Restrictions covidéennes obligent, le fameux entraînement à 19h30 sur piste du jeudi soir avec un tas de filles magnifiques et d'autres individus nonobstant sympathiques mais pourvus d'attributs nettement moins gracieux, le fameux entraînement, dis-je, est suspendu et ça n'a rien à voir avec des pratiques innommables effectuées autrefois sur des condamnés à mort.
Non, c'est la faute au couvre-feu qui jusqu'ici débutait à 19 h, nous empêchant de nous réunir, nous transformant par là-même en gallinacés tout juste bons à se coucher au crépuscule ou bien à enfiler des séries sur Netflix à défaut d'autre chose.
Ce groupe du jeudi, je l'ai créé il y a presque dix ans ; à l'époque, il s'agissait de faire profiter de mes fractionnés à Cathy puis vint Katia, Jannick, Carole, Laurence, Françoise, Sandrine, Stéphanie, Patricia, et encore Sandrine, Béatrice, Magali, Maliama et Laetitia mais aussi quelques garçons très gentils mais beaucoup moins beaux. Été comme hiver, le groupe a évolué et perduré jusqu'à ce que le coronavirus mette le boxon dans nos existences.
Ben, ça nous grattait à l'instar d'un prurit eczémateux depuis des semaines et, quand certaines filles m'ont demandé si des fois c'était pas possible que peut-être je pouvais être éventuellement disponible pour courir à 17h, j'ai sauté sur l'occasion comme la misère sur le pauvre monde. Et des deux pieds mon cousin !
Moi qui enchaînais les séries tout seul depuis des mois, j'ai retrouvé le plaisir du rendez-vous ainsi que celui de bavasser durant les quatre kilomètres nécessaires pour se rendre sur l'anneau de la Plaine des Sports sans compter l’ineffable félicité de cheminer avec de merveilleuses créatures qui tolèrent ma présence et ne me jettent pas de pierres alors qu'elles ont entre 20 et 30 ans de moins que moi. Comme quoi les jeunes générations sont tolérantes.
Ce jour, à 17h se présentent Magali, Sandrine et son Jéjé ainsi qu'Eric qui a la particularité d'avoir mon âge et ma taille mais qui pèse cinq kilos de moins que moi ce qui lui permet d'avoir l'impudence de finir tous ses cross devant moi, ce qui est une honte, il faut bien l'avouer.
Quatre petits kilomètres sous un ciel changeant, je leur promets du temps sec durant l'intégralité de la séance. Évidemment, il se met à pleuvoir en arrivant.
A part nous, il n'y a pas grand monde, juste de rares bellâtres qui font quelques pompes, quelques tractions puis passent de longues minutes à clabauder ou à consulter leur smartphone d'un air pénétré.
Nous, on est là pour courir mais depuis l'arrivée de Béa et Mag, les deux Roadrunners, on est plutôt là pour se défoncer. Avant je montrais ce qu'était courir aux filles, maintenant ce sont elles qui me font baver des ronds de chapeau.
Trois séries de 500 (200), 300(100) et 200(100). Boum ! Jéjé part comme une fusée et me laisse avec Sandrine et Magali emmenées par Eric. Je me dis que Béa n'étant pas là, les filles ne vont pas jouer au Bip Bip... Que nenni, dès les premiers 500 m, je suis décollé comme un vieux chewing-gum desséché peut l'être d'une sandale. Salement !
Première série, je me contente de suivre mes camarades à distance, allant plus vite sur les phases de récup pour les rattraper et faire illusion. Deuxième série identique, alors qu'ils frisent constamment le 18 km/h, je monte péniblement à 16 en ahanant comme un damné.
Et puis la troisième série. Les 500 m se passent comme les autres mais lors des 300 m, je colle à Sandrine qui m'emmène à 17 à l'heure. Autant dire que je suis en anaérobie. Et puis... est-ce un retour hormonal de ma part ou un coup de folie : le Lutin-Démon se réveille de sa longue hibernation et je pars comme un fou, visant le râble étique d'Eric qui prend la poudre d'escampette marri qu'il est de devoir se sortir les tripes pour éviter l'insupportable humiliation d'être passé par un vieillard de son âge censé lui rendre moult longueurs comme il se doit.
Pour ce dernier 200 m, nous laissons les filles derrière nous et franchissons la ligne à plus de 20 à l'heure. Je n'en reviens pas !
La semaine prochaine, le couvre-feu passe à 21 h et le jeudi, nous allons pouvoir derechef agiter les jambons en groupe et repeindre le monde avec de plus amples couleurs. Trop bien !
Excellent 👍👍👍
RépondreSupprimerComme à l'accoutumé c'est un vrai plaisir de te lire. Nous avons vécu les mêmes émotions : le plaisir de se retrouver, la complicité discrète de s'époumoner autour d'une piste. Un vrai régal cet entrainement si bien retracé dans ton écrit.
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