mercredi 6 octobre 2010

Chez les Korrigans



L'année précédente, j'étais allé au Bord du Monde, chez mes amis Lutins des Sables. Cette année, ma femme m'a décidé de retrouver mes cousins Korrigans qui vivent en Vindilis.

Les Korrigans, on ne les voit pas souvent car ils se cachent à cause du fait qu'ils se trouvent moches. Et ils n'ont pas tort.


Cela dit, pour compenser, ils ont tout un tas de qualités; entre autres, leurs femmes ont de très gros seins et elles font d'excellentes crêpes. Je rajouterai que ce sont de très bons compagnons même si leur bière n'est pas de la qualité de celle des Lutins Belges.

Leur discrétion leur permet d'habiter au milieu des Grands qui vont et viennent sans soupçonner la présence d'un petit peuple vivant parfois à quelques mètres du seuil de leur maison.

Trouver un Korrigan, ce n'est pas si difficile pour qui sait voir, il suffit de chercher au pied d'un arc-en-ciel. C'est justement là que j'avais rendez-vous avec un mien cousin qui nous avait invités, moi et mon épouse à visiter son île.


 Pour un Lutin d'Ecouves, le dépaysement est total car ici, point de forêt de chênes; les Grands ont déboisé l'île il y a bien deux millénaires et il n'y pousse que quelques résineux que ces ballots d'humains voient grandir sans se poser de questions. Pourtant, ce sont les Korrigans qui en ont semé les graines importées du pays des gracieux Lutins des Sables.


Mon cousin nous a d'abord emmenés sur la Lande qui contient quelques sites étonnants comme cet étrange monument : 


Allons-y voir de plus près. Mais oui, c'est bien cela, un doigt de Bêta. Il s'agit d'une espèce disparue de géants qui ne brillaient pas par leur finesse et encore moins par leur mémoire.

Ils avaient pris la drôle d'habitude de prendre tout au premier degré et les Lutins en ont certainement trop profité en les bombardant avec des expressions comme "Sers m'en un doigt", "Tu ne sais plus où donner de la tête", "Tu devrais prendre ça au pied de la lettre", "Prête-moi la main", etc... 

Résultat : ces gros débiles de géants ont essaimé leurs membres dans tout le pays; et quand je parle de leurs membres... les pauvres ont fini par ne plus pouvoir se reproduire et ont fini par disparaître, laissant cependant d'intéressant sites qui sont toujours actuellement prisés par les touristes.

 Ça, c'est un doigt, enfin, j'espère...

Si belle que soit la Lande, si l'on vient à Vindilis, c'est pour la Bleue. C'est donc en direction de l'Océan que nous nous sommes dirigés, frayant notre passage parmi les herbes qui nous cachaient aux yeux des Grands.


Je dois avouer que même si je suis sujet au mal de mer, j'éprouve une  certaine fascination pour la Bleue, sa présence m'apaise. Je n'irais tout de même pas jusqu'à m'y baigner, je reste un Lutin des Forêts !

C'est beau mais c'est pas chaud ! 

Vindilis possède cinquante-huit plages et d'innombrables criques dont certaines ne sont accessibles qu'aux Korrigans qui y élèvent des pouces-pieds, ces étranges crustacés que les Grands ont longtemps pris pour des coquillages. Tiens, voilà un de ces sites d'élevage :

 Pas facile d'accès, n'est-ce pas ?

 Ah, les pouces-pieds, il faudra un jour que je vous entretienne de ces étranges animaux au pénis surdimensionné.

 Photo Wikipédia

 De crique en plage, nous avons eu le temps de nous émerveiller de l'incroyable richesse de la palette de couleurs de Vindilis.


Mon cousin Korrigan était fier de son île et un peu de la beauté de la nature rejaillissait sur son être. Je me jurais de ne plus le chambrer avec son gros nez. Après tout, il n'était pas si laid... 


 Après quelques heures de marche, nous sommes arrivés au lieu-dit du "Dragon éteint". En effet, c'est à cet endroit qu'un dragon ravageant l'île il y a des siècles, fut attiré par une ruse des Korrigans. Il y fut éteint et resta là, se recouvrant petit à petit de végétation. Seuls les Lutins et les enfants aperçoivent encore sa tête et sa patte dépassant dans la mer.


Autre site remarquable que nous avons visité : les Aiguilles qui, m'a assuré mon cousin, ne sont pas des membres de Bêtas mais bien des simples formations rocheuses... 


Le ciel se couvrait et les couleurs se faisaient plus mystérieuses, il ne nous restait plus qu'à rendre visite à la Fée Tutélaire des Korrigans. Pour ce faire, il nous fallut passer par la plage du Sphinx, seul endroit de l'île où les Grands (et certains Lutins) pratiquent le surf. 

 Un peu usé le Sphinx !

La Fée tutélaire des Korrigans, c'est aussi une Fée Lumière comme celle d'Ecouves mais elle est beaucoup plus discrète à l'instar de ses sujets et de plus, elle vit dans une grotte à laquelle on accède par un chemin aussi secret que tortueux.


 A la demande de mon cousin, la Fée a bien voulu m'apparaître. J'ai été à la fois surpris par sa petite taille et par la déférence que lui manifestait mon compagnon. 

Elle m'a longuement parlé, petite lumière intense, et m'a dit des histoires de pérennité, de responsabilité et de nature. J'ai écouté poliment. Il vaut mieux être poli avec les fées...

Voilà, il ne nous restait plus qu'à trouver un havre pour prendre le bateau en espérant que la Bleue ne me secouerait pas trop la viande car un Lutin d'Ecouves a la panse un peu trop près du gosier et la gerbe ne lui fait pas toujours penser aux fleurs.


Le soir tombant, un bateau mené par d'aimables lutins aux gros nez nous a emmenés loin de Vindilis, l'île à l'indomptable beauté.





Photos prises à Belle-Ile-en-Mer du 7 au 9 avril 2009 (sauf noté)


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