dimanche 1 novembre 2020

Coronavicross

 Ça avait commencé presque normalement. Enfin presque... il avait quand même fallu renoncer au marathon de la Rochelle qui venait d'être annulé alors que le plan d'entraînement dédié venait juste de débuter. Qu'à cela ne tienne, le plan avait été maintenu jusqu'au bout à la demande de mes partenaires, histoire de garder la forme. Et puis, hors de question de reconfiner nous assurait-on en plus haut lieu.

Gestes barrières, distanciation, limitation des regroupements, gel hydroalcoolique (mélanger eau et alcool, quelle horreur !), nous on voulait tout bien tant que nous pouvions courir au moins notre saison de cross.

Le cross c'est une longue histoire, notre ADN, la base racinaire de notre discipline, j'allais quand même pouvoir pour ma sixième saison V3 en découdre sans perdre ce fil sportif qui me raccommode à la vie, me faisant oublier le temps qui passe. Le temps qui passe...
 
Rânes 2008 (Mustang, Allain, Lutin)
 
L'année précédente, nous avions enfin touché nos nouveaux maillots de l'AS Enseignants, les anciens nous arrivaient à mi-cuisse et nous donnaient l'air de ploucs emblousés. Trois quinquagénaires en pleine forme sur cette photo et une saison de cross à couteaux tirés entre moi et le Mustang lors de laquelle la poudre parla et le sang coula pour de rire. Allain ne court presque plus et le Mustang s'en est allé. Il y a de quoi se la prendre et se la mordre mais elle peut encore servir donc je vais m'abstenir. Et puis j'ai toujours détesté la nostalgie.

Rânes 2020 (Photo Marie Léveillé)

Masque au départ, masque à l'arrivée, vu le temps brouillasseux bien humide, je me mets une serpillière sur le nez une fois la ligne d'arrivée franchie. Incroyable, je finis 4/26 V3 alors que j'arrive à 65 berges. Toujours la même hargne, toujours la même méchanceté et ce coup de tête vers l'arrière en fin de parcours pour m'assurer qu'un paltoquet mal intentionné ne cherche pas à me provoquer au sprint. Je ne suis pas le meilleur mais je suis le plus vindicatif. Pandémie oblige, pas de regroupements et pas de vin chaud à l'arrivée. Tout fout le camp ! Je m'enfile deux bière au cul de la bagnole en me disant qu'il me restera six cross pour digérer cela.

Ben non, quelques jours après, un type avec une tronche de premier de la classe nous annonce qu'il va falloir regagner nos pénates et nous contenter de courir autour du pâté de maison une heure par jour. Enfer et tartemolle, je venais d'étrenner une nouvelle paire de pointes de cross qui était assortie avec mon vieux maillot que je traîne depuis 13 ans ! Plus de copines, plus de piste, plus de forêt !

On va être sérieux et se conformer à la Loi, il faut dire qu'il y a quand même trois personnes en réanimation dans mon département. Je rechausse donc mes running et cours à nouveau mes 10,5 km quotidiens autour de chez moi. Je crois que je vais quand même me la prendre et me la mordre...



4 commentaires:

  1. Du vrai , du pur , du dur ( enfin presque ) du C.R de Lutin comme on les aime .

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  2. "Se la mordre, j'ai pensé tout de suite à la tête parce que, elle, la têtepeut encore servir ��
    Puis après je me suis dit la langue, c'est plus logique que la tête.
    Je ne voyais aucune autre image sans prétention de ta part��
    Bisous au plaisir de te lire

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    1. Hou, la tête c'est ce qui me sert le moins, surtout quand je cours...

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