vendredi 22 mars 2019

Le Matin des Magiciens

22 mars 2019


Voilà maintenant presque trois mois que j'ai rendez-vous chaque vendredi matin avec mon pire ennemi, en l'occurrence moi-même, en forêt d'Ecouves. Huit heures trente sont à peine passées quand je laisse mon automobile sur le parking de la mairie de Radon. Le ciel est blanc de brume ; je pénètre en Ecouves comme je m'enfouirais en moi.


Les bienfaisantes pluies de la fin d'hiver ont orchestré la polyphonie tintinnabulante des filets, rus et ruisseaux installés ou provisoires à laquelle se superposent les nombreux chants d'oiseaux parfois rythmés par les battements du pivert ou déchirés par le crissement métallique du geai.


Pins sylvestres et sapins pectinés sur sols pauvres, hêtres et chênes sessiles sur des terres plus accueillantes, je grimpe de parcelle en parcelle jusqu'à ce que le bleu du printemps nouveau-né vienne laver mon regard.


Craignant à juste titre quelques chausse-trapes et autres embûches concoctées par la boue chafouine, mes foulées circonspectes éclaboussent régulièrement le bruissant silence forestier. Je ne m'aperçois pas tout de suite de la beauté bleue qui s'élève au-dessus des frondaisons.


Je sors juste d'une parcelle de sapins, la brume s'élève du sol et vient ouater les chênes comme s'ils s'éveillaient progressivement d'un rêve profond. La paix de l'instant me guérit de bien des maux. Les larmes rendent enfin les armes, la vie continue...

Au moment de repartir, je ressens comme un appel, une impulsion qui me fait me retourner en direction des résineux que je viens de quitter. Ecouves a un dernier message à délivrer :


 Rayons de lumière,
A peine un souffle de vent,
Magie du matin.

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