samedi 30 octobre 2021

Le Pro se tâte (épisode 4/6)

 Entretemps 2

Quand j'ai appris que les 100 km de Millau étaient annulés COVID oblige, j'ai paradoxalement ressenti un soulagement. Mag comptait sur moi et si je devais lui annoncer mon forfait pour cause  de charcuterie urologique, j'aurais l'impression de la trahir. Ben non, c'est pas moi qui ai lâché en premier, c'est l’organisation. Ouf !

5 août 2021

Dans la salle d'attente, j'adopte le regard fuyant de celui qui n'est pas là et qui surtout n'a pas envie de rencontrer une connaissance. "Ah ben tiens, t'es là. Alors c'est pour quoi ?" Enfin vous voyez, le mec inquisiteur qui aimerait bien savoir ce que fait un type comme moi dans ce lieu pour vieillards semi-décédés. J'exagère un peu mais c'est comme ça que je le ressens.

Au moins, l'IRM c'est sans douleur. On t'injecte un truc radioactif qui va certainement te filer une leucémie et après on te balance dans une sorte de four crématoire mais qui ne chauffe pas. Pendant une demi-heure, il y a des types qui font de la musique africaine au-dessus de la boîte. C'est bruyant mais indolore. Je n'ai affaire qu'à des manipulateurs radiologiques, des pros de chez pro. Mon Libanais, il est certainement en vacances. On ne va pas parler judo aujourd'hui.

13 août 2021

Le Liban c'est loin mais quand même... Je pars lundi sur l'île de Groix et je n'ai pas les résultats de l'IRM. Je téléphone au service radiologie, la dame se renseigne et, un peu gênée me dit : "On vous fait la lecture de l'IRM aujourd'hui, vous aurez les résultats ce soir par internet. Je pars donc en vacances avec un rapport indiquant que j'ai un nodule à risque faible et un nodule à risque modéré. Ça me fait une belle jambe. Entretemps, ma docteure (ma médecine, ça le fait pas) est repartie en vacances donc on verra ça fin août.

16 au 22 août

Après une belle première journée sur l’île de Groix, y r'pleut ! 2021 année de lose (avec un seul o, bande d'ignares, loose avec deux o veut dire relâché, dénoué et moi je suis plutôt noué !).

La beauté l'emporte et alors que le temps reste gris, nous sillonnons Groix de long en large à raison de vingt bornes par jour avant d'aller passer le week-end à Lorient. Tout cela me fait du bien mais malgré tout j'ai un truc qui me gratte dans les boyaux de la tête. 

30 août

Mon médecin est revenue de vacances. Je sais ce qu'elle va dire, je vais me taper le type avec les soucoupes violentes, le fameux urologue. Gagné, ce n'est pas des soucoupes mais des gros doigts qu'ils ont ces mecs. Je sens que je vais aimer. Magali la gentille docteure ne me cache pas que je vais droit vers la biopsie mais ne gâchons pas le plaisir en brûlant les étapes... Je téléphone ensuite à Érick mon rognologue préféré qui m'indique un urologue patenté : "C'est le meilleur" me dit-il.

1er septembre

Pour le coup c'est rapide. La secrétaire m'a dit au téléphone c'est dans deux jours ou dans trois mois. Banco, let's go ! On va s'éclater !

Le gars il est compétent et roumain. Ben oui, Alençon n'est ni proche de la montagne ni au bord de la mer. Les médecins qui bossent à l'hôpital ou à la clinique ne sont pas français. Il lit mes comptes-rendus et me dit qu'il va me prendre un rendez-vous pour une biopsie de la prostate. Encore gagné, je le savais. Et comme dans un cas comme cela, j'ai neuf chances sur dix d'avoir des cellules cancéreuses, je sens que je n'ai pas fini de jouer au Loto. Ce sera pour le 9 septembre dans huit jours.

"Je cours un trail de 50 km le 19 septembre, ça ne pose pas de problème ? Il n'y voit pas d'inconvénient. Même avec une prostate poinçonnée comme un ticket de métro, on peut courir. Enfin une bonne nouvelle.

A un moment, l'urologue me regarde d'un air gourmand : "Vous voulez pas que je vous fasse un toucher rectal pour voir la texture de la prostate ?"

Je change de couleur et le gars n'insiste pas. "Bon, je vous ferai ça au moment de la biopsie, c'est pas pressé." 

3 septembre

Visite obligatoire chez l'anesthésiste. Elle aussi est roumaine. Bizarrement, ce ne sera pas elle que je verrai le jeudi suivant. En fait, c'est dix minutes d'interrogatoire sur mon état de santé. Je n'ai rien à dire, mes rapports avec la gent hospitalière ont été fugaces et incidents, essentiellement dus à des accidents de judo ou de vélo. Quant à l'anesthésie c'est ma première à 65 ans. Je suis comme une jeune vierge qui va à son premier rendez-vous. Je sens qu'à un moment ou à un autre, je vais avoir mal...


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