dimanche 8 mai 2016

Les ceuzes qui sont pas v'nus y zont eu tort



Ah la vache, se lever à 5h45 pour arriver à l'heure à la Forêt Auvray, c'est raide ! Nous, les Alençonnais, on a tout le département à traverser pour arriver dans ce coin de Suisse normande. 

Ce jeudi de l'Ascension, les gars d'Activ'Orne organisent une randonnée, une marche nordique, une rando VTT et une course cycliste, excusez du peu, et tout cela sous l'égide de la FSGT, fédération sportive et gymnique du travail. FSGT, bien sûr, ça fait Front Populaire et mouvement ouvrier, ça sent les frites et la saucisse grillée ; c'est surtout un mouvement, créé en 1934 qui définit le sport populaire comme un sport de qualité, le moins cher possible, démocratique, laïque et convivial.


Même si la marche nordique est en plein essor dans notre département, l'activité y est très  récente et peu de monde s'est déplacé ce jeudi de la Grimpette ; en dehors d'Annick (chef chef),  ma Josette (chef) accompagnées de Mireille et du Lutin (élèves), il n'y a que quatre autres participants. 


Les organisateurs ont l'air un peu cofis de voir si peu de monde, ils nous avaient pourtant demandé d’apporter d'Alençon des bâtons pour prêter à ceux qui voulaient essayer cette discipline. Tant pire, que j'dis à c'moment, les ceuzes qui sont pas v'nus y zont eu tort !

Et j'avais plus que raison comme la suite l'a prouvé : ce fut une journée de beauté, d'amitié de simplicité et de convivialité comme il s'en présente peu dans une année.


La marche nordique de 15 km a lieu sur un circuit de chemins creux typiques de cette région de l'Orne. On est bien loin des terres fertiles de la plaine d'Alençon-Argentan ; ici, la terre est plus pauvre, accidentée, émaillée de blocs granitiques, plus propice à l'élevage qu'à la culture, c'est aussi le pays du poiré et du cidre. 


Le granite rencontré ici est appelé granite d'Athis, c'est un batholite intrusif dans le Briovérien supérieur, mis en place lors de l’orogenèse cadomienne, vers 550 Ma., c'est clair, non ? (Lithothèque de Normandie)

Ce granite, parlons-en, ce n'est pas ça qui manque et des générations de paysans se sont épuisées à l'extraire des champs pour les rendre cultivables, l'utilisant pour leurs maisons, leurs enclos ou le laissant en tas dans les champs.


Si la géologie locale est  particulièrement intéressante, la flore n'est pas en reste ; outre les nombreux boutons d'or, coucous, jacinthes et stellaires, nous croisons des cardamines, orchis, lamiers blancs, rumex,ail sauvage, géranium sauvage, arums sauvages, sceaux de Vénus et nombrils de Vénus. Le foisonnement des formes et des couleurs sous le soleil de mai a quelque chose de fantastique et de libérateur. Cependant, s'il incite à l'hédonisme, ce paradis botanique finit par nuire gravement à la moyenne horaire vu que nous nous arrêtons très souvent pour identifier telle ou telle espèce, faire des photos  et nous esbaudir sur la beauté des lieux.


De temps en temps, nous reprenons un rythme plus adapté et faisons même un peu de technique de franchissement ou de progression.


Mais, dans l'ensemble, ce qui prévaut, c'est l'éblouissement vernal que nous procure cette nature normande dont la splendeur ne s'exprime pleinement qu'à cette époque de l'année.


Dans la deuxième partie de notre progression, nous abordons deux curiosités sur la commune de Ste Honorine la Guillaume.


D'abord, une haie plessée (latin plectere : tresser) d'une longueur impressionnante constituée de hêtres dont les branches ont été dirigées latéralement et palissées comme celles des arbres fruitiers. Le but était de faire une barrière impénétrable au bétail. Le terme "Plessis" est toujours très courant mais des haies aussi monumentales que celle-ci sont devenues très rares.


Autre curiosité, un chemin de croix privé en plein bois construit par un certain Bailleul en mémoire de sa femme décédée dans l'incendie de sa maison, ledit chemin de croix terminant par un calvaire assez impressionnant.

Photo de ma Josette

Une partie du retour se fait sur la route et nous y admirons les splendides pâturages aux chênes encore nus où nous retrouvons ces fameux blocs de granite dont les paysans locaux ont trouvé diverses utilisations.


Nous débouchons enfin d'un dernier chemin pour retourner au village où se prépare déjà la course cycliste. Nous avons parcouru 15 km en trois heures, pour des marcheurs nordiques, c'est plutôt lent mais on en a eu plein les mirettes.


Toute bonne chose a une faim comme qui dirait et c'est le verre de bière à la main, attablés devant des saucisses-frites que nous entamons l'après-midi. Autour de nous, ça va, ça vient, ça vit, ça bourdonne et pourtant, nous sommes dans un village de moins de deux cents habitants.


Le punch d'Annick et la bière auvraysienne m'entament un peu et je rêvasse en regardant la course cycliste pendant que les filles font le tour du vide-grenier... Et je me sens bien et je me dis que, décidément, les ceuzes qui sont pas v'nus, y zont bien eu tort !



Merci à Marc et à toute la bande d'Activ'Orne* pour leur dévouement, leur chaleur humaine et leur bonne humeur.


*Activ'Orne, c'est aussi "les Foulées auvraysiennes", une course sur route en mars, un splendide trail en octobre : "Le trail de la Roche d'Oëtre" et la participation aux divers cross FSGT de l'Orne.


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