mercredi 4 mars 2020

Cent mètres carrés : Mes hyménoptères (I)

Cette série de billets a pour but de faire un catalogue forcément incomplet des arachnides et insectes photographiés par mes soins dans mon petit jardin urbain d'Alençon de seulement 100 m². J'avais déjà commis un billet en 2017 mais je m'étais arrêté à 100 spécimens alors que chaque année m'apporte de nouvelles surprises ; de plus, ce billet ne comportait que des photos. Ce  petit hobby scientifique m'a beaucoup appris, entre autres que, pour qui sait regarder, la beauté de la nature est infinie. J'estime l'identification des espèces exacte à 95%. Que les spécialistes pardonnent mes éventuelles erreurs et qu'ils m'en fassent part que je les rectifie. Voir en fin de billet pour les liens vers l'intégralité de mon bestiaire jardinier.


Hyménoptères (1ère partie)

Le terme hyménoptère signifie "ailes membraneuses", ce qui n'est pas très précis pour cet ordre d'insectes aussi fourni que les coléoptères. Bon, en gros, ce sont des insectes qui font bzzz dont certains pourraient piquer mais qui ne le font pas ou alors c'est parce que vous l'avez vraiment cherché !


 Apis mellifera

On ne présente pas l'abeille domestique. C'est un peu la vache des insectes sauf qu'elle produit du miel à la place de lait. Comme chacun sait, il y  trois types d'abeilles dans une ruche : la reine qui pond des œufs, l'ouvrière (multi-tâches : elle change de métier lors des étapes de sa vie) et le faux-bourdon, le mâle réservé à la reproduction lors des vols nuptiaux.
Connue depuis la préhistoire, l'abeille ne fut vraiment domestiquée qu'à la période de l'Egypte antique où on installa les essaims dans des ruches rudimentaires. En effet, si l'abeille n'est pas commode quand on s'approche de la ruche, elle est parfaitement pacifique quand, à la belle saison, les jeunes reines fécondées quittent la maison bien accompagnées pour fonder une ruche ailleurs. J'ai moi-même pu vérifier l'absence d'agressivité des abeilles en essaim lors de l'atterrissage d'une petite dizaine de milliers de ces insectes dans la cour de l'école où je travaillais. J'ai pu constater que l'apiculteur convoqué pour l'occasion n'avait même pas pris la précaution de mettre des gants pour capturer la reine et la mettre dans une ruchette où elle fut bientôt suivie par la plupart des autres abeilles. J'ai moi-même quasiment mis le nez dans l'essaim pour faire cette photo avec le petit appareil de l'école :


Cela dit, ne vous avisez pas d'approcher une ruche en activité, les abeilles, après avoir souvent pratiqué des vols d'intimidation, attaquent en nombre et peuvent être vraiment dangereuses. Sur les 15 à 20 décès en France par an (source INVS) dus aux piqûres d'hyménoptères, les abeilles sont à égalité avec les frelons mais nettement derrière les guêpes. Ne nous affolons pas, ces insectes n'attaquent que quand ils se sentent menacés et leur piqûre n'est dangereuse que pour les personnes peu nombreuses qui y sont allergiques (en premier les apiculteurs qui sont deux à trois fois plus susceptibles de faire une réaction allergique que les autres adultes, les enfants étant trois fois moins exposés à ce risque que les adultes en général (source INSERM).

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 Xylocopa violacea

Cette abeille solitaire de taille impressionnante est appelée abeille charpentière ou xylocope. C'est une butineuse et pollinisatrice hors pair qui va de fleur en fleur sans s'occuper de vous qui êtes bêtement effrayé par son vol bruyant. Son nom latin fait référence aux reflets violets de son corps sous une certaine lumière. C'est un animal thermophile et ses effectifs semblent se multiplier à la faveur du réchauffement climatique. Ce très pacifique insecte est un bon auxiliaire du jardinier pour peu qu'il laisse traîner un tas de bois quelque part car notre abeille est une vraie chignole entomologique qui va percer des galeries pour y loger ses œufs accompagnés d'un petit tas de pollen destiné à nourrir la future larve. Les dégâts occasionnés par cet animal resteront toujours très limités (quelques trous dans votre bois de chauffage ou dans votre charpente extérieure à la seule condition que celle-ci soit déjà en mauvais état). Là où cela devient vraiment intéressant, c'est que notre abeille perce de profondes galeries dans lesquelles elle peut déposer cinq à six œufs en enfilade séparés par des cloisons de sciure compactée ; or c'est du dernier œuf pondu que va sortir le premier insecte adulte alors que le premier œuf donnera le dernier spécimen à sortir de la galerie. Donc, le xylocope applique des procédés propres à ralentir le développement des premiers pondus et à accélérer celui des derniers pondus. Reste à savoir si cela est lié à des dosages hormonaux ou au dosage de la quantité de nourriture par cellule...
Pour aller plus loin : l'excellent site insectes-net.fr que je remercie pour ses infos.

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Bombus terrestris

Encore un ami du jardinier, le bourdon terrestre est un pollinisateur plus efficace que l'abeille et il semble plus résistant à la pollution que celle-ci mais aussi aux basses températures. Un nid de bourdons, situé au niveau du sol, contient 30 à 50 individus avec une reine, des ouvrières et des mâles (issus d’œufs non fécondés) comme les abeilles et tout comme celles-ci, le bourdon produit du miel mais en petite quantité car l'espèce n'a pas besoin de réserves pour l'hiver car toutes les ouvrières meurent à l'automne ce qui fait qu'au printemps, la reine des bourdons est seule à construire son nouveau nid. 

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 Bombus lapidarius


Facile à reconnaître ce bourdon des pierres avec ses "fesses rouges" (parfois tirant sur le jaune chez certaines ouvrières) et son corps noir. La reine, d'une taille imposante par rapport aux ouvrières, fait son nid dans les anfractuosités des murs ou des tas de pierres, d'où son nom. Une colonie peut accueillir plusieurs centaines d'individus.

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 Bombus pratorum

Le bourdon des prés est facile à reconnaître à sa houppe jaune et l'extrémité rouge orangée de son abdomen. Il est précoce et peut se voir dès le mois de mars. C’est un opportuniste qui peut nicher dans des galeries ou dans des nids abandonnés avec une préférence pour les nids au-dessus du sol.

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Bombus agrorum (pascuorum)

Le bourdon des champs est aussi une espèce très courante et précoce qui niche le plus souvent au niveau du sol. Un nid peut compter une centaine d'individus. C'est le bourdon qui butine le plus grand nombre de variétés de fleurs d'où sa grand utilité.

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Bombus lucorum (mâle)

Bien que plus petite, la femelle du bourdon des forêts est difficile à distinguer de celle du bourdon terrestre alors que son mâle présenté ici se distingue bien grâce à son aspect grisonnant.  

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Psithyrus campestris

Le psithyre des champs est un bourdon coucou qui parasite surtout le bourdon des champs. La femelle s'introduit dans le nid de son hôte où elle se cache jusqu'à ce qu'elle soit imprégnée de l'odeur de la colonie. Elle va ensuite pondre ses œufs (seulement des reines et des mâles) qui sont pris en charge par les ouvrières de l'autre espèce. 

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Osmia cornuta

L'osmie cornue est une petite abeille solitaire qui se met à butiner très tôt et vous aurez des chances de la voir avant les premières abeilles et les premiers bourdons. C'est un insecte très actif qui peut butiner par météo froide ou assez mauvaise et son rôle de pollinisateur peut être déterminant pour les espèces fruitières les plus précoces. Elle a des méthodes de nidification très proches du xylocope car elle aussi fore des galeries dans du bois où elle loge ses œufs dans des cellules en enfilade. Les derniers pondus sont donc les premiers sortis mais là, on connaît la stratégie de l'osmie : elle pond des œufs mâles en dernier car ceux-ci ont un développement plus rapide.

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Osmia bicornis

Encore une pollinisatrice efficiente ! L'osmie rousse, plus costaude d'aspect que sa cousine cornue, butine au moins vingt espèces de fleurs et est dès mars très efficace pour la pollinisation des arbres fruitiers et les arbustes à baies. Elle pond aussi ses œufs dans des galeries de bois et les cloisonne avec de l'argile préalablement préparée avec sa salive. 

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Osmia leaiana

L'osmie deux angles est très difficile à distinguer de l'osmie un angle (osmia niveata). J'ai dû faire un choix en l'absence d'un cliché précis de leur face qui présente une petite différence. Le comportement des deux espèces est identique, elles nichent dans des galeries naturelles ou artificielles comme ici. Les cellules sont bouchées avec une pâte végétale mâchée. La femelle récolte le pollen en frottant sa brosse ventrale sur les fleurs. Les larves sont nourries avec un mélange de pollen et de nectar. 

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Andrena cineraria


L'andrène grise est une jolie petite abeille solitaire qui creuse son nid dans le sol où elle aménage deux à trois cellules. C'est une butineuse efficace comme toutes les abeilles et fait partie des principaux pollinisateurs du colza (source : université de Rennes)

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 Andrena morio

L'andrène noire est, semble-t-il moins connue que sa cousine grise. Je n'ai trouvé que la liste des plantes butinées par cette abeille solitaire et elle est conséquente : asphodèle, ciste, coriandre, carotte, carotte sauvage, coquelicot, anis, moutarde blanche, germandrée, tordyle et divers ophrys (orchidées sauvages). Source : Florabeilles.

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 Andrena agilissima


L'andrène agile porte bien son nom quand on l'observe butiner frénétiquement, changeant sans cesse de place. Elle ressemble fort à l'andrène noire mais est plus robuste et possède beaucoup plus de poils blancs que sa cousine. On la trouve, entre autres, sur les brassicacées. Comme toutes les andrènes, c'est une abeille solitaire.

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 Andrena nitida

L'andrène claire est une assez grosse abeille qui fait son nid sur les sols nus ou sablonneux. Elle butine plusieurs sortes de fleurs avec une préférence pour les prunelliers, le pissenlit ou le bouton d'or.

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 Andrena flavipes


Plus modeste de taille, l'andrène à pattes jaunes niche au sol dans des galeries creusées dans des terrains sableux ou argileux. Elle peut nidifier seule ou en groupes et produit deux générations par an. Elle butine un grand nombre de fleurs à condition qu'elles soient à corolle courte.

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Nomada flava

Et pour en terminer avec ce chapitre, en voici une qui est plutôt culottée ! Nomada flava est une abeille cleptoparasite qui pond ses oeufs dans les nids d'autres abeilles solitaires, plus précisément dans les nids d'andrènes (citées plus haut). 


Mise à jour du 28 août 2023


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