Ce jour-là, quand je me présente à Condé, accompagné de ma Josette pour participer au relais, je suis d’humeur primesautière. A peine arrivé, je tombe sur le Mustang que je daube d’importance, histoire de le mettre bien à cran pour qu’il coure le plus vite possible.
Il faut dire que mon Canasson fait ce jour équipe avec moi et Allain sous la bannière d’A3, notre club FFA et le Mustang, il ne court bien que stressé !
Comme tout le monde, nous sommes arrivés une bonne heure avant le départ car ici, on passe plus de temps à tailler des bavettes et à serrer des louches qu’à agiter les jambons.
Touche pas à ma Josette Yannick, espèce de galopin !
Au bout d’une demi-heure, nous avons réussi à approcher des stands où nous retrouvons Franck, notre secrétaire, excellent coureur au repos depuis quelques temps après un débat houleux qui l’a opposé à une tronçonneuse. Franck tend à Mustang son dossard, il partira en premier (relais A) et moi en deuxième (relais B). Avec Allain (relais C), nous ferons chacun une boucle de 6 km sur un terrain pas si facile.
Mustang commence à gratter du sabot, il doit démarrer dans moins de 30 minutes et Allain n’est pas encore là. Je lui suggère en cas de défection (que je sais improbable) de prendre le relais C en plus de son relais A.
Cela ne l’amuse pas plus que ça : il est à point, il va nous faire un temps !
Allain arrive tranquillement avec sa Béatrice alors que Mustang finit son échauffement. Gérard, le sémillant speaker local invite les concurrents à se presser sur la ligne et, trente secondes avant l’heure prévue, les coureurs se ruent vers l’avant comme des chevaux sortant des starting-gates.
C'est pas le moment de faire des grimaces, grand fou !
J’ai vingt-quatre minutes pour me préparer, je laisse mon appareil photo à ma Josette et je me livre à un simulacre d’échauffement. Vite, le Mustang revient déjà, il ne touche plus le sol, il faudra que je sois à la hauteur !
Réalisé sans trucage !
La tension monte, je me place dans la zone de relais, j’y retrouve Ambroise, un ancien élève à qui j’ai appris à lire il y a dix ans, Claude, membre de la seule équipe V3 de mon club, Pierre coéquipier de Hervé le merlan et du Grand Raymond qui vient d’arriver de l’UTMB.
Boudiou, ça gicle ! Hervé arrive en 22’30 puis c’est Henri le V3 qui passe le relais à Claude en 23’30 puis Jean-Marie arrive en 24’ à peine pour passer le bâton à Ambroise son fils.
L’impudent cadet démarre en trombe, il sait que si je suis dans le sas, c’est que je ne vais pas tarder à débouler et il ne veut pas se faire doubler par son ancien maître de CP. Mustang arrive 15 secondes après, tout soufflant, tout râlant, presque mort mais à l’heure… Il va voir de quel bois je me chauffe, l’Ambroise, j’espère pour lui qu’il est paré.
Condé, ça descend pour commencer et c’est le piège. Je fais le premier kilomètre en 3’36 , c’est trop rapide pour moi. Et ça remonte sec, deuxième kilo en 4’10, je rampe ou quoi ? Je repars, je double Claude puis Pierre. Ambroise est toujours 50 mètres devant mais il commence à chauffer. Je vais t’avoir gamin !
Le petit bois, quelques minutes de cailloux et racines, ça convient au Lutin trailer ! Mon cadet, il se rapproche, ça va le faire ! Déjà 4 bornes, je suis dans les temps pour faire 24 minutes.
La grande montée du 5ème kilomètre, Ambroise souffre, j’arrive à côté de lui et, hypocritement, je l’encourage. Il est accablé de me voir ici, il grogne et redouble d’efforts, nous abordons le dernier kilomètre l’un derrière l’autre.
JE ME TE VAIS LUI BOUFFER LE SHORT AU GAMIN !
Ici petit insolent !
Je double mon challenger lors du tour du terrain de football, un mètre, deux mètres d’avance …
Flagellé dans son orgueil, Ambroise trouve des ressources pour me repasser, ça ne fait pas un pli ! Là, je sens que si je lance un dernier sprint, je vais arroser la ligne d’arrivée de mon dernier repas; avec tous les journalistes du coin sur place, cela va faire mauvais effet. Je me suis fait assaisonner dans la feuille locale pour moins que ça.
Ambroise finit quelques mètres devant moi et passe le relais à Barthélemy son grand frère.
Allain prend mon bâton et je m’assois quelques secondes pour récupérer. Je vais ensuite serrer la main de l’impudent ado qui me sourit ; je suis content qu’il soit content.
Le temps de boire et de me changer, Allain n’est pas loin, je m’installe au carrefour où l’on peut le mieux voir les relayeurs avant l’arrivée. J’y retrouve toute la bande des trailers de la forêt d’Ecouves. Nous faisons la Hola à toutes les connaissances qui passent. Voici, le Grand Raymond, le Mont Blanc ne lui pas coupé les pattes au gars, il finira en 22’30. Allain arrive enfin, je le retrouve sur la ligne : 25’20 environ. A deux ans de son passage en V3, il tourne toujours aussi bien le Allain.
Tiens, lui aussi ne touche pas le sol !
Direction : la Bière. Après deux demis, je me sens mieux et je me remets à faire des niches au Mustang et à raconter des âneries.
Ah, la bonne blague ! Je la faisais déjà en cm1 !
La salle des fêtes s’ouvre et nous allons assister à la remise des prix. Nous finissons 3èmes V2 et nous montons sur l’estrade à l’invitation de Gérard le bavard. La coupe ira dans le salon de coiffure d’Allain avec tous les autres souvenirs de course que ce Grand Sage accumule depuis de longues années.
Gloria in excelsis Deo !
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