vendredi 21 octobre 2016

Ekiden Seine-Eure 2016

Il faut l'avouer, mon dernier marathon n'avait pas été un succès complet. Je m'y étais même largement vautré, entraînant par là-même mon club FFA dans l'opprobre. Le Mustang, mon président, me l'avait signifié clairement : je devais faire quelque chose pour rétablir l'A3Alençon dans sa fierté.
 

En tant qu'ancien judoka, j'avais bien pensé à une solution extrême : le Seppuku (que les béotiens nomment Hara-Kiri) qui laverait mon honneur dans le sang mais répandre ainsi mes intestins sur la place publique risquerait de tourner rapidement au Seppuduku...
Finalement, pour rester dans l'esthétique japonaise, j'optai plutôt pour l'Ekiden, marathon par équipe de six, une invention niponne ni mauvaise.

Eki                                                              Den 

Bien sûr, il me fallait une équipe et j'en trouvai vite la moitié féminine :

Valérie qui fera les 7195m de la fin, elle est la plus rapide et la plus brune, une vraie compétitrice.
Katia qui fera un 5000m, elle vient de boucler les 100 Km de Millau en 11h47, lui demander de courir cette distance est une gageure.
Sandrine qui fera un autre 5000m, elle vient de terminer Millau avec Katia, elle a un gros potentiel sur route à développer mais elle reste une traileuse dans l'âme.

Et la moitié masculine, me direz-vous ? Eh bien, mon coiffeur Hervé, jeune grand-père quoique encore V1 (pour deux semaines) s'est immédiatement présenté avec l’enthousiasme amical qu'on lui connaît, enthousiasme que je retrouvai bien sûr chez le Mustang. Enfin, il a quand même fallu que je le menace de me remettre à la consommation de viande chevaline pour qu'il se décide à participer.
Et voilà l'équipe : Trois femmes (V2, V1, Senior) et trois hommes, tous papys (un V1 et deux V3). Vu les deux boulets gériatriques embarqués (moi et le Mustang, 121 ans au total), nous n'avions aucune chance de faire la qualification pour le championnat de France Ekiden mixte (2h50 !!!), nous allions donc nous battre pour le classement.

Le jour-dit


Vertudieu mais qui c'est qui qu'a eu l'idée de courir cet Ekiden ? Zut, c'est moi ! Et il faut que tout le monde soit sur le pont à 5h30 pour le départ d'Alençon. Petit déjeuner, indispensable vidange, douche et Smecta, je suis enfin prêt à 5h29. J'ouvre la porte de la maison, tout le monde est raidi ready. Vite, dans la Mustangmobile, direction Val de Reuil tout là-haut dans une boucle de la Seine. L'avantage de circuler le dimanche à c't'heure, c'est qu'on est tranquille. Le bourgeois de base, il est bien au chaud dans son lit alors que nous, cinglés de sportifs, on va dans le froid et les frimas se taper des kilomètres de bagnole pour courir chacun une vingtaine ou une quarantaine de minutes, le cœur au bord des lèvres et les intestins en bataille. C'est beau la compétition. 

Nous arrivons à Val-de-Reuil avant le lever du soleil, le Mustang, sur des charbons ardents comme à l'accoutumée, nous laisse bien vite pour rejoindre sa navette, il part en premier. Confier le premier 5000m à un Percheron, ce n'est pas du gâteau mais j'ai pris soin de le dételer de sa charrue, il ira ainsi plus vite.

Le marathon par équipe est, pour les organisateurs, d'une complexité affolante car il faut gérer le départ différé de chaque groupe de relayeurs ainsi que leurs affaires de change et d'échauffement. A ce niveau et au niveau de l'organisation générale, je tire mon chapeau à l'équipe du marathon du Val-de-Reuil, ils envoient du gros les Pros !

Katia, Valérie, Hervé, Sandrine


Je dois passer en deuxième position, je fais un dernier cliché de mes coéquipiers et me dirige vers ma navette. Impec l'organisation, je me retrouve bientôt à Acquigny où je peux profiter un moment du paysage fort bucolique en m'échauffant. J'y fais la connaissance d'un curieux personnage, une sorte de Mustang mais avec des moignons.


 Ah, le vrai Mustang arrive, il écume, il hennit et agite sa crinière si fournie : il s'est sorti les doigts du... il s'est donné à fond et arrive au bout de ses 5000m en 23'29. C'est énorme quand on connaît le diesel.

 L'A3 équipe n°3, trop fort !

Je pars comme une bombe, il faut que je sois à la hauteur... mais, mais, je passe vite de quinze à treize à l'heure. Toujours cette impression de courir dans la purée de nous autres... Fichtrebleu, ça recommence, je pédale dans la scoumoune, moi, un coureur de cross, je me mets à ramper comme un traileur !
La nature est splendide mais j'en profite peu, trop occupé que je suis à ne pas descendre sous les treize. Au bout de huit kilomètres, je me fais décoiffer par les premiers marathoniens qui sont pourtant partis 20 min après l'Ekiden. Vrouch !!!


Vers la fin, je cours à côté d'un très jeune gars auquel je demande s'il ne serait pas cadet des fois... "Nan, j'suis senior" me fait-il d'un air vexé. Et il me plante là. J'aurais mieux fait de me taire.

Me voilà à Incarville en 45'55, misère de moi, le Lutin se gastéropodise, manque plus que je bave ! Je passe le relais à Katia qui va donner le meilleur d'elle-même bien qu'elle n'ait rien à voir avec une coureuse de 5000m. 

Je rejoins vite la navette qui me ramène à Val-de-Reuil. Juste le temps de retrouver le Mustang et de me changer, voilà Katia qui débarque et qui m'indique son chrono : 23'52. Un petit exploit pour quelqu'un qui récupère de Millau (100km) et qui prépare la Saintélyon (72km).


Katia a donné le relais à Hervé, le grand-père le plus rapide de la bande qui nous fait 41'24 sur son 10km. Sandrine effectue ensuite son 5000m en 22'05 à un bon 13,5 de moyenne, pas mal pour une traileuse !

Rejoints par Hervé, nous sommes maintenant quatre à attendre l'arrivée de notre championne, Valérie.


Encouragée par nos hurlements, Valérie dépose une équipe mixte concurrente en la décoiffant d'importance et projette avec rage sa petite quarantaine de kilos en avant. Ça c'est un finish ! 7195 m en 31'35, elle est, à 13,7 de moyenne, la plus rapide des filles et en deuxième position au niveau de l'équipe.

Nous terminons les 42km195m en 3h08'20, nous plaçant à la 37ème place sur 238 équipes et surtout à la 10ème place sur 62 équipes mixtes.


Trois Papys et trois Wonder Women, l'A3Alençon a été correctement représentée. Il ne reste plus qu'à laver l'honneur du club dans le pinard et l'épisode de ma disqualification à Tours sera oublié. Ça tombe bien, j'ai amené une bonne bouteille de Bordeaux et Hervé nous fait profiter d'un excellent pâté de cochon maison. Le bonheur en jaune et noir...

 



 

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