lundi 21 septembre 2015

L'Esprit français 10

Marin Marais
1656-1728

Marais jeune par Jean Dieu

On ne présente plus Marin Marais dont j'ai déjà écrit une biographie succincte à propos des Folies d'Espagne. Marais est de nos jours indissociable de la viole de gambe dont il porta l'art au niveau de la perfection, fait qui était déjà reconnu à son époque comme en témoigne Evrard Titon du Tillet en 1732 : "On peut dire que Marais a porté la Viole à son plus haut degré de perfection, et qu’il est le premier qui en a fait connoître toute l’étendue et toute la beauté par le grand nombre d’excellentes Pièces qu’il a composées sur cet Instrument, et par la manière admirable dont il les exécutoit"

Héritier d'une longue tradition portée par de prestigieux prédécesseurs (Roberday, Hotman, Ste Colombe, De Machy...), Marais, dans ses cinq livres de viole, a produit une œuvre dont la sensibilité et l'intelligence le disputent à l'expressivité sans jamais donner dans la virtuosité facile. Cette profondeur toute française cédera plus tard le pas à la virtuosité italienne qui devint petit à petit l'étalon musical de la fin des années baroques malgré les sursauts de certains comme Hubert le Blanc qui publia en 1740 son fameux traité : "Défense de la basse de viole contre les entreprises du violon et les prétentions du violoncelle."

La viole est, à juste titre, comparée à la voix humaine et c'est justement ce qui inspira le titre de cette soixante-troisième pièce du second livre de Marais qui en comporte cent quarante-deux. Le côté sombre de la pièce est bien sûr dû à l’instrument employé et au choix d'une deuxième viole pour assurer la basse continue mais aussi au fait qu'à l'époque de Marais, le diapason était de la=392Hz à Paris alors qu'il monte à 460Hz à Venise (actuellement : 440Hz). 




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