dimanche 6 février 2011

Le Ciel nous tombe sur la tête !

A l'école, j'avais appris que mes ancêtres étaient les Gaulois. Ma ressemblance avec ces joyeux Celtes ne me semblait pas évidente, les grands blonds étant rares dans ma famille...

Finalement, ce manque de ressemblance m'arrangeait un peu car, à chaque fois qu'on étudiait l'histoire des Gaulois, ça finissait mal et finalement, ça me plaisait moyennement de me trouver du côté de Vercingétorix.
Cela dit, tout comme mes petits camarades écoliers des années 60, j'étais quand même assez fier de descendre putativement d'un peuple de guerriers indomptables d'autant qu'à cette époque (dès 1961) les albums d'Astérix le Gaulois s'étaient mis à redorer le blason gaulois mis à mal quelques années auparavant par une invasion de Germains bouffeurs de choucroute.

Mais voilà, il y avait quelque chose qui me chiffonnait, qui nous chiffonnait tous : nos merveilleux ancêtres qui partaient nus au combat et qui ne craignaient ni la mort ni la cuisine italienne ; ces moustachus bagarreurs et mal embouchés avaient peur d'une chose : que le ciel leur tombe sur la tête. Ridicule !

Apprendre un truc comme cela, c'est comme apprendre que Victor Hugo faisait des fautes d'orthographe, c'est comme apprendre que Jean-Sébastien Bach pétait en jouant de l'orgue ou que Beethoven était sourd... euh, non, ça c'est vrai.

Pourtant, la chose n'est pas une légende, on trouve cette information chez Ptolémée  (l'ancêtre de Cléopâtre), un des lieutenants d'Alexandre le Grand.

"Nous ne craignons rien sinon que le ciel ne tombe sur nos têtes", voilà ce qu'il rapporte après avoir assisté à une ambassade gauloise auprès de son maître.

Mais quelle idée avait donc poussé les Gaulois à aller ainsi se faire voir chez les Grecs !

Eh bien d'abord Gaulois est un mot d'origine grecque : Galatai veut dire envahisseurs  en grec ancien, le mot a ensuite donné Galli en latin.

Des Gaulois provenant de Gaule Cisalpine ont d'ailleurs fondé  en Asie Mineure un royaume qui a pris leur nom : Galatie. Ces Galates, devenus de vrais "Gallo-Grecs" ont fait souche et l'on trouve encore leur nom dans divers lieux de ce qui est devenu depuis la Turquie : le quartier Galata d'Istambul et la célèbre équipe de foot du Galatasaray (nom du lycée le plus connu et le plus ancien de Turquie).

Carte de la Galatie au 1er siècle av. JC (docu Wikipédia)

Mais revenons-en à Alexandre. C'est lors d'une de ses campagnes dans la région du Danube qu'il reçut une ambassade gauloise en présence de  Ptolémée. Le grand conquérant eut la surprise d'avoir en face de lui de fiers guerriers fort peu impressionnés par sa présence, devisant gaiement et festoyant à sa table en émettant force rot et buvant force coupes de vin grec.

Un peu estomaqué par le peu de crainte qu'il inspirait et habitué à plus de déférence, Alexandre demanda à ses hôtes ce qu'ils craignaient le plus, espérant peut-être qu'on lui réponde que c'était sa personne...

Les Gaulois se regardèrent l'air rigolard et, comme il fallait répondre quelque chose, il s'en tirèrent par une galéjade : "Nous ne craignons rien, grand Roi, sinon que le ciel ne tombe sur nos têtes". Et l'assemblée de s'esclaffer d'un gros rire gras.

Cette plaisanterie fut relayée par les historiens et au fur et à mesure, elle fut prise au sérieux. Comme quoi les historiens n'ont pas le boyau de la rigolade...

Quant à nos Gaulois, ils rentrèrent chez eux et quand ils racontèrent l'histoire de leur ambassade ; ce fut l'occasion d'une bonne tranche de marrade.



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