Qu'est-ce qui peut bien me motiver à attendre dans le froid à 6h40 un dimanche matin ? Ben, une bande de copains, pardi !
Ce dimanche de finale de Coupe du Monde, alors que ces fillettes de rugbymen font dans leur froc à l'idée d'affronter les All-Blacks, Cathy et Erick m'accompagnent au Pi-Marathon sur le mythique circuit des 24 heures.
Pi-Marathon, trois relayeurs pour faire chacun 14 km, la formule nous a séduits. La distance et le terrain incitent à la vitesse mais voilà, je suis en phase descendante comme tout vieillard et mes deux coéquipiers ne se sont que peu entraînés depuis notre équipée en juin au Marathon de la Liberté.
Voilà pourquoi je n'ai pas choisi un nom d'équipe du type "Les Poutreurs de l'Extrême" ou bien "Les Bouffeurs d'Asphalte". J'ai préféré me décider pour un nom d'équipe qui nous correspond mieux et qui fait référence à notre deuxième passion après le sport : La bibine !
Ce matin, il fait très frais mais très beau. Le circuit du Mans, c'est quelque chose ; il y a un tas de courses plus sympas ou encore mieux organisées mais Le Mans, c'est un peu comme Paris : un endroit magique.
L'organisation a bien fait les choses et nous sommes rapidement en possession de nos dossards. Petit bémol cependant, lorsque nous allons chercher nos superbes t-shirts techniques, on nous annonce que ce matin, il n'y a que du XL et du XXL, les autres tailles sont parties samedi. Tartauprunes ! Cette bande de chafouins nous avait demandé notre taille à l'inscription pour nous servir des blouses le jour de la course. Ils en ont vu des masses de coureurs de fond XXL ? Ils ne se sont pas trompés de sport ? Et les filles, ils y pensent aux filles ?
Bon, tant pis, comme on dit en Italie, on va faire sans. Et puis, l'organisation est par ailleurs impeccable ; on ne va pas faire les ronchons...
Allez, on habille notre chef d'équipe le Erick, délicieux camarade et rognologue émérite.
Le Lutin, Erick et Cathy
Un quart d'heure avant notre relais, nous assistons au départ du marathon et du semi-Marathon. Notre camarade et néanmoins Kikou Pepe 61 est de la fête. Nous l'encourageons au passage :
Stephane, le Pepe en rouge dans le trou après le fanion 3h00
Notre Pepe va nous faire un carton : 2h58, de quoi fêter dignement ses 40 ans. C'est beau d'être jeune !
Erick a ensuite le redoutable privilège de démarrer le relais et, Le Mans oblige, il va le faire à l'ancienne comme du temps où les pilotes devaient courir jusqu'à leur bolide. Sauf qu'ici, ce sont ses pompes qui sont de l'autre côté de la chaussée !
J'ai à peine le temps de déclencher mon APN et Cathy s'est envolée...
Vu le peu d'entraînement que nous avons, nous nous disons que le Erick va nous faire du 1h10 -1h15 et nous prenons notre temps pour nous équiper et échauffer le deuxième relayeur : Catherine, notre presque petite sœur.
Après 1h05 de course, je conseille à Cathy de pénétrer sur le circuit ; "Tu vas pouvoir continuer à t'échauffer tranquillement..."
Mais, mais... v'là t'y pas que le Erick il arrive en trombe à 1h08 !!! "Vite Cathy, vite, file ta fringue et va récupérer la puce à la cheville du toubib !!!"
J'ai à peine le temps de déclencher mon APN et Cathy s'est envolée...
Erick a du mal à parler après sa course... C'est cela l'effet équipe : on se poutre plus pour les autres que pour soi-même.
Pour le relais suivant, pas de droit à l'erreur ; après avoir retrouvé Erick et vu à la télé le superbe essai français dans l'embut des All-Blacks, je vais m'échauffer dans la zone de relais.
Cathy n'est pas en reste et elle arrive en 1h09, il ne me faut que 15 secondes environ pour fixer la puce et c'est parti !
Pendant que Cathy, qui a aussi pété son chrono, récupère dans la zone de relais, je pars comme si j'avais le diable aux trousses.
J'avais annoncé à mes camarades que, vu l'état du Lutin, je risquais de faire 1h05 mais les perfs de mes coéquipiers m’incitent maintenant à me montrer digne d'eux.
Boudiou, le circuit est loin d'être plat ! Une fois les virages Porsche passés, ça grimpe doucement mais à cette vitesse, ça tire sur le bestiau !
Le virage Indianapolis n'est pas en reste et ça grimpe encore vers le golf. Heureusement, il y a un truc qui me booste, je double comme un malade ; au total, environ 80 équipes vont se faire décoiffer par le vieux Lutin. Ça, c'est un truc qui fait plaisir !
Après le virage de Mulsanne, c'est les Hunaudières, une ligne droite qui fait presque la moitié du parcours. Je crains un peu la monotonie du terrain mais non, ça descend un peu puis ça remonte et puis, passer un à deux concurrents à la minute, ça occupe !
Cela dit, je ne me gonfle pas trop le jabot ; à aucun moment, je n'atteins le 15 à l'heure et je suis bien loin du temps où je faisais le semi-marathon en 1h29. On va se contenter d'1h02 pour ces 14 bornes.
A la fin des Hunaudières, c'est Antarès et le Tertre Rouge. Nous retrouvons les marathoniens qui, eux, en sont à 3h30 de course environ. Une première butte qui tire bien sur les jambes puis une petite descente et c'est la montée vers le célèbre pont Dunlop. Enfer ! Je souffre autant que les marathoniens qui m'entourent sauf que je n'ai pas 41 km dans les pattes...
Je frise le 11 à l'heure dans la montée, que c'est raide ! Puis... le trou d'air ! En entamant la descente, je réalise que je peux faire moins d'une heure. Je décolle presque et je me rue vers l'arrivée : 12, 14, 16 km/h... Au passage, je trouve encore la force de tirer la langue aux photographes.
C'est à 17 à l'heure que je franchis le tapis d'arrivée situé au début des stands. Un temps perso de 59'20", j'ai rempli mon contrat moral envers mes camarades mais relativisons, mon circuit faisait 400 m de moins que le leur, je suis sous les 14 de moyenne.
La vraie satisfaction est notre place : 163 ème équipe sur 493 équipes classées. Quel plaisir de courir avec d'aussi excellents camarades !
Tiens, un truc comme ça, on doit le fêter dignement, et pas avec de l'eau !
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