dimanche 26 septembre 2010

Trail d'Ecouves 2008

 
Le Lutin aime les animaux

Comme vous le savez peut-être, les Lutins ont pour principale responsabilité la protection des espèces animales et végétales. Ce dimanche 1er juin, pour la grande course de Radon, les fées de la forêt m'avaient confié deux spécimens rares et très particuliers de trailers : 

Le Benos (Barbarum clébardii)
Un solide mâle d'une espèce qui était fort courante du temps de Conan le barbare mais qui est maintenant très rare en milieu naturel même si on en rencontre encore quelques exemplaires errant dans les grandes surfaces. Le Benos est très sportif et bien monté. Il doit cela à un terrible entraînement quotidien. Voici une photo fort rare du Benos en pleine séance de musculation :


Le Monster (Dominicus Monstruosis Pilositem)
Malgré son aspect rugueux et massif, le Monster à poil dru est un charmant compagnon dont la présence égaye le foyer. C'est justement ce caractère doux et jovial qui a mené à une capture excessive des spécimens de cette espèce. Trop rares sont les Monsters sauvages; les derniers représentants de cette espèce vivant en liberté sont presque tous regroupés dans les montagnes du Tibet où ils se montrent peu et où l'on est près de croire qu'ils ne sont plus qu'une légende. Voici une photo prise par l'alpiniste belge Sandrine Van der Taz qui a réussi à attirer un Monster en l'appâtant avec une bouteille de bière :


Donc, me voici en compagnie de mes deux protégés et de cent trente autres trailers sur la ligne de départ du fameux trail qui va traverser une bonne partie de l'immense forêt d'Ecouves.
Le Benos se concentre sur son mantra préféré : 


Le Monster se détend comme il peut en relâchant sa pression intérieure :
 
 
Et c'est parti pour 61 km de rêve dans la forêt du Lutin.
 
 
Apparemment, le Benos se sent bien et part devant, fier guerrier sûr de sa force. Je ne m'inquiète pas pour lui, il a les armes qu'il faut pour se défendre. Je me concentre sur mon Monster qui répond au joli nom de Domi et nous cheminons plus que nous courons sur les doux sentiers humides d'Ecouves la  verte. 


Dès le début, nous sommes en fin de peloton et nous devisons aimablement, livrant chacun quelques parcelles de nos joies et de nos peines. Moi, parlant de ma Josette et lui de sa merveilleuse Taz, source de vie et d'énergie :

 Tant de beauté en si peu de place ! (le visage de la personne n'est pas montré pour respecter son intimité).

C'est presque en frères siamois que nous courons ainsi sous les glorieuses frondaisons de la Forêt des Légendes et même lorsque nous quittons le bienveillant abri des arbres, nous galopons l'un près de l'autre. Je crois que je l'ai apprivoisé mon Monster.

 photo Normandie Course à Pied

Soudain, mon compagnon commence à ressentir une irrépressible envie de dormir et il réclame son Doudou. En effet, c'est l'heure de la sieste et son horloge biologique lui commande de s'allonger. Je dois user de persuasion pour que mon Monster n'aille pas se coucher sur le premier tas de foin venu.
La fatigue s'installe et mon camarade souffre de plus en plus. Je fais ce que je peux pour  lui faire oublier sa lassitude en lui faisant des conférences sur la musique de Josquin Desprez ou sur l'influence des maîtres anglais de l'époque élisabéthaine sur la musique de viole du dix-septième siècle. Bizarrement, Monster a de plus en plus sommeil...
Soudain, nous sommes rejoints par la Fée Vetchar qui nous vient des sables de la côte Normande. Cette solide fée va faire ce qu'elle peut pour donner de l'énergie à mon ami, peine perdue...


Le rythme lent de la progression et la température modérée ont un effet inédit sur moi, je suis obligé de m'arrêter de nombreuses fois pour évacuer de l'eau et parfois la quantité est impressionnante !

Nous redémarrons, mon Domi est de plus en plus fatigué comme le montrent ses yeux en trou de pine  de plus en plus enfoncés dans les orbites.
Nous arrivons face à un mur impressionnant, une pancarte nous indique le passage :
 

Monster grimpe bravement le rocher sans se plaindre, encouragé par Madame Mustang qui nous attend au sommet.
 

Malheureusement, ce dernier obstacle est venu à bout de la réserve d'énergie de mon solide compagnon, et c'est la mort dans l'âme que je dois l'abandonner à une troupe de Lutins qui tiennent le ravitaillement des 40 km situé au Chêne au Verdier. Il est en sécurité avec mes frères de race mais j'ai quand même failli, je n'ai pas mené le Monster jusqu'au bout. Honte sur moi !
Je m'éloigne le coeur gros en le regardant une dernière fois se restaurer avec sa grâce naturelle :


Je suis dans les dix derniers concurrents de la compétition à ce moment mais le rythme de sénateur observé jusqu'ici m'a permis de garder une certaine fraîcheur. Je démarre donc sur un rythme soutenu. Je suis, dans cette dernière partie du trail sur mon terrain de jeu, chaque sentier m'est familier, chaque arbre me parle. Bien vite, je rattrape la fée Vetchar qui décline ma proposition de l'accompagner. "Fais-toi plaisir Lutin" me dit-elle. Elle a compris que je dois courir vite pour évacuer ce sentiment de frustration qui m'étreint. J'ai failli à mon devoir, je dois lâcher de la pression.
Je file donc... Voici les étangs où je plongeai l'année dernière, espérant échapper à un abandon inéluctable.


Une pancarte placée ici par d'autres Lutins farceurs rappelle le funeste et pourtant amusant incident :


Un bon éclat de rire et je repars, la montée ne me fait pas souffrir et j'ai le coeur plus léger.
Peu de temps après, je retrouve La Mouette et le grand Pascal qui dodelinent sur le sentier caillouteux puis, surprise, le Benos accompagné d'Al27 qui m'ont l'air aussi chauds que mes camarades Ecouviens. Je propose à mes amis de m'accompagner dans ma folle gambade vers Radon mais ils refusent. Benos me remercie même dans son langage inimitable qui sent si bon le terroir français.


Encouragé par ces bonnes paroles, je repars plein d'énergie. Le Chêne au Verdier à nouveau pour le dernier ravitaillement puis c'est le Rocher du Vignage : la descente la plus dangereuse, ma préférée. Personne ne me bat ici; j'y connais chaque racine, chaque caillou. Je passe deux concurrents assez médusés de voir un Lutin voler ainsi après 55km de course.
Le reste n'est que formalités, je passe encore quelques trailers et j'arrive à proximité de Radon. J'entends déjà la voix du Gérard, intarrissable et sympathique organisateur. C'est l'arrivée où je retrouve tous mes amis et le Monster dans les bras de sa Taz.

 
Le Benos ne tardera pas à arriver (enfin 30 min après quand même...), toujours en compagnie du valeureux Al27. Benos est un guerrier, ce n'est pas parce qu'il a fait un cent bornes il y a trois semaines et un 52 km il y a quinze jours qu'il risquait de caler sur un malheureux trail de 61 km ! Vetchar, La Mouette et le grand Pascal arrivent dans le quart d'heure suivant. 


Je retrouve aussi ma courageuse Josette qui vient de terminer son trail de 33km. Nous ne sommes pas frais mais heureux de nous retrouver.


Il ne reste plus qu'à retrouver les Kikous et autres Ecouviens pour un pique nique bien arrosé. 
 
 
A l'année prochaine !

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