mercredi 29 septembre 2010

Chroniques du Camping 4

Musique


Depuis que je fais l'animation jogging, je vois revenir les mêmes mordus de la course à pied dont certains ne ratent pas une séance. 

 Je pense, entre autres, à Jenz, un pédiatre allemand qui a débuté la course avec moi et qui court maintenant le marathon en 3h10 ; je pense à Sue, une anglaise d'Abou Dabi qui est tellement droguée au sport qu'elle est venue s'entraîner cette année avec son bras cassé ; je pense aussi à la belle Gudrun dont je n'ai plus de nouvelles depuis qu'elle est partie terminer ses études à Harvard. J'en passe et des encore plus exotiques...

Comme je n'ai pas grand chose à faire, à part courir, je passe tout le temps de l'entraînement à causer avec ces gens dont certains me sont devenus familiers.

C'est comme ça que je me suis mis à parler musique avec Jean-Claude qui, comme moi, est un ancien judoka reconverti à la course à pied. Un peu halluciné par le flot de paroles que je déversais pendant une heure sur le sujet musical, Jean-Claude m'invita à une des soirées "musique classique" du centre de vacances, sa femme étant l'animatrice principale de cette activité.

Ce soir-là, quand je suis arrivé, Jean-Claude m'a présenté comme étant l'animateur course à pied. On me regarda d'abord comme un sportif...

La soirée commença par un quizz : dix compositeurs et dix oeuvres à identifier. Là, je dois dire que je les ai poutrés, les mélomanes ! J'ai  été le seul à avoir eu tout bon. Ça avait l'air de les étonner que je connaisse Katchaturian et que je mette moins de cinq secondes pour distinguer le Requiem de Verdi de celui de Mozart. Ça fait du bien de se faire reluire l'Ego de temps en temps.

Le gros de la soirée fut consacré à des exécutions musicales jouées par des amateurs ou par des enseignants en école de musique, le tout d'assez bon niveau. J'ai bien apprécié le tour de chant d'une mezzo belge qui, si elle n'avait pas la voix du siècle, avait un physique plus qu'agréable et surtout une généreuse poitrine qui dansait si bien au rythme de sa respiration.

A un moment de la soirée, la femme de Jean-Claude a présenté un certain Jean-Marc, un quadra dégarni sapé comme un touriste de base : pantacourt et vieux t-shirt. Le gars, qui ne payait pas de mine, s'assit au piano droit mais nonobstant de bonne facture pour interpréter d'abord un prélude et fugue de Bach (en do mineur).

Damned ! C'est quoi ce type ! La salle se figea. Sans se démonter, le Jean-Marc nous gratifia de pièces de Chopin puis de Debussy. Je sus que nous avions affaire à un sportif de haut niveau.

Jean-Marc eût été claveciniste, je l'aurais identifié tout de suite mais je dois avouer une faiblesse dans la littérature de piano après Beethoven, ce qui me laissa dans le doute quant à son identité.

Le virtuose à la technique monstrueuse termina par la Mephisto-Waltz de Franz Liszt, une partition démoniaque qui laissa le piano à genou et les spectateurs haletants. Nous avions assisté à la démonstration d'un grand soliste.

Le gars, plutôt modeste et assez timide, finit la soirée en accompagnant à vue (en lisant les partitions en direct) les autres musiciens de la soirée.

Ce n'est que plus tard que j'identifiai l'individu qui est effectivement une pointure internationale venue incognito passer quelques jours de vacances dans un bungalow. Jean-Claude, qui le connaissait, me demanda de respecter l'anonymat de Jean-Marc ; ce qui est bien naturel.



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