mardi 12 août 2025

Neil, Jo and Me

On est fin 1972. Je vais bientôt avoir 17 ans, pourtant je suis encore en seconde et j'aurai encore une classe à redoubler avant le bac mais j'y arriverai n'étant pas brillant mais extrêmement opiniâtre.

Entre copains, nous parlons beaucoup musique, il faut dire que nous vivons une époque bénie lors de laquelle les artistes à l'instar des Beatles récemment séparés jouissent d'une grande liberté qui leur sera plus tard retirée par le Marché. Depuis le milieu des années 60, on assiste à une explosion plutôt qu'à une éclosion de styles et d'inventions diverses allant de la West Coast américaine jusqu'à l'électro allemand en passant par la musique progressive anglaise qui révolutionne l'écriture musicale avec ses morceaux allant jusqu'à une vingtaine de minutes (limite physique d'une face de vinyle 33 tours).

Ma passion envers le travail scolaire est inversement proportionnelle à celle envers la musique ; à cette époque, les galettes de vinyle de 30 cm de diamètre coûtent cher et ma collection est limitée nonobstant le fait que j'y mette les deux tiers de mon argent de poche.

A cette époque, j'ai une bonne copine. Ma meilleure copine en fait. C'est une fille simple, sans chichis avec laquelle on peut parler librement et en plus, elle a deux grands frères dont l'un travaille déjà et a donc les moyens de s'acheter des disques. 

Si je suis intarissable sur les Beatles, je suis loin de tout connaître et Josette a décidé de m'ouvrir à de nouveaux horizons musicaux. C'est ainsi qu'elle me fait découvrir Tommy des Who, les premiers albums de Pink Floyd parus en 67 et 68, ceux de Jethro Tull, de Caravan, de Deep Purple et bien sûr l'immense John Mayall et son magnifique "Blues from Laurel Canyon". Dans le lot de vinyles échangés dans la cour ou le gymnase du lycée se trouva un jour le quatrième album de Neil Young "Harvest" qu'elle appréciait particulièrement. Moi, j'ai bien aimé même si je préférais le jeune bison avec ses copains Crosby, Stills et Nash.

 

J'en suis longtemps resté là  même si j'ai apprécié l'Album "Trans" dans les années 80 (Je dois être le seul...). Puis, une cinquantaine d'années plus tard, je me suis aperçu que le Neil plus si Young avait produit des merveilles depuis les années 90 comme "Ragged Glory" qui avait inspiré bien des musiciens grunge, mais aussi les productions récentes studio ou live. En peu de temps, j'avais rattrapé mon retard quand...

Finalement, quand on a une si bonne copine, on la garde et ça fait 52 ans qu'on est ensemble. Ça évite d'acheter des disques en double. Josette est ravie d'assister au spectacle d'une légende comme ce fut le cas précédemment pour Mayall et King Crimson.

J'ai dégotté un garage rue Championnet et il nous reste à peine deux kilomètres pour atteindre l'hôtel situé à 300 mètres de la salle de spectacle. Ce sera deux kilomètres qui sentent l'urine, le quartier n'est pas brillant et jonché de détritus. Ça ne ressemble pas à ce qu'on a vu à la télé pour les JO ! En chemin, nous nous arrêtons dans une brasserie pour manger un peu. J'aime les brasseries parisiennes qui me font penser à l'Alençon de mon enfance. Le temps y semble figé depuis les années 60. 

L'hôtel est immense, situé au bord du périphérique et... totalement silencieux grâce au quadruple vitrage. Nous passons un moment dans la chambre avant d'aller à l'Adidas Arena dès 17h30, pensant qu’avec un concert à 19h, il n'y aurait pas trop la queue. Ben si ! Les fans qui préfèrent la fosse sont là depuis longtemps, et ça déborde dehors. Les pauvres vont se taper environ cinq heures de station debout. C'est plus de notre âge, nous sommes au balcon et le son sera bon ! En attendant, il faut pénétrer dans l'enceinte et affronter les cerbères qui filtrent les entrées en faisant jeter toute nourriture et boisson aux entrants. Je compris pourquoi quand j'achetai un casse croûte et de l'eau gazeuse à prix d'or quelques temps après.

Une fois sur place, nous scrutons les alentours, ben c'est pas que des jeunes ce soir... 

 

En fait, la fête débute à 19h40 et le désormais vieux bison (80 ans en novembre) accompagné des gamins de Chrome Hearts commence par l'acoustique  "Ambulance Blues" puis les choses sérieuses démarrent avec un "Cowgirl in the sand" bien électrique et la suite du même tonneau dont un tonitruant "Fuckin' up" et le magnifique "Love to burn" qui déroule ses grincements électriques sur presque un quart d’heure.

A ma gauche, Josette est déchaînée et sa montre Garmin affichera 8 000 pas pour les deux heures de concert. A ma droite, une femme qui filme régulièrement avec son portable et met chaque vidéo au fur et à mesure sur les rézosocios.

L'expérience est trop intense pour que je la filme et je vais vivre le live en... live. Je fais quand même un ou deux clichés pour le souvenir et même 30 secondes de vidéo à la fin. 

Quand je dis intense, je ne plaisante pas ; on a droit à du gros son durant les trois quarts du concert. A peine un peu de calme avec "The needle and the damage done", "Oldman" et le merveilleux "Harvest moon" mais c'est généralement une cascade de décibels qui va atteindre son paroxysme avec "Hey hey my my", le dernier morceau dont la conclusion mettra fin à l'existence de quatre des six cordes du Loner.

 

Il nous faudra chacun un demi-litre de bière au bar de l'hôtel pour nous calmer après cette expérience inoubliable. Un peu éméché et surtout fatigué, je finis par trouver le sommeil quelques temps après, répétant dans ma tête les dernières paroles du concert :


Hey hey, my my, Rock and Roll can never die !

 

 

 

mardi 29 juillet 2025

FLNJ : le retour

 20 juillet 2025

 Forêt d'Ecouves


Pas nombreux les Trailers d'Ecouves ce dimanche. En fait, il n'y a que moi et Patricia... Certains sont sur un entraînement looong en vue de l'Echappée Belle en août et d'autres sont en train de faire les zouaves à l'Ultra-Trail du Beaufortain. Septante ans dans six mois, c'est plus de mon âge leurs trucs ; je vais me contenter de 15 bornes, ça grimpe suffisamment dans ma forêt.

Nous longeons ce joli ruisseau sans nom que nous avons baptisé le "Rio Grande" et qui va se jeter dans la Briante au Vignage quand soudain : 


Horreur et tarte aux pommes ! Ils sont revenus les terroristes nains !!!  Ils trônent fièrement au milieu de la forêt des Lutins. C'est pire qu'une invasion, c'est le Grand Remplacement ! Et ils signent même leur forfait :


Un peu d'histoire : 

A l'origine, comme chacun le sait, les nains vivaient dans des mines qu'ils exploitaient en chantant  "Heigh-ho, heigh-ho, on rentre du boulot !". Malheureusement pour eux, les mines ont fermé les unes après les autres et beaucoup d'entre eux ont migré en ville pour devenir jardiniers. Tout se passait bien jusqu'à ce que le Front de Libération des Nains de Jardins (Canal Historique) apparaisse pour la première fois à Alençon en 1996 avant d'essaimer un peu partout en France, en Europe et même sur le continent américain. Or, le but de ces fanatiques barbus est de se libérer de leur servitude jardinière pour vivre libres en forêt et entre autres en forêt d'Ecouves située à 10 km d'Alençon. Cela ne poserait pas de problème si la forêt n'était pas la terre immémoriale des Lutins. Or les Lutins sont peu nombreux et vulnérables face à cette engeance munie de pelles et de pioches.

Pire, les Humains, à force de voir des nains partout les confondent avec le Petit Peuple. Il faut le dire et le redire : LES LUTINS N'ONT PAS DE BARBE !

****** 

Peuple d'Ecouves, réveille-toi et résiste à l'invasion venue des jardins ! Cerfs, biches, chevreuils, fouines, blaireaux et martres, buses et cigognes noires joignez-vous à nous ! Même ces malotrus de sangliers sont bienvenus. Expulsons les Nains ! GARDAREM LOU FORÊT !

lundi 2 septembre 2024

Stakhanovisme et course à pied


Stakhanov était un mineur de l'oblast de Donetsk qui extrayait quatorze fois plus de charbon que ses petits camarades. Cela lui valut les félicitations du Soviet Suprême et une mort glorieuse dans le service psychiatrique de l'hôpital de Thorez ville baptisée en l'honneur de l'homme politique français qui résista victorieusement au nazisme à partir de sa résidence de Moscou. Ces ingrats d'Ukrainiens ont débaptisé cette charmante bourgade en 2016 pour l'appeler Tchystiakove. Trouvant ce nom imprononçable, les Russes décidèrent d'envahir l'Ukraine en 2022. Mais là, on s’éloigne de mon propos...

En fait Stakhanov, c'est moi, je me suis bêtement inscrit pour la quatrième fois en vue de courir les 100 km de Millau et, conscient de la faiblesse du quasi vieillard que je suis devenu (bientôt 69, un âge où on risque le tête à queue), j'ai décidé de perfectionner le plus possible mon entraînement, histoire de ne pas finir en marchant comme en 2022. J'ai donc conçu un plan soviétique aux cadences propres à me faire suer comme un russe.

M'accompagnent cette année deux quadras novices sur la distance qui pourraient être mes enfants :

Patricia et David ont rempli les deux conditions pour tenter l'aventure sans trop de risques : finir un marathon en moins de quatre heures et terminer les 61 km du Trail d'Ecouves (2500 m de D+). Dans le fond glauque de mon esprit retors, je me suis dit que j'allais leur en faire baver histoire de leur faire expier leur insolente jeunesse.

Par expérience, je sais que pour préparer ce genre d'épreuve, le volume compte mais aussi que l'excès est dangereux. Voilà pourquoi, j'ai décidé de ne programmer qu'une sortie longue par semaine dont voici le déroulement :

1 séance de récup (moins de 8 km/h)

2 séances d'allure 100 km (pour moi entre 8 et 9 km/h)

1 séance de vitesse semi-marathon (11,5 km/h) sur piste

1 séance de fractionnés sur piste à vitesse très modérée (souvent entre 12 et 13 km/h)

1 séance en forêt pour le plaisir et le dénivelé

1 séance longue (15 à 30 km) à vitesse 100 km avec des côtes (Millau c'est 1200 m de dénivelé pour 100 km)

Vous avez bien lu, cela fait du sept sur sept, du moins pour les six premières semaines (à raison de 70 à 95 km/semaine). Justement, j'entame la sixième semaine et aujourd'hui c'est mon 36ème jour de suite.

A l'heure où le programme s'allège, le bilan est très positif : les machines deviennent de plus en plus performantes et quand on n'en peut plus en haut d'une côte, on peut encore. Mes deux élèves sont très studieux et ils ont mis toutes les chances de leur côté pour réussir le challenge. 

Mieux encore, les deux futurs impétrants ont démarré l'une avec un hallux enflammé et l'autre avec une blessure à l’adducteur. Ce plan d'entraînement à allure très modérée n'a fait qu'accélérer leur guérison (je leur ai donné des vitesses limites à ne pas dépasser). 

La seule petite conséquence négative de tout cela, c'est qu'il leur faudra quelques temps pour retrouver assez de vitesse pour reprendre la saison de cross en octobre. 

Reste la glorieuse incertitude du sport... on verra bien à l'arrivée.

(Résultat du boulot : Mes deux élèves ont terminé leur 100 km en 14 et 16 heures et moi j'ai subitement attrapé un syndrome de l'essuie-glace qui m'a stoppé au 78ème km. C'est malin !)

Pour ceux que cela intéresse, voici le plan complet :

1

29 juillet au 4 août

 

Environ 75 km

Lundi

7 km récup

Mardi

1h allure 100 km

Mercredi

20’ allure1  4x1000m allure 3 (AS 21) récup. 20’

Jeudi

20’ + 2 séries de 6x 200/100 + 20’ 2400m

Vendredi

1h allure 100 km

Samedi

Sortie Forêt entre 1 et 2h ou bien 1h allure 100 km

Dimanche

2h00 allure 100 km

2

5 au 11 août

Lundi

8 km récup

Mardi

1h allure 100 km

Mercredi

20’ allure 1  5x1000m allure 3, récup. 20’

Jeudi

20’ + 2 séries de 5x 300/100 + 20’ 3000m

Vendredi

1h allure 100 km

Samedi

Sortie Forêt entre 1 et 2h ou bien 1h allure 100 km

Dimanche

 2h30 allure 100km

3

12 au 18 août

Lundi

9 km récup

Mardi

1h allure 100 km

Mercredi

20’ allure 1 + 6x1000m allure 3, récup. 20’

Jeudi

20’ + 2 séries de 4 X 400/200, récup. 20’ 3200m

Vendredi

1h allure 100 km

Samedi

Sortie Forêt entre 1 et 2h ou bien 1h allure 100 km

Dimanche

3h00 allure 100km

4

19 au 25 août

 

Environ 95 km

Lundi

10 km récup  

Mardi

1h allure 100 km  

Mercredi

20’ allure 1 + 7x1000m allure 3, récup. 20’

Jeudi

20’ + 3 x 500/300 - 400/200 - 300/100,  récup. 20’ 3600m  

Vendredi

1h allure 100 km  

Samedi

Sortie Forêt entre 1 et 2h ou bien 1h allure 100 km  

Dimanche

3h30 allure 100km  

5

26 août au 1er septembre

 

 

Lundi

7 km récup

Mardi

1h allure 100 km

Mercredi

20’ allure 1 +  8x1000m allure 3, récup. 20’

Jeudi

20’ + 6 x (500/300), récup. 20’ 3000m

Vendredi

1h allure 100 km

Samedi

Sortie Forêt entre 1 et 2h ou bien 1h allure 100 km

Dimanche

3h00 allure 100km

6

2 au 8 septembre

Lundi

8 km récup

Mardi

1h allure 100 km

Mercredi

20’ allure 1 + 6x1000m allure 3, récup. 20’

Jeudi

20’ + 3 x (400/200.300/100.200/100), récup. 20’ 2700m

Vendredi

1h allure 100 km

Samedi

Sortie Forêt entre 1 et 2h ou bien 1h allure 100 km

Dimanche

2h30 allure 100km

7

9 au 15 septembre

Lundi

9 km récup

Mardi

1h allure 100 km

Mercredi

20’ allure 1 + 5x1000m allure 3, récup. 20’

Jeudi

20’ + 2 séries de 6 x (200 /100), récup. 20’ 2400m

Vendredi

Repos

Samedi

Sortie Forêt entre 1 et 2h ou bien 1h allure 100 km

Dimanche

2h00 allure 100km

8

16 au 22 septembre

 

Environ 50 km

Lundi

7 km récup

Mardi

Repos

Mercredi

20’ allure 1 + 4x1000m allure 3, récup. 20’

Jeudi

20’ + 3 x (300/100.200/100.100/100), récup. 20’ 1800m

Vendredi

Repos

Samedi

Sortie Forêt entre 1 et 2h ou bien 1h allure 100 km

Dimanche

1h30 allure 100km

9

23 au 29 septembre

Lundi

Voyage à Millau

Mardi

Balade

Mercredi

Balade

Jeudi

Balade

Vendredi

Dossards et repos

Samedi

Les Fameux 100 km de Millau !

Dimanche

Repos bouffe et picole