mercredi 22 août 2012

Omaha Beach Trail 2012


En pleine canicule, où va se réfugier le trailer ? Ben, sur la côte normande pardi ! Bon, encore faut-il la trouver car ce dimanche 19 août, alors qu'il fait 35° à Paris et qu'il fait à peine 18° sur la route qui nous mène à Saint-Laurent-sur-Mer,  nous avons bien du mal à ne pas nous perdre tellement la brume est épaisse. 

C'est Germaine, ma cousine, qui conduit avec la circonspection d'un GI  traversant un champ de mines. Elle me sait sensible du tuyau à frites et n'a pas envie que je décore sa nouvelle voiture des reliefs du monstrueux petit déjeuner que j'ai pris en me levant ce matin : 1 litre de thé, 4 cafés, 250g de pain décoré de corps gras ou sucrés. Un truc pareil, ça ressort et votre guimbarde ne cote plus à l'argus. Le Mustang, qui nous accompagne, se félicite secrètement de ne pas avoir proposé de nous véhiculer dans sa luxueuse automobile pourvue de sièges en cuir marron clair...

La route du littoral tournicote comme mon bol alimentaire et c'est avec plaisir que je peux enfin sortir de la Ford pour respirer un bon coup. Je dois courir 25 bornes dans moins d'une heure et j'ai la barre au niveau de l'estomac ; et ce genre de barre n'a rien de glorieux, tenant plus du gastrique que de la trique...

Ayant récupéré nos dossards et nous étant équipés, nous nous dirigeons vers la plage non sans nous arrêter devant le musée où nous nous faisons tirer le portrait par un touriste californien venu certainement en pèlerinage sur les traces d'un de ces 34 000 Américains qui débarquèrent ici un jour de juin 1944.


Germaine va courir le 11 km et nous les vieux, on va se manger le 25 km. Faut pas mollir !

Avant le départ, nous avons le plaisir de revoir  Laïla et Etienne, deux Kikous qui étaient venus courir en Ecouves l'année dernière. Laïla va finir première féminine du 25 km trois minutes devant moi. Bravo le p'tit chat !


Nous saluons aussi Patcap, un des organisateurs de l'incroyable course d'Hérouville, autant dire un bienfaiteur de l'humanité...


Tiens, le Patcap et sa casquette rouge s'envolent dès le démarrage sur la plage. Vu les pattes de héron nourri à la levure de l'individu, je ne cherche pas à le suivre bien que l'envie m'en titille. J'ai trop à faire avec ma tuyauterie pour le moment. 


Si le dénivelé reste modeste, il est cependant brutal et, dès la première falaise, je me félicite de n'avoir pas pris de départ trop précipité. 

La bonne surprise du trail, c'est que les organisateurs nous ont concocté un parcours aux petits oignons, variant les terrains et les paysages sans oublier l'histoire du site. Malgré l'effort fourni, j'apprécie vraiment la multiplicité des milieux traversés.


Nous cheminons un moment le long de la falaise avant de retourner vers Vierville par les champs.


C'est à Vierville-sur-Mer que nous passons par un pont provisoire laissé là par l'armée américaine.  


 S'en suit une longue progression en campagne qui, si elle est un peu monotone, permet de récupérer un peu. Et c'est pas du luxe vu ce qui va suivre...


Nous revenons à Saint-Laurent passant même par le site d'accueil du trail puis nous longeons la plage en direction du cimetière de Colleville.


Le tour du grand mémorial américain se fait dans une sorte de marais luxuriant, ajoutant une touche de fantastique au périple. C'est comme si les esprits de quelques soldats venus de Louisiane avaient importé un peu de leur terre pour reposer ici en paix.


Le chemin continue vers Sainte-Honorine-des-Pertes, alternant forêt, champs et marais. Aucun dénivelé ne nous est épargné et on en redemande.


Depuis le dixième kilomètre, je me sens de mieux en mieux et c'est préférable car la fin de la course va valoir son pesant de cacahuètes.


Ce n'est pas moins de quatre montées et descentes de falaises qu'il va falloir consommer sans modération dès lors. J'ai passé les 20 bornes en 1h54 et je compte bien boucler le trail en moins de 2h30. Pour ce faire, il me faut trouver quelque chose de motivant comme une victime à poutrer car sans méchanceté, je cours comme une limace asthmatique sous Prozac.


Yes ! Voilà Patcap, le sympathique échassier qui me semble  en difficulté après un passage particulièrement escarpé. Il est jeune, il est grand, il est gentil : c'est une victime toute désignée pour l'infect Lutin. Je le passe en l'apostrophant avant de tomber plus que je ne descends. Patcap est décollé comme une affiche électorale un lendemain de scrutin et le fait de le savoir derrière moi va me permettre de terminer au maximum de mes possibilités. Et ça marche !


Les montagnes russes continuent et l'organisation nous gâte en nous faisant courir sur des galets avant de remonter vers la dernière falaise où, encore une bonne idée, nous traversons un blockhaus avant de revenir sur la plage.


Il reste deux kilomètres de plage, j'ai fait le trou derrière moi et je pourrais terminer tranquillement mais... il y a un type devant moi. Je fais donc tout pour le poutrer et j'y arrive.

C'est vrai que j'ai l'air hargneux !

"Attends-moi", qu'il me dit ! Il me prend pour l'Abbé Pierre ? Histoire de ne pas passer pour un monstre, je l'encourage à me suivre et je passe la ligne d'arrivée en 2h25 avec le gars tout content sur mes talons. Il va même jusqu'à me remercier de l'avoir tiré.


J'attends le Patcap à l'arrivée, il me sourit car c'est un brave gars. 

En attendant le Mustang, je retrouve Germaine qui  a fini 4ème V1 du 10 km à 7 secondes du podium. Pas mal pour une débutante...


Son manque de méchanceté lui a certainement coûté la troisième place. J'ai deux ou trois trucs de Lutin à lui apprendre et je suis sûr que d'ici peu, elle va apprendre à conjuguer le verbe poutrer à tous les temps !


 Le Mustang arrive enfin, fort content de sa course et à juste titre élogieux à propos de l'organisation. 

Absent durant toute la journée, le soleil daigne enfin apparaître, donnant un air de vacances à cette immense plage, théâtre, douze ans avant ma naissance, d'un drame de feu et de sang. 

Cette impression de liberté que nous procure le trail, cette ivresse des grands espaces, cette joie de courir ensemble sur les falaises normandes, tout cela nous le devons aussi à ces soldats américains qui débarquèrent ici un matin de juin 44. Qu'ils en soient remerciés.



 




2 commentaires:

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