vendredi 5 juin 2020

Corona Libre !

Vertubleu, ce fut long ! Durant ces 55 jours de confinement, en dehors de mes expéditions à risque dans des grandes surfaces nids à virus où il fallait bien que le mâle chasseur que je suis prît des risques pour assurer la subsistance du couple, ma seule sortie était mon heure de sport de 19h à 20h qui me fit parcourir au total 656,5 km muni de l'autorisation ad hoc (L’État rembourse-t-il les cartouches d'imprimante ?).

J'avais par civisme (ça, c'est mon côté maître d'école) suivi les instructions gouvernementales tricotées par les beaux messieurs en leurs bureaux du Mordor, contrée (c'est bien connu) où l'on ne trouve ni forêt digne de ce nom, ni plage méritant cette appellation mais, doté d'un sens aigu de la contradiction (ça, c'est mon côté Baby Boomer), je ne suis pas sorti de chez moi le lundi 11 mai, premier jour du déconfinement.

Cela m'a quand même fait drôle de retrouver quelques jours plus tard ma forêt et ses 15 000 hectares que les Gens d'Armes quadrillaient depuis deux mois pour que nul individu ne transmette le coronavirus aux blaireaux certainement cousins de ceux du Mordor sus-cités (on est solidaire chez les mustélidés).


Ecouves était toujours là et toujours aussi vaste. Nous les lutins avions été punis deux mois et ainsi privés de notre milieu naturel et un lutin hors-sol, ça s'étiole du pétiole. Je courus deux heures sans voir personne comme à l'accoutumée. Certains chemins s'étaient refermés à la faveur du glorieux printemps en cours et je rentrai quelque peu zébré à la maison.

Cela dit, nous étions toujours sous surveillance... Le mercredi suivant, alors que je faisais mes séries de 1000 m à vitesse semi-marathon sur la piste de la Plaine des Sports en compagnie de ma copine Katia (chacun dans son couloir), j'ai été interpellé (par mon nom) par un fonctionnaire de la mairie : "Excusez-moi, mais vous courez trop près l'un de l'autre !" Palsambleu, allais-je sortir ma rapière pour transpercer l'impudent paltoquet ou bien allais-je lui répondre courtoisement histoire de préserver les bonnes relations entre mon club et la mairie ? J'ai finalement opté pour la deuxième solution. Comme quoi toutes ces heures à courir seul m'avaient fait progresser au niveau self-control.

Il restait la limite des 100 km. Habitant dans l'Orne, j'ai trouvé normal le mardi d'après de suivre le cours de ce ruisseau éponyme qui prend sa source au nord-est d'Ecouves. Direction Franceville au bord de la Manche à 97 km à vol d'oiseau de chez moi en compagnie de ma chère épouse.


Le ruisseau ornais est devenu un large fleuve, le temps est magnifique, les marais habités par une multitude d'oiseaux et la plage déserte. A son entrée, un panonceau nous invite à nous mouvoir étant donné que nous sommes censés nous trouver sur une plage "dynamique", tout arrêt risquant de contaminer crabes et palourdes...



Au bout d'une petite heure de marche, constatant qu'il n'y avait personne un kilomètre à l’ouest ni âme qui vive un kilomètre à l'est, nous prîmes le risque insensé de nous asseoir pour consommer nos sandwiches au poulet et au curry. Pas d'hélicoptère pour nous chasser ni de drone pour nous filmer... Nous étions des rebelles !


Retrouvant la civilisation à Houlgate en début d'après-midi, nous vîmes que la mairie avait bien fait les choses, fléchant promenade et plage pour que les quelques badauds ne puissent se croiser. On ne sait jamais, après ces mois de confinement, nos cerveaux mal oxygénés n'étaient peut-être plus en mesure de gérer efficacement nos déplacements.

 Photo de ma Josette


Il faisait vraiment trop beau ! Nous décidâmes de rester et il me fallut prendre le risque mortel mais calculé d'affronter les emplettes dans la supérette locale dépourvue de fléchage approprié. Munis de nos quelques provisions, nous nous dirigeâmes ensuite vers Villers sur Mer dont la plage se révéla moins que dynamique :

Photo de ma Josette

En panne de peinture mais détenant un énorme surplus de rubalise, la commune avait interdit la plage et bloqué ses nombreux accès. Au bout d'un kilomètre d'interdictions, nous arrivâmes à Auberville au pied des falaises des Vaches Noires et la prohibition cessa. Pas de marquage, de panonceau, de barrière ou d'injonction.


Estimant que le risque de recevoir un parapentiste contaminé dans la figure était négligeable, nous fîmes notre repas du soir en ce lieu de paix. Enfin vraiment chez nous dans notre belle Normandie, enfin libres !

Picolare perseveramus et merdum ad Mordorem !


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci de passer le test de vérification de mots pour m'indiquer que vous n'êtes pas un robot.