a tout réussi même si elle en a parfois bavé plus qu'une colonie de gastéropodes. 

La ville de Royan est calme en ce vendredi de mi-octobre mais il fait bien beau. A peine arrivés en ville, nous filons au stade d'honneur pour récupérer nos dossards. Les damnés du 48 heures sont déjà en piste. Nous allons faire un tour pour humer l'ambiance qui sent l'orga bien rodée. Il y a de l'huile partout et rien n'est laissé au hasard. On frise la perfection. 

Soudain, visitant le ravito, je me fais héler par un coureur qui s'avère être Stéphanos que j'avais côtoyé à divers endroits et plus récemment aux 100 km de Millau et à la No Finish Line de Paris. Joie des retrouvailles...

On est presque aussi jeunes que lors de notre première rencontre chez le Khanard ! 

Bon, c'est pas tout mais demain on hamstérise donc petite balade au bord de la mer et pizzéria.

Patinette se concentre dans le but de poutrer le Lutin demain.

Comme j'ai des goûts de luxe, je nous ai trouvé un duplex en pleine ville, chacun son étage. Patinette n'entendra pas le vieux M7 ronfler...

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8h30, nous sommes au bord de la piste pour le départ officiel. Il s'agit d'un vieil anneau de course de 400 m en cendrée sablonneuse du genre à remplir les pompes. Nous faisons d'abord à peu près 390m c'est à dire la quasi intégralité de la piste puis épingle à cheveux : 310m dans l'autre sens puis nouvelle épingle à cheveu : 320m dans un troisième couloir à l'extérieur avant de passer sous les tentes de ravitaillement pour démarrer un autre tour. Le circuit est sensé faire 1100m, j'en rajouterais bien 20 mais quand on aime, on ne compte pas. 


La disposition en trois couloirs sur une partie de la piste impose une limitation d'inscriptions. Une fois le 12h démarré, les participants du 24h débutent à 10h00 et avec les forçats du 48h nous nous retrouvons à 130 personnes sur une piste de 400 mètres. C'est bien suffisant et bien calibré. 

Concernant le 12h, moins nombreux que sur les autres durées, nous sommes 15 inscrits sur le 12h course et 12 inscrits sur le 12h marche. Le podium étant toutes catégories, je pars tranquille sans enjeu. En tant que Master 7, je ne me vois pas finir dans les quatre premiers. Par contre, Patinette qui ne cesse de progresser a ses chances, il va falloir que je la surveille...

Je vais me répéter mais l'épreuve est très bien organisée, les concurrents n'ont qu'à marcher ou courir. Le but c'est juste de terminer sans tourner Loufedingue affublé d'un entonnoir sur la cafetière et accessoirement faire le plus de kilomètres possible. Résumé de ma course en une image :

 On va se rapprocher pour se faire une idée plus précise :


Assez rapidement, je me fais héler : "Salut le Lutin !", c'est le grand François engagé sur le 48h avec lequel j'avais échangé il y a quelques années. Il est petit le monde des hamsters, Patinette va retrouver une fille avec laquelle elle a couru à l'Ultra- Marin.

Il fait bien frais ce matin et j'arbore ma veste de club durant les deux premières heures. La température va ensuite bien monter puisque je vais finir en débardeur à une température de vingt bons degrés. Ma technique de course est simple : je tourne entre 8 et 9 à l'heure tant que je peux, je marcherai si j'arrive à 6km/h. J'ai développé une nouvelle technique de concentration de manière à ce que les boyaux de la tête consomment le moins d'énergie possible : je regarde le sol, je ne pense à rien. C'est dingue ce que c'est facile d'être vide de la calebasse.

Photo organisation

Tous les cinq tours, je bois et je m'alimente mais je sais que sur les courses longues, le grignotage n'est pas suffisant. Vers 13h, je me rends dans le gymnase pour le repas du midi indispensable pour tenir. Entrée, viande nouilles et dessert, ça retape un lutin. A ma table, je cause un moment avec Michel Dessaint qui commente la course et dont je connais bien les moustaches pour l'avoir vu maintes fois commenter le marathon de la Rochelle que j'ai couru dix fois. 

Et c'est reparti ! Régulièrement les classements course et marche sont annoncés au micro. Je m'aperçois que Patinette est deuxième féminine du 12h. Elle ne s'est aperçue de  rien et en bon coach, je commence à l'encourager d'autant plus qu'elle a Claire à sa poursuite qui, elle, est accompagnée par son mari qui suit le classement en direct sur son portable et la coache en courant à côté d'elle. Alors que nous sommes à plus de six heures, la remontée de Claire va être irrésistible et Patinette se retrouve troisième féminine mais quand même cinquième au scratch. 

Moi, je suis neuvième et j'ai un gros coup de mou assorti d'un bon mal de dos après huit heures de course. Je m'assois donc à ma table (car chaque coureur a sa table et sa chaise ainsi que son gobelet numéroté) et je change de chaussures et de débardeur. J'en profite pour sortir mon portable et ainsi repérer où se trouve Patinette dans le classement. Elle tient son rang mais deux filles lui filent le train à trois tours de distance. Je m'en vais les surveiller les donzelles !

S'en suit presque deux heures de marche. Je m'efforce de me redresser et c'est efficace car je peux reprendre enfin la course, le dos s'étant calmé. 

Vertubleu, au bout d'un moment je croise la Patinette qui marche. Je consulte le classement et je vois que Véronique et Isabelle ne sont plus qu'à deux tours. Je l'en informe et elle se remet à courir en voyant que son vieux coach s'est remis à trottiner. Je cours d'ailleurs plus vite qu'elle car je finis par la rejoindre. Elle a dix km d'avance sur moi. C'est pas le moment de mollir. Il reste une heure et on va passer de 7km/h à 8 puis à 9 pour finir à 11km/h dans le dernier tour.

Patinette reprend ainsi un tour à ses poursuivantes et je gagne une place passant à la huitième place sur 15. L'important, c'est que mon élève garde sa troisième place féminine et sa cinquième place au scratch.

Le travail paie : Patinette a le sourire

Avec 86,674 km, Patinette est à dix km de la première, ce n'est pas insurmontable. Avec 76,666 km, je suis dix km derrière elle, c'est insurmontable pour un septuagénaire... Cela dit, le but de tout bon enseignant c'est de se faire dépasser par ses élèves. Donc, mon boulot est fini, je vais pouvoir prendre ma retraite de coach après toutes ces filles (et deux ou trois mecs) emmenés sur marathon, trails, 100 km et autres. Bon, on va aller manger de la brioche et faire dodo.

Ben non, on m'appelle au micro alors qu'à l'état gazeux, j'applaudissais le début du podium masculin, je n'avais pas réalisé qu'il y avait cinq filles dans les sept premiers et que tout huitième que je suis je me retrouve troisième homme.


Bonne surprise, en rentrant, je vais pouvoir montrer ma coupe de super papy à mes petites filles. Comme quoi, nous ne sommes pas venus pour rien !

 

 

 

 

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