jeudi 5 avril 2012

Alençon-Médavy 2012

 EXCLUSIF !


La célèbre course internationale Alençon-Médavy vécue de l'intérieur !!!



Ne reculant devant rien, notre rédaction a réussi à persuader un concurrent de bien vouloir accepter la présence d'un lutin reporter sur son épaule. Celui-ci a ainsi pu prendre des clichés et interviewer le coureur durant les 15,4 km de l'épreuve.



Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, lutins et lutines, me voici sur l'épaule de notre sportif en pleine préparation pour le marathon de Nantes. Quel est votre objectif pour cette épreuve somme toute exigeante qu'est Alençon-Médavy ?

Tudieu ! V'là que j'entends des voix ! Mon psy m'avait dit de me méfier : "à force de faire le guignol sur votre blog, vous allez vous prendre pour Jeanne d'Arc" qu'il m'a dit !

Mais non, cher ami, c'est le Lutin d'Ecouves qui vous parle. Je suis enfin sorti à l'air libre pour pouvoir commenter une de vos courses. Vous savez, vous êtes très connu sous les arbres et dans les terriers, on vous appelle "le vieux qui court on ne sait pas après quoi". Depuis que vous arpentez la forêt d'Ecouves, vous êtes devenu un familier du Petit Peuple.

Me v'là bien ! Il existe vraiment cet abruti ! 

Un peu de respect que diable ! Si vous êtes connu jusqu'en Ouzbékistan, c'est grâce à moi ! Répondez donc à ma question initiale.

Ben, moi j'ai un plan d'entraînement et je le suis... J'ai intégré cette course à ma préparation. Je dois la faire en moins de 1h15 sans essayer de descendre sous les 1h10, histoire de ne pas finir comme une bouse de vache lâchée depuis un avion.

Cette course a-t-elle une résonance particulière dans votre carrière de sportif ? 

Un peu, mon neveu ! Alors que je n'agitais les jambons que depuis un an, je me suis aligné sur cette course qui n'était que ma deuxième compétition. A ma grande surprise, j'ai réalisé un score de 1h17 qui était inespéré pour un débutant.

Effectivement ! Il faut savoir que cette épreuve comporte trois difficultés dont la dernière est une côte de 5 km sans interruption. Et qu'avez-vous retiré de cette première participation ?

Deux bons litres de diarrhée bien jaune, camarade ! J'ai été malade toute la nuit ! Défoncé des boyaux que j'étais ! J'avais franchi la ligne jaune, la course à pied m'avait définitivement conquis.
  
Chers amis, nous voici donc sur la ligne de départ, notre ami en jaune et noir, couleurs de l'A3 Alençon (non, ce n'est pas Alcooliques Anonymes Alençonnais) s'apprête à calciner le bitume comme à l'accoutumée.

 

Et c'est partiiii ! Hou ! La descente de la rue de Bretagne se fait à vive allure, cependant nous ne dépassons pas le 15 à l'heure.


Je vais te décevoir machin, mais cette année, finies les âneries, dès le boulevard Colbert, je me stabilise à 14 - 14,5 à l'heure. Si t'es venu pour du spectaculaire, tu vas être déçu. Au départ, il y avait devant moi le petit Simon (1m97). Il a 18 ans cette année et c'est son premier Alençon-Médavy. Ce gamin, je l'ai vu grandir sur les terrains de cross. Il veut terminer en 1h05. Il y a peu, je l'aurais suivi jusqu'à ce que l'un de nous clamse. Ben, je le laisse partir même s'il est jeune et grand...


Ah ! Le boulevard Colbert avec sa côte qui se situe au premier kilomètre. Nous allons bon train et voyons les premiers tourner à droite. Notre concurrent se met sur le côté et commence à sourire et à allonger sa foulée pour la rendre plus athlétique. Il gonfle même le torse. C'est quoi cette frime ?

Ben, je travaille comme instit dans le quartier et mes gamins m'attendent  sur les trottoirs avec leur maman. Même si à mon âge, je ne fais plus monter le taux d'hygrométrie chez les dames, j'ai un statut à tenir auprès des mioches. L'instit ceinture noire et marathonien, ça en impose !

Effectivement, j'entends des enfants interpeller notre coureur. Mon oreille de lutin perçoit même la conversation de deux mamans :
"Vous savez quand il va enfin prendre sa retraite ?
- Non, mais peut-être qu'il va nous faire une attaque aujourd'hui ?
- Ce serait trop beau !"


Ah ! Nous voilà à la sortie d'Alençon. Une fois passé l'hippodrome, nous nous dirigeons vers Damigny. Ma monture file un petit 14km/h alors que nous abordons la côte des Fourneaux.



 Simone ! Claude !!! Youhou !!!

Mais qu'est-ce qu'il a ?

C'est mes cousins ! Ils habitent là !

Je suis en reportage cher monsieur, pourriez-vous vous concentrer sur votre course ? 

Ok, ben ça va quoi ! Le seul truc qui cloche, c'est que je n'ai pas de victime dans le collimateur. Habituellement, je prends un type que je connais, de préférence plus jeune que moi, je l'ajuste dans mon viseur et j'essaie de le poutrer, histoire de lui faire pleurer sa mère. C'est ça qui me motive. Aujourd'hui, ils se sont tous planqués et puis je ne vais pas me cramer à deux semaines d'un marathon non plus ! Il ne reste plus qu'à changer de motivation mais je ne vois pas des masses de petits culs dans le coin...

Ah tiens, regardez devant vous ! 


Chers amis ! Nous assistons à un phénomène bien connu chez les humains : le transfert du cerveau. En effet, dans cette espèce, les mâles possèdent deux cerveaux : un "normal" pourvu de circonvolutions situé dans la boîte crânienne et un autre, plus petit et lisse, qui se trouve dans le short. Lors de certaines situations de stress, le contrôle de l'individu passe du cerveau du haut au cerveau du bas, ce qui a tendance à rendre l'individu plus performant sportivement par le fait même que ce deuxième cerveau est moins gourmand en énergie. Bien sûr, le sujet n'est plus capable d'élaborer des stratégies complexes et frise parfois le QI d'un footballeur mais sa foulée est renforcée par un afflux de sang dans la partie basse du corps. Ah, les merveilles de la Nature !
Vous remarquerez que nombre de femelles de cette espèce portent des vêtements noués autour de la taille, non pour s'en vêtir ultérieurement mais pour couvrir leur arrière-train afin de se prémunir d'une agression subite ou même supinatoire...

Qu'est-ce qu'y dit ? Arf ourf ! Gronk !

Cher ami, revenez à la raison, nom d'un troll ! Nous arrivons dans la plaine en vue de la forêt d'Ecouves. Régulez votre allure !


 Six kilomètres en 26 minutes, voilà qui est raisonnable. Il a repris ses esprits le monsieur ?

Oh ça va,  je gère ! De toute façon, c'est plus d'mon âge de courir après les gamines. N'empêche que je suis derrière la 9ème et la 10ème féminine, c'est pas si mal !

Bon, on se regroupe car voici venir la côte des Ragottières, une jolie difficulté. Laissons notre coureur attaquer la montée tel un pâtre priapique se jetant avidement sur une chèvre sans défense et risquons un œil vers l'arrière pour observer les autres concurrents. Hou, il y en a qui piquent du nez en passant le huitième kilomètre. Ceux qui ne connaissent pas la fin ne vont pas être déçus !


Dernier plat avant la fameuse côte de Médavy. Nous passons de 12km/h en haut des Ragottières à près de 14 et c'est bien la dernière fois ! 


J'ai paumé les gamines, il faut que je poutre pour les rattraper, sinon, je vais manquer de jus ! 

Ne soyez pas vulgaire ! Voyez, le dixième kilomètre se profile au bout de la route ! 

Tartenouille ! 44'10" aux dix bornes, je n'ai jamais été aussi lent ! C'est à cause de ce gnome qui me serine. Je te vais me le...

Du calme cher ami ! Voici venir le Juge de Paix et sa montée continue de 5 km. Ce que vous avez perdu dans la plaine, vous le gagnerez en sérénité ascensionnelle.

Y dit quoi le type ? C'est vrai que je ne suis pas cassé mais c'te côte, je la connais ; ça démarre doucement puis ça te prend les pattes au bout d'une borne pour ne plus te lâcher. Si en arrivant dessus, t'es pas frais comme une collégienne le jour de sa première boum, t'es bon pour finir la langue raclant le bitume, de la fumée sortant des oreilles et les jambons raides comme la Justice !


12,5 à l'heure ! Nous ne montons que progressivement mais le plus dur reste à faire.


Tu l'as dit rabougri ! Tiens, là-bas, c'est le douzième kilo. Je te garantis que les gars, ils se taisent à partir de là. T'entends que le bruit des godasses et les souffles des martyrs. Entre le douze et le quatorze, c'est le Golgotha !

 
Notre coureur se maintient et passe quelques connaissances en ricanant. Pour lui, c'est bon signe. Cela dit, il souffre comme tout le monde quand la côte se fait encore plus raide. Pour lui, une seule technique : regarder le sol pour ne plus voir la déclivité s'accentuer encore et encore...


Terrible treizième kilomètre, mesdames et messieurs, nous ne progressons plus qu'à 10,7 km/h. Nous approchons de l'heure de course et les derniers kilomètres se feront sous les 12 à l'heure. La machine grince mais ne chauffe pas. Ma monture serre les dents tout comme l'anus, avec la prudence d'un Sioux égaré dans un champ de mines. C'est beau mesdames et messieurs, je suis pris d'admiration devant tant de volonté chez un individu ordinairement si trivial et vulgaire à la pusillanimité confinant à l'absence de sens moral.

Rhaaaaa ! Le quatorzième ! Plus que 1400 m de montée moins raide ! J'ai retrouvé ma dixième féminine et je ne la lâche plus. Dans un accès incompréhensible de gentillesse, je la félicite pour son classement.


Cinq cents mètres, chers amis, cinq cents mètres et l'incroyable se produit ! Ahanant comme une locomotive en surrégime, le jeune Simon que nous avions aperçu au départ, vient de nous passer comme une flèche. Nous avions dû le doubler sans nous en apercevoir alors qu'il devait cueillir des pâquerettes dans un fossé. Son objectif ne sera pas rempli mais il peut être fier de son chrono.
 Mon coureur ne cherche pas à poursuivre le jeune impétueux, signe que la maturité, en ramollissant certains organes, assouplit l'esprit.


1h11'29" de temps officiel pour 1h11'23" de temps réel. J'ai mené ma monture à bon port et en bon état. Vos impressions cher coureur ?

Ben, je suis dans les temps prévus même si je suis loin de mon record. Treize de moyenne, c'est pas si mal avec un type sur l'épaule qui a pris 70 photos en jacassant constamment. Maintenant, si tu veux bien m'excuser, j'ai Cathy, ma presque petite sœur à aller chercher. Je te pose sur le podium à côté du maire d'Alençon, lui aussi fait partie du Petit Peuple...

Ici la Croix Médavy en Ecouves, à vous les studios.





 

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