jeudi 30 avril 2015

Trail de la vallée de la Vère 2015

Ah, ça s'était vraiment bien passé la semaine d'avant au trail du Perche. Dans le premier quart du peloton, j'avais fini avec la première féminine. Ça, c'est un truc que j'aime bien ! Généralement, les féminines à ce niveau sont plutôt canon...


Dans ces moments-là, je me sens vraiment en forme et plus jeune que je ne le suis en réalité...

Ça c'est presque moi à 40 ans

Ce trail, sis à Athis de l'Orne, n'a jamais été facile et j'en ai déjà fait l'amère expérience mais je le connais bien. Je briefe donc les camarades Ecouviens qui m'accompagnent : "Houlà les jeunes, attention, Athis c'est du méchant qui s'laisse pas bouffer la laine sur le dos ! Soyez prudents !" Et perfide, j'ajoute : Mon temps de référence, c'est 2h43 en 2006 mais les p'tits gars, vous pourrez vous estimer heureux si vous faites moins de 3h30 !"

Et paf ! Je te leur ai coupé les pattes aux gamins ! Spécialement aux Jumelles, Stéphanie et Sandrine qui m'ont approché dangereusement lors du précédent trail et surtout Mickaël qu'a jamais bouffé de long et que j'entraîne aux fractionnés chaque jeudi.

Quand t'es coach, t'as un statut à tenir. Lors de mon premier trail d'Athis il y a 16 ans, je m'étais bien pété la ruche et mon coach Allain m'avait tranquillement poutré dans le dernier quart, un sourire satisfait aux lèvres. Maintenant que c'est moi le coach, j'vais pas m'gêner malgré les 22 ans de différence que ces galopins me rendent. L'expérience, c'est ça qui compte gamin !

Photo organisation

Dès le premier kilomètre, je passe les jumelles en les enjoignant de lever le pied et d'en garder pour la suite. Elles approuvent...

Six bornes à douze de moyenne et pas de fatigue. Il faut dire qu'on court avec les concurrents du 17 km qui en mettent un coup. Bon, dix de moyenne au total avec les difficultés, ça va le faire en un peu plus de trois heures... En 2009 à 53 ans, j'avais mis 2h59 sur le même parcours. Quelques minutes de plus ne seraient pas un déshonneur ! Ah oui, le bois de Berjou... si je me souviens bien, ça grimpe un peu.

 Photo Ouest France

Ouch ! Mais non, ça grimpe beaucoup vertudieu, et il faut mettre les mains sur les rochers pour se hisser là haut ! Je ne suis plus qu'à deux km/h et j'ai la viande qui me tire comme si on m'avait marché dessus. Allez, courage Lutin, ça va redescendre.

Effectivement, ça redescend et je me moque des pingouins qui chipotent alors que je dévale. Je me permets quelques pointes de vitesse dans les premiers dévers des bois en pestant contre  les jeunes qui me bouchent le passage. J'ai retrouvé le 12/13 à l'heure et j'ai l'intention d'en découdre...

Ben, c'est mon rythme qui se retrouve bientôt décousu par une deuxième côte qui déchire ! Encore un monstre vertical puis un autre. La côte des oiseaux, qu'ils appellent ça, moi j'ai juste vu des corbeaux qui guettaient les concurrents à bout de force avec un sourire au coin du bec. Ma moyenne a perdu 2,5 km/h en quatre mille mètres ; en plus, les concurrents du 17 km nous ont quittés depuis un moment et je ne vois plus une seule fille devant moi car la plupart sont sur le trail court. C'est dramatique car le "petit cul" est pour moi un accessoire de motivation indispensable, une promesse de performance.

Là, c'est presque du dopage.

En plus, des tas de types se mettent à me doubler ; serait-ce que je ralentis, seraient-ils plus frais que moi ? 

"T'es blessé ?" me dit un de ces petits cons d'un air de commisération."Non c'est ma scoliose" que je lui réponds sèchement. "T'as un problème Lutin" que me dit un autre qui me connaît. "Non, je suis juste vieux."

On va bientôt basculer pour revenir vers Athis quand j'entends les jumelles qui m'interpellent. Les gourdes, elles ont écouté mes conseils et ont intelligemment géré la première moitié de la course. Elles me passent dans une montée et je suis incapable de les suivre en descente ! Elles vont me mettre 9 min dans la vue à l'arrivée et finir 1ère et 2ème SF !!! Mais c'est quoi ça ?


Au bout d'un moment, je me retrouve carrément seul et je finis même par me demander ce que je fiche là... je me mets à réfléchir. Pour tout dire, je suis au bord de l'explosion car quand le cerveau du haut (celui qui pense) prend le relais du cerveau du bas (celui qui mate les petits culs), c'est plus que mauvais signe. Vais-je finir dans un état proche de la flaque de vomi ou de la diarrhée impérieuse comme en 2007 ? Me laissera-t-on mourir dans un fossé ou viendra-t-on m'éponger sur le chemin quitte à employer les grands moyens ?

Ça, c'est le véhicule qui m'a rapatrié il y a huit ans.


Non, que je me dis, on a sa fierté et de plus, plus je vieillis, mieux je m'entraîne. Le coach c'est moi, oui ou merde ? Le coach...

"Salut coach ! C'est vraiment dur ! J'ai bien fait d'écouter tes conseils !" Foutrebleu !!! C'est ce sale gosse de Mickaël ! "Merci maître Yoda" qu'il me dit le foutriquet en me passant sans vergogne. Non mais, t'es pas plus grand que moi, gamin !


T'as pas encore vu mon sabre laser

Il ne reste plus que sept ou huit km ; je résiste bien un moment mais les 22 ans d'écart finissent par faire la différence. Malgré la fumée qui lui sort des oreilles et le carter qui menace de céder, le gamin va se défoncer pour me mettre trois minutes dans le rectum et je vais être obligé de le féliciter comme les jumelles. Coach, c'est vraiment un boulot de chiasson !


Il ne me reste plus qu'à finir. Je ne suis finalement pas trop détruit grâce à un entraînement de qualité délivré par moi-même que je félicite et remercie à l'occasion. J'essaie de finir sans me vautrer dans le ridicule tout en gardant figure humaine. J'arrive même à sourire aux photographes alors que mes pensées me pousseraient plutôt à me suicider en m'enfonçant mon Camelbak dans la gorge.


Non, trêve de mauvaises pensées ! Ma Josette m'attend avec les copains et je ne suis pas dernier, il y a encore 43 clampins derrière moi. 3h37 pour 31,2 km, ce n'est pas déshonorant, c'est juste normal, ce qui est pire. Je suis à ma place et c'est vraiment graaave. Bouououh, j'suis plus qu'un vieux kroumir abandonné dans le fond d'un sabot pourri oublié sur l'étagère moisie d'un hangar désaffecté. 

A l'arrivée, je me précipite sur le bar qui n'a rien d'autre à me proposer que de la Kanterbrau. VDM !





1 commentaire:

Merci de passer le test de vérification de mots pour m'indiquer que vous n'êtes pas un robot.