mardi 5 mai 2020

Cent mètres carrés : Mes diptères (I)

Cette série de billets a pour but de faire un catalogue forcément incomplet des arachnides et insectes photographiés par mes soins dans mon petit jardin urbain d'Alençon de seulement 100 m². J'avais déjà commis un billet en 2017 mais je m'étais arrêté à 100 spécimens alors que chaque année m'apporte de nouvelles surprises ; de plus, ce billet ne comportait que des photos. Ce  petit hobby scientifique m'a beaucoup appris, entre autres que, pour qui sait regarder, la beauté de la nature est infinie. J'estime l'identification des espèces exacte à 95%. Que les spécialistes pardonnent mes éventuelles erreurs et qu'ils m'en fassent part que je les rectifie. Voir en fin de billet pour les liens vers l'intégralité de mon bestiaire jardinier.


Diptères (1ère partie)

Les diptères, sont des insectes qui ne possèdent qu'une paire d'ailes (d'où le nom), la deuxième paire étant généralement réduite à l'état de balanciers servant de stabilisateurs durant le vol. Parmi les diptères, se situe la famille des moustiques fameux criminels en série qui tuent un million d'humains par an sur Terre (par les maladies qu'ils inoculent) alors que l'homme n'est même pas capable d'en tuer la moitié (430 à 480 000 meurtres pas an, petit joueur !). Vous ne trouverez pas ici de photo de moustique car j'ai tendance à les trucider supportant mal d'être pompé au niveau sanguin. A noter que ce printemps, j'ai déjà assassiné une bonne dizaine de moustiques tigres (qu'ils sont lents !) alors qu'ils ne sont pas signalés dans l'Orne et dans les départements limitrophes).

Une grande majorité des diptères sont appelés mouches et j'espère contribuer à la réhabilitation de ces insectes souvent très utiles et parfois très beaux, il suffit de les regarder de près. Ce premier chapitre est entièrement consacré aux syrphes de mon jardin. Les syrphes, facilement reconnaissables à leurs couleurs sont de remarquables et indispensables pollinisateurs, aussi importants mais moins connus que les abeilles.


 Volucella zonaria

Cette magnifique mouche de grande taille (2,5 cm) c'est la volucelle zonée, elle est appelée mouche frelon par les Anglais car elle imite visuellement le frelon mais rassurez-vous, elle ne possède pas de dard et n'est pas équipée pour mordre. Cela dit, son aspect décourage de nombreux prédateurs qui hésitent à se frotter à ce qu'ils pensent être un hyménoptère irascible. Cette volucelle ne fait pas qu'imiter le frelon, elle le parasite en pénétrant dans les nids, protégée par son aspect mais aussi par les phéromones trompeuses qu'elle dégage et elle y pond ses œufs. Après éclosion, lorsqu'elle quitte la cellule qu'elle occupe, la larve de volucelle se nourrit de débris ou même de cadavres de frelons, effectuant ainsi un rôle de nettoyeur utile à la colonie de ses hôtes.

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Volucella pellucens

Un peu plus petite,  la volucelle transparente est appelée ainsi car une partie de son abdomen est constitué de sacs aériens utiles au vol en allégeant l'insecte. C'est un ectoparasite de la guêpe commune mais elle ne cherche pas à imiter son aspect, se fiant aux odeurs qu'elle dégage et qui trompent suffisamment ces hyménoptères pour qu'on la laisse pondre ses œufs à l'intérieur du nid. Comme pour sa cousine zonée, les larves de la volucelle transparente se nourrissent en servant d'éboueurs du nid de guêpe. Ce type de parasitisme est donc proche d'une forme de symbiose.

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 Helophilus pendulus

L'hélophile suspendu est un très joli syrphe habitué aux zones humides (hélophile : qui aime les marais), ce qui ne l'empêche pas de rayonner jusque chez moi (j'habite à 1000 m de la Sarthe et de ses zones inondables). C'est bien sûr un butineur comme tous les syrphes mais sa larve est aquatique et elle se nourrit en se déplaçant dans des eaux chargées en matière organique la tête en bas, respirant par son siphon postérieur qui affleure à la surface.

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Merodon equestris

La mouche des narcisses imite cette fois-ci un petit bourdon mais ne cherche pas à parasiter cet animal. Ce syrphe assez précoce au printemps dépose ses larves dans les bulbes de narcisses et de lys où il peuvent faire quelques dégâts en creusant des galeries pour se nourrir, les adultes se nourrissent du pollen et du nectar de ces fleurs.

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Eristalis tenax

L'éristale tenace (ou gluant ou  mouche pourceau) est un syrphe très courant que l'on peut confondre avec l'abeille à cause de sa taille, son aspect et sa façon de voler et de butiner sur place. Cette mouche est bien sûr totalement inoffensive. Vous en voyez souvent voler en stationnant un moment dans un rayon de soleil pour plonger habilement et subitement car ce sont d'excellents voiliers. Les noms peu flatteurs qu'on lui attribue sont dus à son habitude de pondre dans des endroits fortement pollués comme le purin, les eaux stagnantes très chargées en débris organiques et bien sûr les toilettes au fond du jardin dont la quasi disparition est un véritable drame pour un bon nombre d'espèces de diptères. La larve de cette mouche pourceau est bien moche en forme de ver à queue de rat, elle se nourrit des déchets trouvés dans ces eaux polluées, effectuant ainsi son travail de nettoyeur ; sa queue lui sert juste à affleurer à la surface de l'eau pour lui permettre de respirer. Rassurez-vous, l'adulte est parfaitement propre et se nourrit en butinant.

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Eristalis pertinax

Pas facile à distinguer de sa copine... L'éristale opiniâtre a un abdomen plus conique et surtout les tarses 1 et 2 jaunes. Son comportement et celui de ses larves à queue de rat est identique à ceux de l'éristale tenace. Après tout, tenace et opiniâtre sont synonymes...

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Eristalis arbustorum

L'éristale des arbustes est un peu plus petit et un peu plus gracieux. On le trouve butinant les apiacées, les cirses, les chardons, le séneçon, les centaurées... Ses larves sont, elles, aussi moches que celles de ses camarades éristales et elles se nourrissent aussi dans le caca... On ne se refait pas.

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Eristalinus sepulchralis

L'éristale sépulcral (si, si c'est masculin) se reconnaît bien à son regard tacheté. C'est plutôt un insecte des milieux humides et stagnants. Ses larves se développent dans l'eau boueuse ou même polluée par du lisier. Les adultes ne nourrissent sur un tas de fleurs et sont donc de bons pollinisateurs.

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Myathropa florea

Voilà un nom plus avenant : le syrphe des fleurs. Les anciens l’appelaient le syrphe tête de mort à cause du dessin sur la partie supérieure de son thorax, ils ignoraient en fait qu'il s'agit du signe de Batman que tout le monde reconnaît aisément. L'adulte est un grand amateur du nectar d'un tas de fleurs, sa larve "queue de rat" se développe dans les eaux stagnantes chargées en matières organiques comme celles des autres éristales.

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Epistrophe melanostoma

Le syrphe de mai est un butineur polyvalent, comme tous les épistrophes, ses larves se nourrissent de pucerons, bonne nouvelle pour les jardiniers !

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Epistrophe eligans

Ce joli syrphe qui brille comme de l'or est qualifié d'élégant. Lui est ses larves ont le même comportement que le syrphe de mai. Une étude a été menée sur les larves de cet insecte, mettant en évidence une éclosion plus précoce qu'il y a vingt ans, preuve supplémentaire du réchauffement climatique.

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 Syrphus ribesii

Ok, il n'est pas à sa place sur une poire mais c'est un syrphe du groseillier sur lequel se développent ses larves apodes qui se nourrissent de pucerons et mon groseillier, il en a des tonnes de pucerons !


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 Episyrphus balteatus


Nous en arrivons aux syrphes de petite taille que les âmes craintives prennent parfois pour des mini guêpes. Le syrphe ceinturé est une véritable bénédiction de la nature car, en plus d'être à 100% inoffensif, c'est un pollinisateur hors pair, notamment du colza qui aurait bien du mal à se développer sans ce petit insecte ; mais ce n'est pas tout, sa larve est une grande consommatrice de pucerons (elle peut en 10 jours de croissance consommer jusqu'à 1000 pucerons) et l'on commercialise d'ailleurs ces insectes pour en protéger les cultures, entre autres sous serre.


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Scaeva selenitica

Pour qui n'est point trop attentif, tous ces petits syrphes se ressemblent. Celui-ci butine un grand nombre de fleurs et sa larve a une préférence pour les pucerons des conifères qui sont plus gros.

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Sphaerophoria scripta

Le syrphe porte-plume est très fin, d'où son nom. La femelle a le bout de l'abdomen pointu contrairement au mâle présenté ici. Comme ses collègues, c'est un très bon pollinisateur et ses larves en forme de sangsues boulottent les pucerons avec entrain. Cette espèce est migratrice et elle hiverne dans le sud de l'Europe.

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Eupeodes luniger

On ne va pas se répéter quand même : butinage et pucerons. Les maraîchers apprécient particulièrement ces petits syrphes. A noter qu'une révision des eupeodes (4 espèces dans nos régions  d'Europe de l'Ouest) a eu lieu en 2007 et que certains spécialistes affirment qu'on ne peut vraiment les distinguer qu'en disséquant les parties génitales (comme quoi, ça existe vraiment les gens minutieux qui ont des pratiques répréhensibles envers les mouches). Vu la taille de l'animal et l'état de ma vue, j'en resterai à mes observations actuelles.

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 Xanthogramma pedissequum

Contrairement à ce que j'ai lu sur Wikipedia, ce petit syrphe est courant dans toute l'Europe de l'Ouest même s'il ne pullule pas. Il a les même mœurs que ses camarades cités plus haut mais il est à remarquer qu'on a retrouvé des larves de cette espèce se nourrissant dans des fourmilières d'éleveuses de pucerons (eh oui, certaines fourmis élèvent les pucerons pour les "traire"). Les connaissances étant limitées sur le développement de cette espèce, on ne sait pas encore quelles sont les stratégies développées par ces larves pour ne pas se faire agresser par les fourmis qui sont très jalouses de leur cheptel.

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Xylota segnis


La xylote indolente m'a demandé bien des efforts pour son identification et j'ai dû recourir à l'aide du site Quel est cet animal. Ce petit syrphe se balade volontiers sur les feuilles où elle mange les grains de pollen ou "suce" les pucerons qu'elle peut trouver, ceux-ci regorgeant de miellat sucré. Ses larves se nourrissent de sève mais on en a trouvé aussi dans des restes humains en décomposition selon certains entomologistes britanniques.

Mise à jour du 17 août 2023











2 commentaires:

  1. mais c'est fou cette variété de bestioles ailées ! j'en reconnais un certain nombre, même si en région parisienne la variété est moindre. Nous avons surtout pas mal de bombyles (les petites mouches velues qui font du vol stationnaire)

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    1. Le bombyle sera abordé dans mes diptères (III). Merci pour votre commentaire.

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