lundi 15 mai 2023

Traversée de la Baie de St Brieuc 2023 (34 km)

En mai, cours avec tes pieds mais t’étonnes pas qu'ils soient mouillés (Proverbe breton)

La baie de St Brieuc a le cinquième plus grand marnage du monde avec des marées pouvant monter à plus de 12 mètres et une mer qui peut se retirer jusqu'à 7 km, y'a d'quoi se mouiller le short si l'on n'y prend pas garde. 

Arrivé en fin de matinée avec la bande de Trail 61 mon club FSGT, je prends le départ du 34 km en compagnie des ceuzes qui ont choisi la distance intermédiaire. 

Photo Stéphane
 

Ce midi j'ai l'esprit joueur, j'ai pris deux gros bidons histoire de ne pas m'arrêter aux ravitos. Cependant, bien décidé à bouffer du concurrent à un moment ou à un autre, je prends le départ avec la circonspection de la hyène consciente de ses limites dues à son âge et à son modeste physique. 

Tout d'abord, une petite boucle dans le sable histoire d'étaler le beurre sur la tartine : 

Photo Mireille
 

Fichtre ! Les paltoquets démarrent comme s'ils avaient le fondement en flammes. Je me retrouve en quasi-queue de peloton. Je suis accompagné de Patricia que j'ai formée à la course à pied et qui m'a joyeusement piétiné lors de nos deux dernières compétitions, me mettant même trois quarts d'heure dans la vue lors de notre dernier marathon : Waza ari awazete ippon ! GRRR ! 

Cachant soigneusement mon tempérament haineux de fouine sanguinaire, je coache ma camarade en l'empêchant de griller ses cartouches lors des 14 premiers kilomètres. "Patricia, tu vas trop vite !" Ne sachant pas ce que j'ai derrière la citrouille, elle me remercie dans un premier temps mais comme la marée, le naturel revient au galop (alors que le naturiste revient au bungalow). Dès les premières déclivités, passé le fond de la baie (à ne pas confondre avec le fond de l'abbé tout aussi marécageux), je commence à progressivement attaquer sur les raisonnables côtelettes du GR, me permettant de commencer à doubler quelques gamins tout en assénant de perfides remarques sagittales à ma compagne de course : "Là, tu n'est pas censée marcher Patricia !" Je suis méchant aujourd'hui, je dois être en forme.

Retour vers le départ, on traverse en ligne droite durant trois kilomètres. Tout plat et tout mouillé ! Les courants sont assez profonds pour parfois nous faire marcher sous peine de douche. Très chouette.

Photo Stéphane

 Il reste 20 bornes à parcourir avec l'essentiel du dénivelé. Dès la grimpette vers le Petit Monaco, je commence à bombarder. Au bout d'un moment, Patricia m'informe qu'elle préfère jouer la prudence et marcher dans les côtes. Je la félicite pour son réalisme tout en jouissant méchamment du fait que je vais la planter là et ainsi nettoyer mon honneur maculé de si nombreuses taches que comme un vrai débile j'avais fini par croire indélébiles. Tu vas morfler Patricia ! Non en fait je ne vais lui mettre que onze petites minutes dans les gencives. On fait ce qu'on peut avec la prostate qu'on a !

Le Petit Monaco (Photo 2021)

Le parcours jusqu'à l'arrière de la Pointe du Roselier comprend du chemin agricole et un peu de route, pas trop fun. Je m'amuse à doubler des jeunes dès que ça monte et que ça descend. Les mêmes me rattrapent sur le plat, petit jeu qui se répète un temps jusqu'à ce que certains paient l'irrégularité de leur rythme. Hiark hiark ! Heureusement, il y a quelques passages techniques comme ce chemin creux hourdé de boue sur les bords duquel les pauvres concurrents à bout titubent alors que je déboule par le milieu, éclaboussant joyeusement le monde en me faisant traiter de Cochonnet. Mes petites-filles auraient plutôt cité Peppa Pig, question de génération...

A un moment, j'entends un trentenaire me croyant plus sourd que dingue glisser à sa copine : "Regarde, il a au moins 65 ans et il court tout le temps !" Les gamins me passent et je les repasse sans un pli à la difficulté suivante. 

Une fois contournée la Pointe du Roselier, je dois attaquer quelques buttes bien sévères et je m'efforce de courir quand je peux mais au bout d'un moment, doubler devient impossible et je dois renoncer à poutrer mes challengers lors des deux dernières grimpettes. Tant mieux car le dernier escalier m'a un peu coupé les pattes...

Photo organisation

Le retour se fait à nouveau par la mer. Deux bons kilomètres parcourus à une vitesse moins flambarde mais en courant tout de même car je vois nombre de jeunes qui marchent en ces derniers hectomètres. Ben pas moi car je me pique de courir encore même si mon drapeau menace d'être en berne :

Photo organisation
 

Je me permets de sprinter pour passer un quinquagénaire puis un gamin dans les derniers mètres. 3h57min, mon objectif est atteint : j'ai mis moins de quatre heures, je suis premier M6 (sur trois) et surtout, j'ai joué. Trop bien. 

Photo Jocelyne

Reste plus qu'à arroser la galette saucisse avec de la bière en ayant la frite. Direction l'Auberge de Jeunesse (hein ?) où tout le groupe va passer la nuit. J'ai fait des folies de mon corps et je grince sous la douche. Je dois m'oxyder... mais je me suis bien oxygéné sans me prendre la tête et ça, ça n'a pas de prix. 


 

Merci aux gentils organisateurs de Trail 61 ainsi qu'à ceux de la Vaillante de St Brieuc.


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