jeudi 26 mars 2020

Coronagenda

Tout ce temps à gaspiller, il faut s'organiser en le rendant utile mais n'en faisons point trop. Déjà, j'ai mis deux jours à décaper ma modeste terrasse au lieu d'une journée. Je regarde fièrement le résultat : impeccable, et ce barbecue nettoyé à fond et prêt à l'emploi, c'est super. Bon, il ne va pas trop se salir dans le mois qui vient. Pour le moment, en terme de barbecue party, c'est partie remise.

Mon épouse a passé les derniers jours à nettoyer le jardin, il ne reste plus grand chose à tailler à part la bavette ; de plus, la déchetterie étant fermée jusqu'à nouvel ordre (ou ordre nouveau), les sacs de déchets verts s'entassent dans le garage sans espoir d'échappatoire et à Thouars, d'ailleurs ils sont aussi confinés finalement.

Zut, je fais quoi ce matin ? Les paniers à linge sont désespérément vides, un crève-cœur pour moi qui aime vraiment repasser au calme dans ma buanderie en écoutant France-Culture. Faudrait s'habiller plus pour salir plus mais comme je passe mes journées en short à vaguement vaquer, mon fer n'en a plus tellement sous la semelle. Pourtant, en ce moment, les Chemins de la Philosophie rediffusent une série passionnante sur Nietzsche, philosophe aussi limpide que son nom est pénible à écrire.

Je m'essaie bien à la réparation du volet roulant de la chambre et je ne passe pas loin de la catastrophe en m'ouvrant le mollet avec le cache du moteur qui a le mauvais goût de choir inopinément. Bon, le volet ne marche toujours pas correctement et au remontage, il  manque une vis qui s'est fait la malle par le regard du sous-sol.

Pas mal, en prenant mon temps grâce à ce bricolage inopérant et à cette plaie au mollet (soins et nettoyage du sang dans les godasses et sur la fenêtre), je suis arrivé à 11h30. Je termine la partie de Warcraft 3 que j'avais débutée hier soir. Je finis de poutrer l'armée de morts-vivants ennemie en lui coupant tout accès aux ressources. Je contrôle moi-même une autre armée de morts-vivants dont je maîtrise efficacement les codes. Ça ne paraît pas utile a priori mais ça pourrait servir ce genre de compétences si la situation s’aggrave...

 Par Ner'zhul, la belle force de frappe !

Mangeons léger. Mon épouse a plus de temps pour cuisiner et nous adaptons nos apports caloriques à notre moindre dépense énergétique.

Le thé : au moins une heure devant la télé à regarder un demi-film d'horreur. Ça s'appelle "Hostile" et ça se passe dans un monde apparemment ravagé par une sorte d'épidémie qui rend certains individus cadavériques et avides de chair humaine. Juste visible mais la fille a de très belles jambes.

Pas de bricolage cet après-midi mais chasse photographique dans les 100 m2 du jardin. Des éristales, des tas d'éristales mais aussi des osmies, une grosse mère bourdon terrestre et une coccinelle à deux points. Au bout de deux heures, jackpot ! Ma 37ème espèce d'hyménoptère : Nomada flava, une abeille coucou qui pond dans les nids d'autres abeilles solitaires. Oh la vilaine !


Le vent est tombé, le café au soleil ça n'a pas de prix. Quelques recherches entomologiques sur internet et c'est l'heure d'aller agiter les jambons. Je remplis mon abfällige Reisebescheinigung, j'y joins mon ausweis et je pars courir sur mon circuit réglementaire. Depuis quelques jours, j'effectue mon heure de sport solitaire de 19 à 20 h car le matin, je croisais des regards et parfois des gestes hostiles typiques de ces temps modernes d'inversion de valeurs où le sportif en bonne santé devient un suspect, ce qui n'est guère plus propre que d'être un suspendu.

Vitesse marathon durant 55 minutes ce jour d'hui. J'ai tendance à aller de plus en plus vite. Plus mon esprit se vide, plus mon fardeau s'allège. Trois fois je longe les terres inconstructibles le long de la Sarthe. On se croirait à la campagne à quelques centaines de mètres du centre-ville. Au dernier tour, le soleil se couche et la fugace heure bleue vient poétiser mes derniers instants de liberté. Le hamster retourne dans sa cage.






1 commentaire:

Merci de passer le test de vérification de mots pour m'indiquer que vous n'êtes pas un robot.