samedi 25 septembre 2010

Free Hugs



Un jour, alors que je déambulais dans les rues d’Alençon à l’occasion de la Fête de la Musique, j’ai aperçu un attroupement formé autour d’un groupe de garçons et de filles d’une vingtaine d’années déguisés et grimés qui brandissaient des pancartes sur lesquelles était inscrit : « Free Hugs ». 

Ces sympathiques jeunes personnes proposaient tout simplement des câlins aux gens qui allaient et venaient et ils n’hésitaient pas à étreindre certains passants.

L'assistance souriait et j’avais très peur.
Pourquoi ces gens se permettaient-ils  de prendre dans leurs bras ces pauvres hères  pleins de larmes pour les secouer au risque de les faire déborder ?
Ne savent-ils pas que les siècles de notre vie ont accumulé en nous des océans furieux qui ne demandent qu’à nous submerger ?
Ne savent-ils pas que les larmes érodent l’individu au point de ne plus laisser que la pierre de l’âme à la surface des sentiments ?

Epouvanté par l’imminence d’un tsunami de pleurs, je me suis mis à raser les murs, tellement près des parois que j’ai commencé à m’enfoncer entre le crépi et la pierre. Puis, la peur aidant, je me suis engagé plus profondément dans le mur jusqu’à ce que je finisse par me retrouver dans une pièce nue  à l'intérieur de laquelle se trouvait une femme assise sur une chaise. Elle était vêtue d’une longue robe sévère  comme on en faisait au début du vingtième siècle ; seule touche de fantaisie, un foulard rouge ceignait son cou.

Elle pleurait, à chaudes larmes, tellement chaudes qu’elles frappaient le sol en grésillant après avoir fait des trous dans le bas de sa robe.

Je ne sais pas ce qui m’a pris. Cette personne, je ne la connaissais pas et je n’avais pas envie de la connaître. Pourtant, je l’ai prise dans mes bras et elle a fondu en larmes...

Au bout de quelques minutes je ne serrais plus contre moi que des vêtements humides. Je sentis bien mon océan personnel s’agiter en mes tréfonds mais le passage dans le mur avait renforcé mes digues, je m’étais minéralisé un peu plus.

Je jetai les vêtements au sol avant de partir, cette fois, par la porte mais je gardai au creux de ma main le foulard rouge.
En chemin, il me servit à essuyer quelques larmes de sable…


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