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Jusqu'ici, je n'avais jamais cherché à courir, même pas au lycée où je séchais la plupart des cours d'éducation physique. Autant le dire, j'étais nul en sport et mes profs en attestaient ("Est souvent absent, ne fait rien quand il est présent").
Bien
des années plus tard, à 37 ans, alors que je pratiquais le judo depuis un
moment, la nécessité de perdre du poids se fit pressante quand je me remis aux
compétitions en vue de passer (enfin !) ma ceinture noire. En moins de 66 kg
c'était possible, dans la catégorie supérieure, je savais que je finirais comme
une mouche sous la grille de la tapette.
Je me suis donc acheté une paire de chaussures sans marque à Leclerc dont les talons semblaient comporter un amorti suffisant, je me suis trouvé un short en coton et attrapé un t-shirt du même métal sur une étagère. J’avais l'air d'un plouc mais tous les joggers de l'époque avaient l'air de ploucs.
La rue des Tisons à Alençon comporte environ deux cents numéros ; je suis parti du 27 et aux environs du 160, mes poumons me brûlaient tellement que je songeai déjà à marcher et à faire demi-tour. J'avais fait environ mille mètres et je pris conscience de l'abîme de dérisoire dans lequel je plongerais si je cessais de courir sur le champ. Et sur le trottoir en l'occurrence.
Je persistai donc...
Des flammes dans la poitrine mais raisonnablement porté par mes jambons de judoka, je pénétrai vite dans la campagne et en profitai pour expectorer de grandes quantités du mucus qui me remontait des bronches. Habitué aux bleus consécutifs aux chocs et aux brûlures dues au tatami, je découvrais que l'on pouvait aussi souffrir de l'intérieur du corps. Le sport, c'est surtout une affaire de sensations.
De retour à la maison au bout de trois quarts d'heure, je découvris ce que ressent le fameux fou qui cesse de se taper la tête avec un marteau. Quel soulagement, quel bien-être ! Je décidai aussitôt de renouveler l'expérience deux fois par semaine.
J'ai effectivement perdu quelques kilos mais il m'a quand même fallu quatre ans supplémentaires pour passer ma ceinture noire. J'avais toujours été un judoka médiocre. J'allais en plus devenir un athlète moyen.
J'ai acheté mes chaussures de course samedi et j'ai couru dimanche dans Bretteville... Dur dur, ça grimpe et j'ai souffert... comme toi je pense ce jour-là dans la rue des Tisons ! Dans 20 ans, je te double aux marathons haha !
RépondreSupprimerTrop facile, dans 20 ans j'aurai 80 balais !
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