mardi 27 novembre 2018

King Crimson, mon épouse et moi

Il est parfois des sons qui vous accompagnent toute votre vie... La musique adoucit les mœurs comme il se dit mais elle peut aussi souder les couples. King Crimson fut pour Josette et moi une étape musicale majeure de nos années 70. Je me souviens de la sombre cave de mon copain Daniel dans laquelle nous écoutions Red, Starless ou Fracture à fond seulement éclairés par le lumignon de l'ampli. A cette époque, nous étions si transis d'admiration pour ce groupe que nous avions tous les trois présenté une conférence sur le thème des quatre albums de l'époque 1973-74 : Larks' Tongues in Aspic, Starless and Bible black, Red et le live USA.

Je possédais déjà les albums des années 69 à 71 dont le fameux disque au Roi Cramoisi grimaçant mais, à l'époque la facture métallique et fracturée du leader Robert Fripp nous agréait plus que les albums plus jazz des débuts. La redécouverte de cette musique plus subtile dut attendre pas mal d'années même si nous avons suivi les autres périodes majeures du groupe dans les années 80 et 2000. Ce fut d'abord la parution  de Radical Action to Unseat the Hold of Monkey Mind en 2016 puis, le lendemain de la naissance de notre deuxième petite fille :

Jeudi 15 novembre 2018


Accompagnés de notre ami Thierry (lui aussi), nous mangeons au sous-sol de la Taverne de l'Olympia où on vous trouve toujours une place avec le sourire et  de la célérité. Pas de bière cette fois-ci ; lors du concert John Mayall de l'année dernière, cela m'avait valu une course aux toilettes, je me contenterai donc d'un verre de vin avec mon croque-madame. La serveuse est charmante, je la titille sur son petit accent russe, et tout ça en présence de mon épouse. On ne se refait pas...

Nos billets internet à la main, nous entrons vite dans le hall puis dans la salle. La boutique est prise d'assaut, nous nous contenterons d'un programme en souvenir. 


Moi et Josette sommes au douzième rang, j'ai même droit à un royal strapontin. Affiches et avis audio en deux langues nous avertissent : pas de film, pas de photo durant le concert sauf à la toute fin quand les musiciens dégainent leurs appareils pour photographier le public. Bonne idée, regarder un concert derrière l'écran de son portable c'est comme faire l'amour avec un préservatif, cela laisse un arrière-goût d'artificialité...

Applaudissements, les huit musiciens de l'actuelle formation entrent en scène :


Drumsons go inseine: derrière ce jeu de mots, le concert débute par un trio de batteries vite suivi par Neurotica de l'album Beat (1982) puis de Suitable Grounds for the Blues. La tension est montée d'un coup, la musique est déferlement, tsunami, orgasme industriel. Tony levin prend ensuite son Stick pour nous gratifier des battements tachycardiques du morceau Indiscipline lors duquel les trois excellents batteurs (Stacey, Harrisson et Mastelotto) s'en donnent à cœur joie. Jakszyk a refondu la mélodie de 1981 pour en faire une version plus jazzy. Une merveille :


On revient ensuite à plus cool avec des morceaux de Lizard (1970) avant le grand Ho ! (roulement de tambour) Epitaph (1969) célébrissime morceau du premier album qui sera joué quasiment en entier. Et puis, et puis, c'est la suite de Radical Action qui va culminer avec Level Five seul morceau des années 2000 et terminer la première partie sous des airs d'Apocalypse. A ce moment, je me demande si mes oreilles vont tenir...

Entracte, je rejoins Thierry dans le hall et nous échangeons nos impressions ébahies, comment des musiciens dont certains ont passé 70 ans ont gardé une telle précision et une telle énergie ?

L'entracte ne dure que 20 min, je rejoins mon épouse en grande discussion avec des trentenaires qui pourraient être nos fils. Ils ont découvert Crimson il y a quelques années et ne touchent plus terre à l'instar de mon épouse qui va malmener son siège le long des trois heures de spectacle.

Drumsons Do The Can Can, là le jeu de mots est moins bon... Je vois Mel Collins préparer une flûte basse : Islands, un havre de paix chanté à la perfection par Jakszyk et ensuite brodé par les saxes de Collins.

Discipline puis One More Red Nightmare, heureusement, le niveau sonore a été réduit d'environ 10%. Nous allons survivre.

Deuxième oasis : Moonchild puis c'est une longue apothéose :

In the Court of the Crimson King (Ah Ah Ah Ah Aaah Aaah....) à l'énorme son de mellotron parfaitement reproduit par les claviers de Reiflin, Fripp et Stacey qui quitte parfois sa batterie.

Easy Money, Larks' Tongues in Aspic II, Starless,  n'en jetez plus, mon épouse vibre tellement que je crains pour le mobilier de l'Olympia.

Bis évidemment, et devinez quoi : 

(version de 2015 à sept musiciens) 


Comme promis, nous sommes autorisés à faire des photos et je ne fais que des bouses imprésentables ici. Heureusement, Tony Levin réussit un fort sympathique cliché où l'on peut voir Robert Fripp avec son appareil et la foule enthousiaste. 

Une foule où ma chemise blanche me permet de repérer deux fans ayant passé la soixantaine mais dont l'enthousiasme n'a jamais failli.



Indispensable, Meltdown Live in Mexico 2017, 3 CD (3h30 de concert)+1 DVD de 2h30 pour 30€, Royal !!!





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