mercredi 25 avril 2018

Trail du Verdier 2018

En fait, je suis comme un canard : malgré l'âge, même sans la tête, je cours toujours. Ma saison 2018 a vraiment commencé par le marathon de Bordeaux. Chouette ! un marathon nocturne dans le Sud fin mars avec ma copine Katia. Ça nous changera de notre interminable hiver normand...  Mauvaise idée !


Passons sur cette avanie qui tourna à l'avoinée. Sic transit (intestinal) gloria mundi.

Il est temps de se réchauffer un peu...

Lagoa, Portugal
(Le petit personnage, c'est vraiment Josette !)

Quarante ans de mariage (avec la même épouse), ça se fête et de préférence au soleil. Une petite centaine de km de rando avec ma Josette et me voilà requinqué bien que plus quinqua depuis un bon moment maintenant.

Ça tombe bien car, de retour du Portugal, j'embraye aussitôt sur Alençon-Médavy, el classico bas-normand.

Photo NCAP

Malgré où grâce à une soirée huîtres et vin blanc en guise de prépa, j'améliore mon temps de l'année dernière de quelques dizaines de secondes. J'en picole derechef toute la soirée suivant la course mais par prudence, je me contente de bière et de vin rouge. L'entraînement reprend, quoi...


Le Verdier



Le carrefour du Chêne au Verdier situé au cœur d'Ecouves est bien connu des Alençonnais, ne serait-ce que grâce à cet ancien séquoia sculpté représentant un verdier (garde forestier) surmonté d'une chouette et d'une buse. L'année dernière, les gars de la XC d'Ecouves ont eu l'idée de rajouter un petit trail à leur épreuve VTT. Nous nous étions retrouvés à 70 à galoper sur 12 km de sentiers très techniques et j'avais accompli l'exploit de finir 2ème V3 sur 4, c'est énooorme !

Cette année, je n'avais pas prévu de participer une semaine après m'être sorti les tripes à Alençon-Médavy mais c'est mon épouse et ses copines qui se sont inscrites, entraînant automatiquement ma participation, ce qui me posait quelques menues interrogations :

1 : J'avais promis un entraînement forêt de trois heures la veille de l'épreuve à Katia, serai-je bien frais 24h après ?

2 : J'avais fait un podium colossaaal l'année précédente, allais-je rééditer ?

3 : Mon copain Eric, V3 comme moi, qui m'a piétiné durant toute la saison de cross et ridiculisé sur Alençon-Médavy en me mettant trois gigantesques minutes dans le rectum s'est inscrit au Verdier. Allait-il s'essuyer à nouveau les pieds sur mon Ego m'obligeant de plus à faire bonne figure vu que sa femme Colette et la mienne sont copines et courent ensemble ?

Et en plus, il a encore ses cheveux !
Photo NCAP

Une partie de la solution à mes problèmes a consisté à convaincre l’outrecuidant et néanmoins talentueux  athlète à participer à l’entraînement du samedi pour le fatiguer un peu : 24 bornes avec moi et Katia plus de la bière et du saucisson le mettront peut-être à ma portée. Qui sait ?

La course :

Photo organisation

Le petit hargneux en jaune à gauche, c'est moi. Je m'élance comme un dingue avec les jeunes car je sais que les mono-traces vont vite arriver. Boudiou, y'a de la concurrence, on est 170 c'est à dire 100 de plus que précédemment. Comble de malheur, nous sommes sept V3 à nous battre pour le podium. Me placer devant est stratégique : si un autre V3 arrive à ma hauteur, je peux éventuellement le pousser discrètement ou lui faire un croche-pied dont j'attribuerai éventuellement la faute à une racine. Sur ce genre de terrain technique pentu et hérissé de cailloux, une chute pardonne rarement. Le mauvais côté de ma stratégie, c'est que je suis obligé de poutrer comme un dingue pour garder ma place. 

Dès le début, la grande Sandrine me double. C'est vrai, elle a une tête de plus et vingt ans de moins que moi mais quand même, ça mortifie ! Je vais être obligé de la féliciter à l'arrivée ; j'ai pas le choix, elle fait partie de mon club.

Ah les cochons, ils l'ont corsé leur parcours les gars du XC ! Plus un seul moment de récupération, on se dirige vers la Croix-Madame en zigs et en zags. Ça grimpe, laçonne, et saucissonne ; ça racine, caillasse et trébuche. Ce n'est qu'embûches et chausse-trapes ; je m'astreins à regarder le sol pour ne point choir et ainsi déchoir.

 Lutin vole !
Photo NCAP

Croix-Madame puis descente vers St Nicolas, je suis content que le peloton se soit étiré car le terrain est de plus en plus piégeux. L'orage de la veille au soir a rendu certains passages très glissants et ça ne s'arrange pas au moment où il faut monter puis descendre le Rocher au Moine. C'est à cet endroit que je manque de peu de faire subir un outrage sodomite à une jeune femme qui descend trop lentement devant moi. Je m'excuse platement puis file fissa sans demander mon reste. Encore une place de gagnée. Je suis petit, je sais.

La grimpe puis la redescente vers le départ se fait dans une nature merveilleuse, dommage qu'on ne soit pas là pour lanterner car en avril, Ecouves la fleurie est magique.


Un petit tour sur l'aire de départ et c'est la deuxième partie du Huit que constitue le circuit. Chlonk ! Sur le Rocher de la Dalle, je me mange une racine et fais une démonstration de roulé-boulé avec rétablissement dans l'axe sans ralentissement du rythme. Même pas mal ! Enfin, mon hallux ne me dira pas la même chose par la suite, estimant que j'étais à un doigt de pied de la catastrophe en chutant ainsi parmi les roches hérissées et risquées.

Ah, le Rio Grande ! Ce petit affluent de la Briante qui serpente sur les pentes que nous arpentions alors adolescents. Josette et moi, l'avions baptisé ainsi lors de nos escapades printanières lors desquelles nous séchions les cours du lycée pour entamer le cours de notre vie. Ce remembrement de nos escapades sylvestres des années soixante-dix me redonne un coup de jeune et je re-poutre dans la descente de ce ru frémissant malgré la difficulté du terrain qui pardonne peu.


Il reste juste Pierre-Chien à monter et l'on bascule à cheval sur la crête qui nous mène à l'arrivée... Damnation, ils ont changé la donne : plus d'autoroute forestière mais un ensemble de spaghettis techniques et pentus, il va falloir grimper la falaise de Pierre-Chien de face ! Il faut marcher en ahanant, respirer et transpirer, souffler sans cesse sans s'essouffler. Raide et dure, rude et dernière difficulté. Arrivé en haut du calvaire vert, je jette un œil en arrière puis le rattrape aussitôt, pas d'autre vieux que moi dans la dernière descente ; je file comme un fol et franchis bientôt l'arche d'arrivée en 1h23, 68/165.

 Photo NCAP

Il m'a fallu atteindre ma troisième saison V3 pour enfin finir premier sur sept, c'est colooossal ! Je vais pouvoir faire honte à Eric et Lucien qui arrivent bientôt derrière moi, je vais les obliger à me lustrer les pompes à défaut de me pomper des lustres.

Hein, quoi ? Qu'ouï-je ? Vous ne récompensez que les juniors, seniors et V1 ? Pas de podium pour les vieux ? Je m'enfile deux bières pour digérer cela puis en commande une troisième que j'offre enfin à ma chère femme quand elle franchit la ligne avec ses copines.

Photo NCAP

Les gars de l'organisation ont la bonne idée de récompenser les trois  amies qui mettent un terme à la course. En voilà une idée qu'elle est bonne, ça c'est dans l'esprit sympa des courses au saucisson.

Annick, Colette et Josette : les mamies du trail
Photo NCAP

A propos de saucisson : re-bière, galette-saucisse et frites en compagnie des filles et d'Eric sous le beau soleil d'avril achèvent de me donner la banane. Contrairement à d'autres, j'ai l'alcool gentil et j'oublie vite mes rêves idiots de podium. Et puis d'abord, les podiums, ça donne la grosse tête et moi, j'ai toujours préféré avoir une grosse... ah zut, j'allais encore dire une ânerie !



Merci à mon cher Mustang, photographe de Normandie Course à Pied.





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