Un dernier regard vers l'île Milliau et nous quittons Trébeurden en direction de la pointe de Bihit. Jusqu'à l'embouchure du Léguer, le GR suit un très beau sentier des douaniers. Il commence à faire chaud (pour des Lutins) et l'ombre est assez rare. Nous avons emmené boisson et ravitaillement car nous savons que ce parcours est plutôt sauvage. Nous le connaissons bien pour l'avoir couru lors de l'Ultra Tour des Côtes d'Armor.
Au bout d'un peu moins de 9 km, nous entamons la descente vers le chemin de halage pour pénétrer dans la vallée du Léguer que nous allons remonter. Contrairement aux autres rias, celle-ci est fort étroite mais aussi longue. Il fait de plus en plus chaud et nous trouvons enfin un coin à l'ombre pour pique-niquer au bout de trois km de plat.
Il nous reste encore six bons km pour arriver au but dont bons km le long du fleuve. C'est un peu monotone mais ça va vite. Arrivés à Lannion, nous contactons notre logeuse qui vient nous chercher en voiture pour nous emmener dans une chambre d'hôtes carrément confortable, et je ne parle pas du petit déjeuner impérial à 5 € ! Une fois rafraîchis, nous musardons parmi les maisons anciennes et les venelles de Lannion. La ville est bien agréable ainsi que la brasserie que nous choisissons pour manger le soir avec son gérant aussi professionnel que sympa et sa serveuse rousse magnifique propre à ouvrir l'appétit de n'importe quel randonneur. Nous mangeons avec entrain, arrosant nos victuailles comme il se doit.
Une fois de plus, nous ne verrons pas le coucher de soleil...
Etape 9 : 16 juin Lannion-St Michel en Grève (21,92 km - 523 m D+)
La descente du Léguer n'a rien à voir avec sa remontée. Escarpé, sauvage, exigeant, ce chemin est magnifique mais aussi désert contrairement à son vis-à-vis. Ce n'est pas le genre de coin pour y balader sa grand-mère ou alors si on veut hériter.
Nous retrouvons un peu de civilisation en passant par le très joli port du Yaudet situé au 8ème km de notre périple mais il faudra encore quatre km pour enfin sortir de l'estuaire et arriver au bord de la mer.
Le premier point civilisé (possédant des bières) se trouve sur la presqu'île de Loquémeau. Là, le fish and chips s'impose ! La suite est loin d'être plate et le GR n'est pas toujours dégagé. Nous rencontrons d'ailleurs l'employé communal chargé de l'entretien. Marcher sur des tapis de fougères fraîchement coupées n'est pas vraiment aisé et quand ça ne glisse pas, c'est parfois acrobatique car on n'a pas la même proprioception avec un sac à dos faisant autour de 10 kg.
Lors d'une pause, nous rencontrons un randonneur d'environ 70 ans qui
partage notre coin d'ombre. Le gars voyage avec duvet et tente en ne
dépassant pas 7 kg de charge. Il couche n'importe où, ne transporte
qu’un demi-litre d'eau à la fois, repérant les cimetières pour remplir
sa gourde et taillant littéralement dans le matos, allant jusqu'à couper
le manche de sa brosse à dents pour alléger le poids. Un pro, nous on
passe pour des bourgeois à côté...
Nous arrivons enfin dans l'immense baie de St Michel en Grève où nous préférons passer par... la grève. Nous découvrons un magnifique village à taille humaine et aux habitants accueillants. Notre gîte avec vue sur mer est presque trop beau pour son prix modique. Ici, peu de commerces mais une baraque à frites tenue par une dame au style réunionnais. Nous y mangeons fort simplement dans l'ambiance conviviale du coin. Ce ne sont pas des touristes mais les gens du coin qui traînent sur la plage. Nous sympathisons avec un mécano biker d'une petite soixantaine accompagné de ses amis, il a un t-shirt marqué "Bike, sex and Rock n'Roll", voilà qui est fort sympathique. Le gars nous propose de nous photographier :
Vous remarquerez que c'est de l'Orangina ! |
C'est dans la chaleur humaine que nous terminons cette douce soirée d'été sur la plage de St Michel en Grève. Encore une belle découverte.
On prévoit 29 degrés cet après-midi. Même si c'est moins que les 37 degrés qu'il fera à Alençon, c'est beaucoup trop pour notre espèce. Nous partons plus tôt que d'habitude.
Après un deuxième petit déjeuner à St Efflam, nous arrivons enfin au bout de la Baie et, après plus de 6 km de marche, nous admirons une dernière fois le paysage avant de basculer de l'autre côté.
Le contour du Beg Douar et de la pointe de Plestin se fait sur un terrain assez accidenté mais nous en avons l'habitude.
Nous descendons longuement la baie profonde afin d'arriver à Locquirec, ce qui prend presque une heure. Nous recherchons de plus en plus l'ombre car ça commence à taper quelque peu.
Une fois le pont franchi, nous sommes arrivés en Finistère. Locquirec est une station assez importante et très vaste. Le GR traverse le camping municipal pendant près d'un kilomètre puis grimpe parmi les villas. Arrivés dans le quartier du port, nous trouvons un petit restau qui nous propose une omelette à l'espagnole pour un prix raisonnable. Au sortir du restau, nous avisons un robinet qui va nous permettre de mouiller casquettes et T-shirts avant de repartir. Encore une pointe, encore du dénivelé mais cela n'a rien à voir avec ce que nous avions subi l'année précédente (presque 3000 m de plus pour deux semaines).
Guimaëc est à l'intérieur des terres. Je n'ai rien trouvé à proximité du GR et en plus, je me suis fait annuler deux locations de suite par des propriétaires étourdis. Donc : quatre bornes de route en plein soleil. On est cuit en arrivant. Au bar-boulangerie, nous commandons deux bières à la pression, la boulangère ne connaît même pas la marque de sa bière. D'après le goût d'urine, ça ne doit pas être loin de la Kro. Nous allons ensuite à l'adresse indiquée sur Airbnb. On sonne, pas de réponse. Je téléphone à la propriétaire : "Euh, j'ai mis cette adresse car c'était plus pratique... mais vous deviez me téléphoner pour que je vienne vous chercher.
- Ben oui mais on était en avance.
- Bon c'est 500 m plus bas sur la route."
Là, on trouve un grand corps de ferme. Nous sommes accueillis fort gentiment par la propriétaire qui nous montre la chambre qui est rangée et propre contrairement au reste de la carrée qui est un foutoir étonnant. Jamais vu ça... C'est comme si la dame avait eu une quinzaine d'ados sur place alors qu'elle n'a que son fils de 24 ans et sa copine.
Bon, il y a une douche partagée et une machine à laver dans le bazar des sanitaires, ça c'est bien. Nous passons une soirée au calme vu que les jeunes sont sortis avec une copine et que la dame est partie dormir chez une amie. Nous ne la reverrons pas et nous prendrons tous deux le petit déjeuner dans le capharnaüm de la grande salle cherchant vainement le sucre qui était peut-être dans la bibliothèque ou le placard à balais. A propos de bibliothèque, nous y avons trouvé un ouvrage fort intéressant qui n'avait manifestement pas été ouvert, portant toujours son bandeau publicitaire et étant couvert de poussière :
Apparemment une étape pas trop longue mais en fait la plus pénible. Nous avons négocié avec la copine des jeunes qu'elle nous emmène en voiture à la Plage du Moulin de la Rive où nous avions entamé les éprouvants 4 km de route ; le début de la balade est très beau quoiqu'assez physique. Mais on n'est pas des débutants...
En approchant du Beg an Fry, le terrain devient difficile d'autant plus que de nombreuses parties sont encombrées par de hautes fougères. Mais bon, c'est très beau.
Nous faisons le yoyo avec un groupe de trentenaires genre rugbymen qui randonnent ici pour la journée. Les jeunots sont un peu étonnés de nous voir ici et comprennent à qui ils ont affaire en voyant nos T-shirts de trail de la mort qui tue. J'avoue, je frime un peu mais ce n'est pas de la vantardise et ça ne mange pas de pain. Cela dit, cette corniche fait 12 km de long et ça irait quand même si la commune avait pensé à entretenir le chemin car à chaque descente, on tombe dans des champs de fougères de deux mètres de haut rendant la progression très difficile sans parler des tiques qu'on finit évidemment par attraper.
Ce n'est qu'en parlant avec un local au terme de ce Golgotha breton qu'on aura l'explication : la commune attend la fin juillet que les ronces aient poussé pour faire un entretien global. Tout le monde apparemment connaît le problème de ce GR dangereux à force d'être obstrué mais la commune s'en fiche. Dommage, ce site est exceptionnel, je recommande donc de le parcourir au début du printemps ou à la fin de l'été. Tout cela ne nous a pas empêché de faire une belle rencontre :
Un autour des palombes s'est imprudemment posé sur le chemin et a bien du mal à s'envoler, ne pouvant correctement déployer ses ailes (jusqu'à 1 m 30 d'envergure pour les femelles). Nous nous trouvons nez à bec avec le rapace et, vu le rasoir qu'il a entre les yeux, je ne m'amuse pas à lui faire un bisou et reste à un mètre de la bête. L'animal est effrayé, je lui explique qu'il n'a rien à craindre des Lutins cependant, il se met à sautiller de roc en roc au fur et à mesure de notre progression. J'ai compris son problème et je l'incite à monter sur une aire dégagée qu'il finit par atteindre. L'oiseau prend finalement son envol et en voyant le bestiau, je me félicite de n'être ni choucas, ni pigeon ou mouette et même faisan car l'autour est un redoutable prédateur. Encore une belle rencontre.
Il faudra encore un bon moment pour avoir l'honneur d'arriver à St Jean du Doigt et bénéficier d'un terrain plus facile. Plougasnou n'est pas loin et nous y effectuons un crochet pour faire des courses en prévision de la rando suivante.
L'hébergement se trouve tout au bout de Plougasnou, sur la plage de Primel-Trégastel. C'est un ancien hôtel transformé en chambres d'hôtes. L'établissement est magnifiquement meublé et décoré dans le style années 20. Les patrons sont plus âgés que nous et sont aussi charmants qu'hyper professionnels, la chambre carrément luxueuse, du quatre étoiles pour le prix de trois. Nous optons pour le repas du soir, c'est le patron qui fait la cuisine et il a semble-t-il une grande expérience dans la profession. EX-CEL-LENT ! Et pour un prix plus qu'honnête. La serveuse est mignonne, très jeune et très au point, ça sent l'élève d'école hôtelière en stage. Nous passons donc le début de soirée à l'intérieur de la verrière art déco du restaurant de l'établissement, traités comme des coqs en pâte par nos hôtes. Ça nous change d'hier où nous avions été traités comme des poules au pot... Les nuages au dehors sont bien présents et le vent forcit de plus en plus. Qu'on est bien ici à l'abri des éléments !
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