L'anniversaire du Grand Pascal
Notre ami, le Grand Pascal (1m87) vient d'avoir 50 ans et plutôt que de nous inviter à nous bâfrer comme des porcs, il nous a organisé un trail d'enfer sur Belle-île en mer, le Trail des Naufragés : le tour de l'île, 70 km en toboggan.
La course
Sept heures du matin sur le port du Palais, principale commune de Belle-île, neuf Trailers d'Ecouves s'alignent pour prendre le départ de cet OFF de OUFS :
Ricounet, Le Grand Pascal, Ricounette, Mimi, Le Lutin, Christian, Mustang, Allain (Riah50) et Joël
Pascal nous a préparé des dossards comme pour un vrai trail. Les ravitos seront assurés par une équipe de choc : Cathy (épouse de Pascal), ma Josette, Mireille et Béatrice.
Puis traversée du Fort Vauban, puissante construction militaire dont les hauts murs nous dissimulent la splendeur à venir. Des murs au service de l'éblouissement comme la nuit sied à l'aurore.
La lumière ! Nous plongeons vers la Beauté. La Nature nous accueille, nous enveloppe, nous illumine de l'intérieur.
Je ne m'attendais pas à un parcours facile, je n'ai pas été déçu ! La côte culmine à un maximum de 40m au-dessus de la mer mais son extrême découpage fait que l'on passe son temps à monter et à descendre des sentiers escarpés fréquemment bordés de précipices.
Du Palais à Sauzon, nous sommes sur une côte abritée propice à une nature généreuse qui ne connaît pas le gel, les arbres nous rappellent cependant qu'Eole règne en maître sur les îles de Bretagne.
Arrivée à Sauzon, le Mustang, ivre de nature, mène la course loin devant et décide de nous faire traverser la baie à pied sec, nous économisant ainsi deux bons kilomètres de détour.
Sauzon, autre petite merveille bretonne, lumière et soleil, couleurs et sourires. Nous cheminons autour du port en disant bonjour aux habitants qui nous répondent aimablement.
Direction la Pointe des Poulains où séjourna Sarah Bernhardt puis direction le sud. Je m'arrête à chaque instant pour photographier cet océan aux couleurs fascinantes.
Où sommes-nous ? On croirait des calanques méditerranéennes. La Bretagne nous surprend une fois de plus, nous, petits normands habitués à la modeste splendeur de notre forêt.
A force de flâner, nous approchons des trois heures de course, c'est le moment de faire la jonction avec les filles : Marie-Laure, une Belle-Iloise et Brigitte, une de nos écouviennes. Elles parcourront une quinzaine de kilomètres avec nous.
Peu de temps après, nous arrivons au ravitaillement, accueillis par les enfants et les épouses.
La maîtresse des lieux, Cathy nous a préparé un copieux ravitaillement. Elle resplendit, parfaitement à l'aise dans cette nature grandiose et sévère qui lui rappelle ses racines Viking.
Pendant ce temps, le Mustang retaille ses sabots pendant que je ressens le besoin de m'allonger. Je fais bien, la suite sera ardue.
Encore quelques kilomètres sur le plateau, histoire de se faire agonir d'insultes par les goélands...
...puis c'est la plongée vers la côte sauvage, longue succession de dénivelés brutaux dans de grandioses paysages.
La mer, toujours à notre droite, continue d'offrir un spectacle fascinant.
La plage de Donnant, seul endroit de l'île où le surf est possible . Nous marchons un peu, la fatigue commence à se faire sentir et je ne suis pas au bout de mes peines !
Puis vient la merveille de Belle-île : les aiguilles de Port Coton, site qui a inspiré nombre de peintres dont Claude Monet.
Ce site inspirera cette remarque à Christian : "Ce n'est pas la peine d'aller au Vietnam pour visiter la baie d'Ha-Long, on a tout sur place". Oui, on a tout, c'est presque trop !
Monter, descendre, monter, descendre sur des chemins faits pour les chèvres, mon organisme est à rude épreuve et je ne sais pas si je tiendrai le coup. J'ai un sacré coup de mou et je me place à la queue du groupe. Seuls la beauté du paysage et les fessiers dansants des deux filles qui me précèdent me font encore avancer.
C'est sur une plage proche de Bangor que nous allons pique-niquer. Le Mustang et le groupe de tête arrivent bientôt, suivis quelques temps après par un Lutin bien échauffé.
Il était temps ! Je m'écroule sur une couverture pour manger un taboulé. J'ai les jambes douloureuses. J'apprends que Mustang, Allain et Joël arrêtent ici, au 36ème kilomètre. Brigitte et Marie-Laure font de même. Quand ma Josette me demande quelles sont mes intentions, je lui dis que je vais d'abord me reposer avant de prendre une décision.
Mais avant tout, je réclame ma bière à grands cris. Bonne nouvelle, Cathy a acheté de la Ch'ti. Madame a du goût !
Une quarantaine de minutes plus tard, je repars avec Pascal. Les autres nous ont précédés de quelques minutes, nous ne sommes plus que six : Pascal, Christian, Mimi, Ricounet, Ricounette et le Lutin. Le terrain devient de plus en plus difficile et la nature de plus en plus exigeante.
Pourtant, une autre course commence pour moi, après le semi-tour de Belle-Ile en mer commence le semi-tour de Belle-île en bière. Les deux ravitaillements suivants ne se feront qu'à la Ch'ti, ce qui aura pour effet de faire disparaître la douleur dans les jambes et de me donner un surcroît d'énergie.
Mimi souffre beaucoup et nous fait une hypo, ce qui la met dans une humeur de carcajou. Nous sommes habitués à cela et personne ne s'en formalise. La coureuse sans chaussettes en a vu d'autres et ce n'est pas une île bretonne, si belle qu'elle soit qui fera abandonner celle qui a vaincu le Grand Raid de la Réunion.
D'ailleurs, personne n'est frais car nous avons tous couru le 61 km d'Ecouves deux semaines auparavant.
Christian et Ricounette nous précèdent de deux bons kilomètres, ils vont tellement vite qu'ils vont rater le ravitaillement suivant et c'est une bière plus loin que je vais les retrouver à Locmaria à court d'eau mais toujours en forme.
Encore quelques kilomètres de terrain très difficile et nous arrivons à Port Andro où je siffle ma troisième bière. Comme à l'accoutumée, je dois m'allonger un bon moment avant de repartir, ce qui impatiente parfois les autres mais me fait un bien fou. La bière me recharge en moins de dix minutes, me donnant une surprenante forme. Il y a bien le cerveau qui est un peu brumeux mais ce n'est pas grave, le terrain devient moins dangereux et nous ne tutoyons plus les précipices.
Je suis à distance le groupe de tête jusqu'à la Plage des Grands Sables où se trouve le dernier ravitaillement. Mimi et Pascal me suivent de peu.
Arrivé aux Grands Sables, je m'allonge et réclame ma quatrième bière. Ma Josette m'annonce que la réserve est vide et me propose de prendre une aspirine à la place. Là, je reconnais ma Josette et je comprends une fois de plus pourquoi je l'ai épousée il y a trente ans. Trois bières et 63 km dans les pattes, ça suffit. Pour la fin, on va faire soft ! De toute façon, je l'aurai quand même ma quatrième bière !
Le Grand Pascal arrive quand les autres repartent, il est cuit, son visage s'est creusé, il est vidé mais il va terminer. Je décide de finir avec lui plutôt que de me finir. Il me propose bien de me laisser filer mais je veux arriver avec lui, c'est son anniversaire après tout et je veux qu'il comprenne qu'un trailer n'est jamais seul.
C'est la fin, Le Palais nous apparaît au détour d'un chemin. A ce moment, Ricounette est déjà sur le port, accueillie par tous les autres. Nous mettrons encore un bon moment à arriver... Je parle moins...
Pascal est accueilli en héros et c'est justice. Tout père de quatre enfants est un héros !
Quand au Lutin, il se précipite vers le bar le plus proche pour siffler sa quatrième bière. Voilà sa récompense !
Merci à vous mes blonds barbares pour cette journée inoubliable.
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