le Marathon du Mario
Depuis quelques temps, en sus de ma réputation de coureur aléatoire, je bénéficie paradoxalement de celle de coach cartésien. Pour la première fois, c'est un coureur très expérimenté qui a fait appel à moi : le Mario.
Le Mario, je l'aime bien. Non seulement parce qu'il est plus petit et plus âgé que moi mais aussi parce que c'est un modèle de disponibilité et de gentillesse, toujours prêt à rendre service. Il était temps que la politesse lui fût rendue.
Ancien coureur de 100km, trailer au long cours et Marathonien des Sables, Mario se relève d'une hernie discale et de deux années sans pratiquement courir. Il m'a demandé un programme d'entraînement sur deux mois pour reprendre la course avec comme objectif un marathon en 4h00.
Le démarrage fut dur car mon camarade passait d'une séance par semaine ou quinzaine à quatre séances par semaine avec fractionnés, seuil, long etc ... Au bout d'un mois, le rythme de croisière fut trouvé et je calculai un marathon entre 10,6 et 11km/h, ce qui nous permettait de passer à l'aise sous les 4h00.
L'épreuve choisie, n'était pas la plus facile car le Marathon des Ecluses, malgré son profil en descente, est un vrai piège pour le coureur non averti qui s'épuise dans les montées des premiers 6km et se termine sur les chemins de halage au revêtement absorbeur d'énergie. Je l'avais couru en 2006 en 3h32 et étais passé tout près de l'explosion. Cette fois-ci, je courais pour Mario et il était hors de question de se planter...
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La Course
Damned, c'est frais Mayenne le matin ! Mes camarades acceptent les sacs poubelle que je leur tends. En dehors du Mario, il y a Vincent avec lequel nous nous entraînons chaque mercredi et son copain Philippe qu'il a connu à la Diagonale des Fous. Mario est bien entouré, il va en quelque sorte courir avec sa garde prétorienne. Le départ est plutôt ... cool à l'image de Vincent qui ne s'affole jamais.
Comme on peut l'entendre, Mario a pris la mesure du Lutin. Et dire qu'il va me supporter pendant 42 km !
Pendant six kilomètres, nous tournons dans la ville de Mayenne qui est située sur une hauteur et je mène prudemment Mario en lui demandant de rester dans tous les cas sous les 11 à l'heure. Devant, nous voyons filer le meneur d'allure des 4h00 suivi d'une trentaine de coureurs. Le gars semble bien excité et a l'air de vouloir rejoindre son collègue des 3h45. Alors que nous nous stabilisons rapidement à 10,8 km/h de moyenne, le type emmène ses lemmings au-dessus de 11, incompréhensible ! Encore quelques kilomètres et le groupe des quatre heures amputé des deux tiers s'évanouit devant nous alors que nous récupérons les chutes de son élagage. En effet, des concurrents effrayés par ce rythme trop élevé lâchent prise et se retrouvent avec nous, voyant bien que notre rythme est plus conforme à leurs desiderata. A ce moment, nous sommes engagés sur le chemin de halage que nous ne quitterons qu'en arrivant à Laval.
Les dix kilomètres sont passés en 54'30" conformément aux prévisions ; le temps est beau et le paysage bucolique. Parmi nous se trouvent des primo marathoniens que j'avertis : "Nous sommes sur des bases de 3h52-53, si vous visez 4h00, méfiez-vous ..."
Le semi est vite atteint par le groupe qui suit strictement mes instructions de rythme et de ravitaillement : 40 secondes de marche tous les cinq kilomètres pour s'hydrater correctement. Un fois de plus, je vérifie que tous les groupes qui nous dépassent en se ravitaillant à la volée sont rattrapés puis distancés définitivement. Semi-Marathon en 1h57'00", retenez bien ce nombre.
Tout cela a un petit air de guinguette au bord de l'eau mais les choses se compliquent assez rapidement, entre autres, à cause du revêtement qui change. Au fin gravier succède la terre avec ses ornières et ses bords en dévers. L'idéal pour gaspiller ce qu'il nous reste d'énergie.
Nous cheminons cependant sans varier de vitesse alors que nous apercevons les premiers concurrents en cours de cuisson qui marchent la tête basse.
Nous cheminons cependant sans varier de vitesse alors que nous apercevons les premiers concurrents en cours de cuisson qui marchent la tête basse.
Au bout d'un certain temps, le groupe se délite. Philippe, peut-être fatigué par mes continuelles péroraisons, se met à tirer sur le frein à main puis ce sont les autres qui commencent à ressentir la fatigue. A partir de ce moment, plus un seul concurrent ne dépassera Mario qui continue imperturbablement sur son rythme de 10,8 Km/h avec des variations de 2/100e au maximum. Là, on donne dans l'horlogerie suisse.
Photo Mohamed Ham
Au trente-deuxième kilomètre, nous ne sommes plus que trois, Mario, Vincent et moi. Nous croisons de plus en plus de marathoniens marcheurs alors que Mario garde sa foulée aérienne. Nous passons enfin le 35ème Km et entamons la dernière partie du marathon ; là, je sais que plus rien ne peut nous arriver.
Incroyable mais vrai, après avoir détruit tous ses suiveurs par son rythme trop élevé, le meneur d'allure des 4h00 s'est calciné tout seul et il chemine tristement aux alentours du 37ème km.
Nous arrivons enfin sur Laval et, moi et Vincent, nous accompagnons Mario jusqu'à l'arrivée :
Nous arrivons enfin sur Laval et, moi et Vincent, nous accompagnons Mario jusqu'à l'arrivée :
3h53'55", ça fait un deuxième semi en 1h56'55", c'est à dire un negative split pour 5 secondes. Yes !!!
Mission accomplie, une bière et des tagliatelles aux gambas plus tard, nous sommes prêts à remonter sur Alençon. Mario va se reposer quelques temps ; quant à moi, j'ai un semi-marathon sur le feu pour samedi. Six jours pour récupérer, ça devrait le faire.
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