vendredi 15 mai 2020

Cent mètres carrés : Mes diptères (II)

Cette série de billets a pour but de faire un catalogue forcément incomplet des arachnides et insectes photographiés par mes soins dans mon petit jardin urbain d'Alençon de seulement 100 m². J'avais déjà commis un billet en 2017 mais je m'étais arrêté à 100 spécimens alors que chaque année m'apporte de nouvelles surprises ; de plus, ce billet ne comportait que des photos. Ce  petit hobby scientifique m'a beaucoup appris, entre autres que, pour qui sait regarder, la beauté de la nature est infinie. J'estime l'identification des espèces exacte à 95%. Que les spécialistes pardonnent mes éventuelles erreurs et qu'ils m'en fassent part que je les rectifie. Voir en fin de billet pour les liens vers l'intégralité de mon bestiaire jardinier.


Diptères (2ème partie)


Après avoir exploré  une fraction de l'immense famille des syrphes, intéressons-nous à des mouches qui ont l'air de mouches : les muscidés, les calliphoridés et les tachinidés.


  Musca domestica

La mouche domestique est l'insecte dont la répartition mondiale est la plus vaste car, si elle vit facilement dehors, elle s'est adaptée à l'habitat humain et participe même à sa décoration en dessinant sur les voilages. C'est un animal opportuniste qui peut se nourrir d'à peu près tout ce qu'il trouve avec une préférence pour les sucres, les cadavres, les déchets alimentaires et les excréments mais la mouche ne mange que liquide et donc régurgite sa salive sur la nourriture pour la dissoudre avant de l’aspirer avec sa trompe. Miam ! Sa larve s'appelle asticot dont l’œuf est pondu dans de la nourriture où elle doit se débrouiller pour grossir et se métamorphoser. Une mouche peut pondre jusqu'à 1000 œufs dans sa vie. La mouche domestique est vecteur d'un tas de maladies car elle-même supporte plus de 100 pathogènes différents. Comme elle vit avec l'homme, elle a dû subir les attaques insecticides de notre espèce et elle s'est donc adaptée à cela en devenant une des espèces les plus résistantes à la chimie tchernobylienne. Tout cela n'en fait pas apparemment un animal très sympathique mais, après tout, les maladies qu'elle colporte ce sont les nôtres et les différentes résistances qu'elle a acquises, c'est à notre contact. La mouche domestique, c'est un peu le rat des insectes et comme lui, elle a co-émigré et co-évolué avec notre espèce.

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 Phaonia subventa

Autre muscidé, Phaonia subventa vit dans les endroits végétalisés et pond ses œufs dans des feuilles ou du bois en décomposition mais aussi dans des charognes. Les yeux rapprochés du spécimen photographié indiquent qu'il s'agit d'un mâle, la femelle les ayant bien séparés. C'est un trait commun à beaucoup de mouches.

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 Hebecnema vespertina

Cette petite mouche (5 à 6 mm) fait aussi partie des muscidés, elle est très répandue en Europe et en Amérique.  On remarquera son élégance de lignes, les soies blanches sous les yeux et ses petits crochets blancs au bout des pattes.

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Graphomya maculata

La graphomie tachetée est une mouche courante de la famille des muscidés. On la trouve souvent sur les apiacées  (ombellifères). Ses larves se développent au sol avec une préférence pour les milieux humides et se nourrissent des larves d'autres diptères. Il s'agit ici d'une femelle, le mâle ayant les ailes jaunes.
 
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Lucilia sericata

Nouvelle famille : les calliphoridés, des mouches aux belles couleurs. La lucilie soyeuse, aussi appelée mouche verte est, comme la mouche domestique, une fidèle compagne de l'homme. Sa fidélité va jusqu'à pondre ses œufs dans les cadavres oubliés en pleine nature, ce qui en fait une des espèces utilisées par la médecine légale pour dater les décès. En dehors des cadavres de divers animaux, cette mouche pond dans les plaies ou les excréments. Cette espèce est d'ailleurs utilisée en "larvothérapie" pour nettoyer certaines plaies infectées en nettoyant les tissus nécrosés et en épargnant les tissus sains. La salive liquéfie les tissus nécrosés qui sont aspirés par les larves. Cette salive contient en outre des peptides antimicrobiens efficaces contre les contaminations bactériennes (source Quel est cet animal). Pas si mal pour une mouche à m... !

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Protocalliphora azurea

Ces mouches bleues ne vont pas chercher à s'intéresser à votre nourriture car elles se nourrissent essentiellement sur les fleurs d'apiacées ou de lierre bien que la femelle de celle-ci aime à se restaurer de la transpiration humaine ou des déjections fraîches d'oiseaux. La larve hématophage de cette espèce se développe dans les nids de passereaux dont elle parasite les oisillons.

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Calliphora vicina

La calliphore bleue est une mouche à viande très courante et cosmopolite qui pond ses œufs dans toutes sortes de cadavres y compris le poisson. Ses larves se nourrissent de la chair en décomposition en la liquéfiant avec leur salive. Leur action est déterminante en tant que nettoyeurs de la nature. Elles servent bien sûr aussi à la datation en médecine légale.  Les adultes se nourrissent cependant de nectar, de matières sucrées et de fruits en décomposition. Cette mouche joue un rôle important dans la pollinisation de l'arum italicum et la dispersion des spores du phallus impudicus, cette plante et ce champignon dégageant une odeur de décomposition propre à attirer la femelle de cette calliphore.

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Tachina fera


Les tachinaires (ou tachinidés) sont une famille de mouches généralement appréciée des jardiniers car leurs larves sont parasites d'autres insectes, particulièrement de chenilles qui ont souvent la mauvaise idée de se nourrir des produits du potager. La tachinaire hérissonne se nourrit de nectar mais ses larves parasitent les chenilles de papillons de nuit qu'elles pénètrent pour les dévorer de l'intérieur avant de procéder à leur métamorphose.

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Eriothrix rufomaculata


Cousine tout aussi hérissée, cette tachinaire rouge à pattes noires a des mœurs identiques à celles de sa cousine jaune, parasitant aussi des chenilles de papillons de nuit.

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Sturmia bella

Cette belle tachinaire gris-bleu a une autre stratégie  : elle pond ses œufs sur les orties dont se nourrissent les chenilles de la petite tortue (aglais urticae), un papillon de jour très courant. Trop occupées à boulotter, les chenilles ne s'aperçoivent pas qu'elles avalent des œufs qu'elles ne digèrent pas, leur système digestif n'étant adapté qu'aux orties. Les chenilles continuent leur croissance jusqu'à leur dernière mue mais pendant la formation de la chrysalide, elles se font dévorer de l'intérieur par les larves qui s'échappent enfin du cadavre pour finir leur métamorphose au sol (Source Filming VarWild).


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Phasia barbifrons

Cette toute petite tachinaire fort élégante n'a pas suffisamment été étudiée pour qu'on connaisse son espèce hôte. On sait juste qu'elle présente les caractéristiques de sa famille de mouches parasites.

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Phania funesta

Inutile d'aller chercher bien loin pour comprendre son nom... Phania funesta est une  petite tachinaire endoparasite des punaises.

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Ectophasia crassipennis


La phasie crassipenne a des petits airs de syrphe mais c'est bien une tachinaire qui parasite aussi les larves des punaises de diverses espèces comme la punaise arlequin ou la punaise des baies. Les adultes comme on le voit sur la photo sont des butineurs qui apprécient particulièrement les apiacées (ombellifères).


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Cylindromyia bicolor

Eloignez les enfants... Cylindromyia bicolor est très facile à identifier grâce à sa forme cylindrique, sa couleur, sa tache noire sur le dessus de l'abdomen, ses gros cuillerons blancs qui protègent ses balanciers et bien sûr ses belles épines de tachinaire. Elle aussi parasite une punaise, plus précisément la punaise nébuleuse présente dans mon jardin.

Mise à jour du 14/09/2021





 

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