Deux trails, sinon rien !
Ce qu’il ne faut pas faire
Par tonton Lutin
Ce week-end, j’ai enquillé deux trails histoire de voir comment ça faisait. Eh bien, je n’ai pas été déçu ! Récit :
Bon, il y a deux semaines, pour bien me préparer, j’ai fait le Marathon de Paris par 30 degrés à l’ombre en un temps record de 5h14, il faut dire que j’accompagnais ma Josette qui faisait son premier marathon pour ses 50 berges (de la Seine). J’ai eu mal trois jours d’avoir passé autant de temps sur le bitume. Mon épouse a mieux récupéré que moi qui m’enorgueillissais d’un modeste 3h17 au Mont St Michel… Ouais, six jours après j’ai déboulé (il n’y a pas d’autre mot) avec des copains au Gué de la Chaîne pour le premier trail de la forêt de Bellême (61). Ce fut épique : 1h09 pour 15 bornes de trail, les trailers apprécieront ; j’ai bien cru que Mustang allait crever mais il a passé l’arrivée avec moi et Loulou ahanant mais vivant. Quant à moi, j’ai bien senti quelques tiraillements musculaires dus au marathon, mais, bon …
Sept jours plus tard, le 28 avril, je sors du boulot pour me précipiter à Neufchâtel en Saosnois (72) pour participer au trail d’enfer de Perseigne. Là, il fait encore très chaud et en plus, mes muscles semblent ne répondre que partiellement à mes sollicitations. Après un départ convenable, sans plus, je m’offre quelques bonnes descentes histoire d’enfumer les copains (le terrain est très sec et donc poussiéreux). Le jeune Fontaine que j’avais battu lors de la dernière édition me suit prudemment quelques kilomètres puis laisse enfin rugir ses chromosomes et part à la poursuite de Raymond et Loulou qui m’ont déjà repassé après avoir craché les quelques litres de poussière que je leur ai fait avaler. Durant les 28 km de la course, je sens qu’il ne faut pas trop tirer sur la bête mais je termine cependant assez bien, me permettant de passer deux concurrents dans les derniers kilomètres. Surprise ! La petite Sylvie termine 1mn derrière moi, ce qui la met 2ème V1, elle va à Athis demain avec toute la bande des fondus d’Alençon, dont moi, ça va être chaud !
La nuit est moyenne, j’entends mes jambes protester, mauvais signe !
Le lendemain, je me réveille avec des jambes d’après compétition. Christian et Mireille viennent me chercher et après quelques virages nauséeux, nous retrouvons toute la bande des trailers Alençonnais au gymnase d'Athis (61) pour le dixième anniversaire du Trail de la vallée de la Vère.
Après les formalités d’usage, nous nous acheminons vers le départ situé derrière une arche gonflable aux couleurs du pruneau d’Agen. Là, je n’ai pas été fin, cela a déclenché un réflexe pavlovien, j’ai puisé dans le sachet de pruneaux donné avec le T-shirt et j’ai tout englouti. Ce n’était pas marqué dessus « À consommer après la course ». Ce n’est que plus tard que j’ai compris la symbolique du T-shirt marron donné avec le dossard !
Bon, conscient de mon peu de fraîcheur, je démarre doucement l’épreuve, me disant que plutôt que de me cramer à allumer les copains qui sont meilleurs que moi, je vais me contenter d’admirer la Suisse Normande en fleurs et le cul des jolies traileuses plus nombreuses à partir de la deuxième moitié du peloton.
Première descente, j’essaie de ne pas m’envoler comme je fais d’habitude puis première montée. Je suis bien. Déjà 10 km, la côte des oiseaux, je suis lent mais bien.
Jusqu’à Cambercourt, tout baigne, je profite même de quelques descentes pour gratter sept ou huit places. En grimpant dans un bois, je rejoins Mario, coureur lent mais très expérimenté (Marathon des sables, UTMB …). Je reste avec lui un moment, je me dis que si je marche dans les pas du Mario, c’est que j’ai atteint la Sagesse, je ne suis plus le Lutin kamikaze que les copains brocardent à juste titre.
Peine perdue, le Gourou alençonnais de l’Ultra-fond n’a que faire d’un disciple qui confond sagesse et fatigue et je le vois disparaître dans le lointain alors qu’en moi commencent à se livrer des guerres intestines.
Mais oui ! Les pruneaux chauffés à blanc par mes entrailles malmenées par la course se mettent à m’envoyer d’étranges signaux sonores et peu reluisants. Honteux, je regarde si aucune coureuse ne m’a entendu (j’essaie de ne pas flatuler devant les dames hormis mon épouse), non aucune de ces merveilleuses créatures sportives en vue, ouf ! En fait, elles sont toutes loin devant, irritées par le spectacle d’un quinquagénaire en déclin rapide.
Malheureusement, cela ne suffit pas et au ravitaillement du 17ème kilomètre, j’avise discrètement un bienveillant secouriste qui m’octroie quelques feuilles roses.
Grand bien m’en fasse ! Je me soulage derrière une haie. Je ne vous décris ni l’aspect, ni le bruit, ni l’odeur. Les mouches, seules spécialistes en la matière, semblent apprécier.
Ah ! Oui ça va mieux, je me remets à galoper presque guilleret. Las ! Les pruneaux reviennent à la charge. Je fais l’erreur, au ravito du 23ème kilomètre de ne pas redemander du papier et je me vide peu de temps après, n’ayant plus que des herbes pour étancher ma dignité postérieure.
Eh bien, cela ne me ragaillardit pas, au contraire, je suis vidé dans tous les sens du terme. Mes dernières compétitions trop rapprochées se rappellent à mes muscles. Je traîne, je racle, je laboure, je ne lutine plus.
Par force, je marche de temps en temps, cela me rappelle le trail d’Ecouves lors duquel j’avais fini dans l’ambulance. Un clocher, c’est Athis je me remets à courir par fierté, la ligne d’arrivée aux couleurs du pruneau maudit est en vue ; comme pour m’excuser, le speaker, renseigné par Jacques Nevoux, le Gourou d’Athis, annonce que j’ai fait un trail de 28km hier. J’essaie de sourire et j’y arrive, même calciné, cela fait toujours plaisir de voir toutes ces bonnes têtes de sportifs et de bénévoles. Cela fait toujours plaisir de revoir les copains qui se marrent gentiment.
Je regarde mon chrono : 4h08, nom de d’là je n’y suis pas allé avec le dos de la louche ! L’année dernière, j’avais fait 2h43 !
Les copains ont assuré et la Bande ramène quatre podiums dont trois féminins. Sylvie qui m’avait presque bouffé les talons hier, termine en 3h08 ! Une heure devant moi ! Je n’ai pas honte, c’est une championne.
Voilà, seulement cinq concurrents terminent derrière moi.
Maintenant je sais ce que cela fait d’enchaîner deux épreuves de 30 bornes de suite sans une bonne préparation en bouffant n’importe quoi.
Ecoutez Tonton Lutin, ne faites pas comme moi.
Quant à moi, je ne suis pas vaccinable mais je suis calmé pour quelques jours.
À dans 9 jours à la 30ème de la Multonne ça va poutrer ! Sans parler du 61 Km d’Ecouves dans un mois. Préparez l’ambulance !
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